D’urgence… un plan!

Des plans d’urgence dans tous les sens. Pas un jour ne passe sans que le gouvernement libanais annonce des plans sectoriels en cas de guerre. Éducation, communications, santé, accueil des réfugiés.…on a l’impression d’être dans un vrai pays dont les dirigeants se soucient du peuple. Dans la pratique, il s’agit de beaucoup de communication et de très peu d’actions concrètes. Et pour cause, le gouvernement ne contrôle pas le pays pour lequel il peaufine ces splendides plans. Pour le Premier ministre (sortant Najib) Mikati, l’heure est «au silence, à la patience et à la prière», c’est dire l’impuissance du «pouvoir» libanais.
Un État en lambeaux qui ne peut même pas décider de la guerre ou de la paix. Le pouvoir est ailleurs. À Téhéran, à Gaza… Certaines voix, encore timides, s’élèvent pour demander que tout commence par l’ouverture d’autres aéroports afin de permettre plusieurs accès au pays. Mais non! Hors de question. Le véto mis par le Hezb est sans appel. Une seule porte pour la maison Liban. Le rassemblement de Saydet el-Jabal a suggéré que l’AIB et la route qui y mène soient mis sous protection internationale. Coup d’épée dans l’eau. Dans le meilleur des cas, ceux qui portent ces idées sont accusés de trahison et de vouloir la partition du pays!
Pourtant, la Corse, par exemple, une région de France pratiquement de la taille du Liban, possède quatre aéroports. Tous rentables. La Crète en a deux. La Sardaigne, trois. Mais, au Liban, pas question de faire rater aux arrivants et aux partants les slogans et photos des «martyrs» libanais ou iraniens. Un concentré de la géopolitique du Moyen-Orient sur quelques kilomètres. Quoi! La culture politique vous dérange? Traîtres, séditieux. Bref! Le pays est condamné à vivre au tempo imposé par les vrais maîtres du pays. Donc, l’aéroport, en termes d’urgence, on ne doit pas compter dessus.
La santé. On a vu l’efficacité de l’État lors de l’explosion dans le port de Beyrouth en 2020.  Zéro. Ce sont les médecins, infirmières, sauveteurs, volontaires…du secteur privé qui se sont jetés corps et âme dans l’assistance aux milliers de blessés.

La sécurité, qui est tout de même le rôle principal d’un État, est un sujet «sensible». Maintenant, le pays est dans «l’axe de résistance». C’est lui qui décide de la vie des Libanais. C’est la gestion de l’insécurité qui, a minima, devrait mobiliser les responsables. Heureusement, il y a l’armée libanaise qui tente de colmater les brèches de la catastrophe infligée au pays depuis le 8 octobre. Mais elle marche sur des œufs…minés, par l’étranger et ses représentants locaux.
Pour sauver la face, les diplomates étrangers, américains, français, britanniques… font des tournées et viennent boire le café chez les dirigeants du pays. C’est poli, un diplomate. C’est pour ça qu’on parle de la diplomatie comme d’une qualité. Ils viennent, écoutent, redisent les mêmes choses, reçoivent les mêmes réponses et puis, ils s’en vont. Leur patience est à louer. Dans leur tournée, ils évitent le palais présidentiel, parce qu’il est… vide. Côté libanais, on n’est pas pressé de le voir accueillir un heureux élu. Ce n’est pas comme si le pays était en danger de mort. Pas d’urgence planifiée de ce côté non plus.
Ainsi donc va le pays du Cèdre. Martyrisé, appauvri, écrasé sous le poids de sa situation géographique, de l’incurie des politiques et des guerres sans fin.
Le peuple, dans tout ça? Son avenir? Les restaurants sont pleins, voyons! Tout va bien. Même madame la marquise dirait ça!
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