«Leurs enfants après eux»: film marquant à la Mostra de Venise
©Les réalisateurs Zoran et Ludovic Boukherma Crédit photo: Alberto Pizzoli / AFP

L’adaptation fidèle de Leurs enfants après eux explore les illusions perdues de la jeunesse en France des années 1990.
La Mostra de Venise a plongé samedi dans l’ambiance de la France des années 1990 avec l’adaptation cinématographique du roman à succès Leurs enfants après eux. Ce film, empreint de mélancolie, aborde les thèmes de l’adolescence et de la reproduction sociale dans une ville de Lorraine marquée par la désindustrialisation.
Christine Gautier Ludovic Boukherma Zoran Boukherma Ludivine Sagnier Louis Memmi Sayyid el Alami Angelina Woreth Paul Kircher Gilles Lellouche Nicolas Mathieu Hugo Sélignac et Alain Attal
Crédit photo: Alberto Pizzoli / AFP
Le long-métrage, fidèle au roman de Nicolas Mathieu, lauréat du prix Goncourt 2018, raconte l’histoire d’un amour impossible entre un fils d’ouvrier et la fille d’un notable. Le livre, devenu un succès de librairie, dresse le portrait poignant d’une France périphérique souvent oubliée et de ses jeunes, rêvant d’évasion, mais condamnés à reproduire les parcours de leurs parents.
Les frères Zoran et Ludovic Boukherma, réalisateurs du film, se sont reconnus dans cette histoire, eux qui ont grandi à la campagne dans une famille modeste du sud-ouest de la France. Le rôle principal, celui d’Anthony, est interprété par Paul Kircher, 22 ans, qui termine ainsi une trilogie sur l’adolescence. Après avoir fait ses débuts chez Christophe Honoré dans Le Lycéen, Kircher a confirmé son talent l’an dernier dans Le Règne animal, récompensé par cinq César.
Dans Leurs enfants après eux, Ludivine Sagnier incarne la mère d’Anthony, tandis que Gilles Lellouche interprète le père, un homme brisé par l’alcool, le chômage, et la violence. L’acteur de 52 ans, qui avait initialement envisagé d’adapter lui-même le roman, s’impose de plus en plus dans le paysage cinématographique français. Avec les mêmes producteurs, il a réalisé une autre fresque générationnelle à gros moyens, L’Amour ouf, qui sortira le 16 octobre après avoir été présenté à Cannes.
Christine Gautier

Crédit photo: Alberto Pizzoli / AFP
Ce film, long de 2h26, était à l’origine conçu comme une série, ce qui explique sa structure en chapitres, chacun correspondant à un été, à mesure que les illusions s’évanouissent. La bande-son, véritable madeleine de Proust pour ceux qui ont grandi dans les années 1990, rythme le film, passant de Nirvana (remplacé par un titre des Red Hot Chili Peppers) à Florent Pagny et Francis Cabrel, jusqu’à Bruce Springsteen.
Sur ce fond sonore se déroule la trajectoire des jeunes personnages, de Steph, l’amour inaccessible d’Anthony joué par Angelina Woreth, à Hacine, le frère ennemi issu d’une cité voisine, interprété par Sayyid el Alami. Le film, aux accents esthétiques parfois américains, n’occulte rien des fractures françaises, mais célèbre également ses moments de communion, tels que l’été 1998 et l’effervescence de la Coupe du monde.
Angelina Woreth
Crédit photo: Alberto Pizzoli / AFP
«On est dans une ville où les hauts fourneaux ont fermé, et la classe ouvrière vient d’éclater. C’est un peu les bases de la France d’aujourd’hui, avec la montée de l’extrême droite et les Français séparés entre Français de souche et Français issus de l’immigration», analyse Ludovic Boukherma.
«On ne sort pas de sa classe sociale, mais dans ces vies-là, il y a des bonheurs à saisir, notamment les premiers amours», ajoute-t-il. Zoran Boukherma, quant à lui, explique que «le film est aussi une histoire de classe, comment en grandissant, on se rend compte de la classe sociale à laquelle on appartient… Ce n’est pas notre génération, mais c’est un peu le milieu social dans lequel on a grandi». Les frères Boukherma se considèrent aujourd’hui comme des «transfuges de classe», une expression popularisée par des auteurs comme Nicolas Mathieu, qui s’est dit «ravi» du résultat.
Avec AFP
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