Été 2024: une saison en deçà des prévisions

Clap de fin pour la saison d’été: l’heure est au bilan. Alors que la rentrée approche à grands pas, les professionnels du tourisme dressent un récapitulatif de l’été 2024. Cette saison s’avère quelque peu catastrophique et bien en deçà des prévisions.
Catastrophique, nulle, très moyenne, ou pas trop mauvaise: les professionnels du tourisme dressent un premier bilan d’une saison estivale 2024 atypique, marquée par la guerre aux portes! Après l’exceptionnel été 2023, les professionnels du tourisme ont vécu une saison assez inégale, notamment à cause des soubresauts sécuritaires et psychologiques découlant de l’extension de la guerre de Gaza au Liban. D'une région à l'autre, et même d'un établissement à l'autre, les constats divergent: moyens pour les uns, catastrophiques pour les autres. Tous les acteurs du tourisme s'accordent cependant sur l’impact défavorable de l’intensification du conflit fin juillet, après un début de mois qui avait démarré sur les chapeaux de roues.
Le président du syndicat des propriétaires d'agences de voyage, Jean Abboud, qualifie la saison de «catastrophique» et évoque un recul de 72% en glissement annuel. Il rappelle qu’à partir du début du mois de juillet jusqu’au 28 juillet, entre 14.000 et 15.000 voyageurs arrivaient par jour à Beyrouth et 85 vols desservaient la capitale. Il affirme que si la saison avait continué sur cette lancée, elle aurait été aussi bonne que celle de 2023.
Dès le 28 juillet, 11 compagnies aériennes ont arrêté de desservir le Liban. Les expatriés libanais en vacances, ainsi que certains résidents, ont raccourci leurs séjours ou quitté le pays par crainte. La diminution de l'offre, couplée à une demande croissante, a entraîné une flambée des prix des billets d'avion. M. Abboud indique qu'actuellement, seulement 65 vols arrivent à Beyrouth, et même si certaines compagnies opèrent de nouveau vers la capitale libanaise, elles ont diminué le nombre de vols quotidiens. 

Le président de la fédération des syndicats touristiques et du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar, abonde dans le même sens, en parlant aussi d’une saison catastrophique pour le secteur hôtelier avec un recul de 60% du taux d’occupation par rapport à 2023. Il explique que les hôtels ferment à présent partiellement pour diminuer les frais. À titre d’exemple, sur 100 chambres, l’établissement n’en ouvre que 40. Il craint que, si la guerre continue, la saison de Noël soit également mauvaise.
Pour ce qui est des restaurants, des bars, des plages et des boîtes de nuit, M. Khaled Naha du syndicat des restaurateurs assure à Ici Beyrouth que la baisse de l’activité par rapport à 2023 est de l’ordre de 40% alors que l’été s’annonçait prometteur et aussi exceptionnel que celui de 2023. Ces prévisions avaient encouragé les investissements (pâtisseries, boîtes de nuit, restaurants) dans diverses régions du pays. Des milliers d’embauches ont aussi été faites dans le secteur qui était fin-prêt à accueillir les touristes. Les choses allaient relativement bien jusqu’à la fin du mois de juillet, mais les bombardements, les menaces israéliennes, les recommandations de départ des ambassades et l’annulation des vols ont semé un vent de panique et ont gravement affecté la saison. Il souligne que ce secteur paie le prix fort surtout avec des tarifs de l’eau et de l’électricité élevés.  Toutefois, M. Naha reste optimiste pour la saison des fêtes de fin d’année. 
Le président du syndicat des propriétaires des maisons d’hôtes, Ramzi Salman, déplore de son côté une chute de 25% en juillet et de 50% en août par rapport aux mêmes mois de l’année précédente (2023). Pour ce qui est de l’arrière-saison, il espère que la situation «se redresse un minima».
Il convient de rappeler que le secteur du tourisme au Liban a contribué à 30% du PIB en 2023, avec des revenus s’élevant à 5,4 milliards de dollars. Malheureusement, ces chiffres ne seront certainement pas atteints cette année. Les recettes générées par le flux de visiteurs étaient d’environ 3,8 milliards de dollars à l’été 2023 et 3,5 milliards à l’été 2022, contre 1,2 milliard en 2021.
L'été 2024 n’aura pas été un grand cru pour les professionnels du tourisme. Essayons toutefois de ne pas rester sur un bilan négatif définitif puisque le beau temps est toujours au rendez-vous et les espoirs de paix subsistent, ce qui pourrait entraîner une excellente arrière-saison et une bonne saison de Noël à venir!
Commentaires
  • Aucun commentaire