Face à la recrudescence des épidémies de mpox, l’Organisation mondiale de la santé a déclaré, pour la seconde fois en deux ans, une «urgence de santé publique de portée internationale». Cette maladie virale est toutefois loin d’être le «nouveau Covid-19».
En 2022, tandis que le SARS-CoV-2 multipliait ses mutations et évoluait vers des variants de moins en moins virulents, les infections par le virus de la variole du singe (mpox) se sont progressivement intensifiées. Comme son nom scientifique le suggère, l’orthopoxvirose simienne désigne une maladie infectieuse causée par un orthopoxvirus, un agent pathogène apparenté à celui de la variole humaine, éradiquée en 1977. Grâce à la vaccination. Un détail qui mérite d’être accentué dans un contexte de scepticisme croissant, de méfiance, voire de défiance envers la science. Le virus de mpox a été initialement isolé à partir de lésions trouvées sur des primates importés à Copenhague en 1958, d'où la désignation de «variole du singe». À la suite d'une première flambée épidémique en 2022, cette maladie virale a récemment connu une recrudescence, contraignant l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à déclarer, le 14 août 2024, une «urgence de santé publique de portée internationale» (USPPI) pour la seconde fois en deux ans. Alors de quoi s’agit-il?
Coordination internationale
Selon le règlement sanitaire international adopté par l'Assemblée de la santé de l'OMS, et révisé en 2005 à la suite de l'épidémie de SRAS en 2002-2003, une USPPI est définie comme suit: «Un événement extraordinaire dont il est déterminé qu’il constitue un risque pour la santé publique dans d’autres États en raison du risque de propagation internationale de maladies et qu’il peut requérir une action internationale coordonnée.» Depuis cette révision, huit USPPI ont été déclarées par l'OMS, à la suite de la pandémie de grippe A (H1N1) en 2009, la propagation de cas sauvages de poliovirus en mai 2014, l’épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest en août 2014, l’épidémie de maladie à virus Zika en Amérique en 2016, l’épidémie de maladie à virus Ebola au Kivu en 2019, la pandémie de Covid-19 en 2020, et enfin l’épidémie de variole simienne en 2022 puis en 2024.
Nouveau Covid
«La mpox n’est pas le ‘nouveau Covid-19’», rassure le Dr Hans Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe, lors d’un point de presse donné le 20 août 2024 au Palais des Nations à Genève. Il précise, toutefois, que «nous devons lutter ensemble contre cette maladie, par-delà les régions et les continents», en soulignant que «la façon dont nous réagissons aujourd’hui et dans les années à venir constituera un test décisif pour l’Europe et pour le monde». Cette nouvelle épidémie prouve, une fois de plus, que l'inaction face aux maladies infectieuses dans les pays défavorisés peut brusquement se traduire par une menace mondiale imprévisible. Souvent laissés pour compte par les organismes de financement internationaux, les pays africains sont, depuis longtemps, abandonnés à leur triste sort: les maladies tropicales négligées (MTN), les épidémies par les virus du Nil occidental, Zika, Chikungunya et actuellement de la mpox en sont des exemples probants.
Chronologie d’une urgence
Afin de mieux appréhender cette récente USPPI, il serait nécessaire de retracer l’historique de l’émergence des deux dernières épidémies liées à la mpox. Le premier cas européen est signalé, en avril 2022 au Royaume-Uni, chez un patient ayant voyagé au Nigeria. Un mois plus tard, le 21 mai 2022, l'OMS annonce que 92 cas confirmés de la maladie ont été détectés dans 12 pays en dehors des zones endémiques d'Afrique centrale et occidentale. Des centaines de cas seront signalés dans les semaines suivantes, des milliers dans les mois d’après, dans divers pays n’ayant aucun lien direct avec une zone endémique. Le 23 juillet 2022, le directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, déclare l'épidémie de mpox comme une USPPI. Selon des statistiques publiées par les Centres de contrôle et de prévention des maladies (Centers for Disease Control and Prevention - CDC en anglais) aux États-Unis, 99.518 cas de mpox ont été rapportés, jusqu’au 6 août 2024, dans 115 pays à travers le monde, dont uniquement 4.322 cas dans des pays endémiques.
D’après le CDC Afrique, 17.541 cas de mpox et 517 décès dus à la maladie ont été recensés depuis le début de l’année dans 13 pays africains. Ces chiffres marquent une hausse de 160% du nombre de cas et de 19% du nombre de décès par rapport à la même période en 2023. En Europe, 685 cas ont été signalés dans 20 pays de l’Union européenne, selon des statistiques publiées par le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies. Le ministère libanais de la Santé publique a annoncé, le 16 août dernier, qu’aucun nouveau cas de mpox n’a été signalé au Liban depuis le mois de mars. «Il est clair qu’une action internationale coordonnée est nécessaire pour enrayer ces épidémies et sauver des vies», a noté le chef de l’OMS dans un communiqué de presse publié le 14 août.
Transmission et prévention
Dans les pays endémiques, la transmission de la variole simienne se produit principalement par contact direct avec des animaux infectés (tels que les singes, les écureuils, les rats et les loirs), souvent lors de la chasse, de la capture et de la manipulation de ces derniers. La transmission interhumaine, quant à elle, est la plus fréquente et à l’origine des épidémies de 2022 et 2024. Elle se produit par contact étroit avec une personne symptomatique. Cela inclut un contact face à face prolongé, favorisant la transmission du virus par les gouttelettes de salive ou les sécrétions respiratoires, ainsi qu'un contact peau à peau, notamment à travers des lésions cutanées ou lors de rapports sexuels, bouche-à-bouche ou bouche à peau. En outre, les objets contaminés sont aussi des vecteurs de transmission. La plupart des personnes présentent une forme bénigne de la maladie, incluant une éruption cutanée formant des cloques, avec une guérison généralement observée en trois semaines.
Un gonflement au niveau des ganglions lymphatiques peut être observé, ce qui est indicatif d'une réponse immunitaire. Il peut être accompagné de fatigue, de frissons, de douleurs dorsales, de maux de gorge et de malaises. Cependant, des formes graves de la maladie peuvent survenir, avec un taux de létalité de 10,6% pour les infections par le clade I (un type du virus présent dans le bassin du Congo en Afrique centrale) et de 3,6% pour celles par le clade II (un autre type présent en Afrique de l’Ouest). Aucun vaccin n’a été spécifiquement conçu contre la mpox pour le moment. Cependant, selon une étude publiée en 2023 dans le New England Journal of Medicine, le vaccin de la variole peut conférer une protection 66% chez les personnes entièrement vaccinées (ayant reçu deux doses) et de 35,8% chez les personnes partiellement vaccinées (ayant reçu une seule dose). Il n'existe aucun traitement officiellement autorisé pour cette maladie.
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