Cette guerre va mal se terminer. La pire boucherie en Europe, depuis la Seconde Guerre mondiale. Un conflit inutile, dépourvu de sens. Voilà deux peuples qui se ressemblent, slaves, majoritairement orthodoxes, qui se suicident dans l’indifférence totale. Deux pays qui étaient déjà en crise démographique avant le conflit. Depuis février 2022, 8 millions d’Ukrainiens (sur les 41 millions d’habitants) ont quitté leur pays. La Russie est saignée également. Des millions de jeunes russes sont partis pour échapper à la conscription «volontaire». D’après les projections des experts, dans vingt-cinq ans, la population russe reviendra à son niveau du… 19e siècle!
600.000 morts ou blessés depuis le déclenchement des hostilités. Un chiffre effarant – chacun des deux protagonistes exagérant les pertes de l’autre et minimisant les siennes.
Des combats au corps à corps comme lors des pires moments de l’enfer de Verdun. Des incendies dans des centrales nucléaires, des massacres, des villes rasées, des infrastructures détruites. Pour rien ou pas grand-chose. Côté russe, un régime autoritaire, dirigé par Vladimir Poutine. Tout le monde se souvient des images au lendemain du déclenchement de «l’opération militaire spéciale» qui ne devait durer que quelques jours. On y voyait Poutine poser une question à l’un des chefs des renseignements russes sur la pertinence de cette attaque. Tout le monde se souvient de ce militaire qui répondait par l’affirmative, livide de peur et de manière totalement artificielle.
Le «syndrome de Saddam». Un homme, seul, qui prend des décisions que personne n’ose contredire ou discuter et qui mène son peuple à la catastrophe. La démocratie a cela de bon. Personne ne peut, sans rendre de comptes, se lancer dans une folie pareille. Côté ukrainien, un excellent communicant, qui a gardé de son passé de comédien le souci du détail. Treillis ou t-shirt kaki, barbe d’homme fatigué revenant du front… Volodymyr Zelensky a gagné la bataille de l’image et l’aide d’un Occident effrayé par le nationalisme russe. Entre les deux, personne. L’ONU est aux abonnés absents. L’Europe a pris le parti de l’Ukraine. Les États-Unis déversent des dizaines de milliards de dollars pour contenir «l’ogre russe». Un ogre de papier. L’armée russe s’est avérée n’être qu’une armée de pacotille. Quand elle avance, c’est au prix d’effroyables pertes humaines. Son armement? Totalement obsolète face au matériel fourni à l’Ukraine. Ses drones sont de fabrication iranienne! C’est dire si l’équipement est efficace!
Sur le terrain, on a du mal à comprendre ce que font les uns et les autres. Les Russes contrôlent une partie de l’est ukrainien. Mais l’armée de Kiev a, pour la première fois depuis 1945, porté la guerre sur le territoire russe. À Koursk notamment, lieu symbolique de la plus importante bataille de chars de l’Histoire, contre les nazis durant l’été 1943.
L’impression que cette guerre n’en finira jamais se renforce jour après jour. Le drame, c’est que personne ne se propose de jouer un rôle de médiateur entre les deux, personne ne propose de discuter d’un cessez-le-feu, à défaut de paix. Le conflit s’étend déjà au reste du monde. La Russie et ses mercenaires du groupe Wagner ont beaucoup fait pour précipiter l’éviction de la France en Afrique. Au Mali, au Burkina Faso, en République centrafricaine, au Niger… les pays tombent comme des dominos dans l’orbite du Kremlin.
Dans le conflit en cours au Proche-Orient, Moscou tantôt souffle sur les braises, tantôt adopte une posture d’observateur. Il est fort à parier qu’au fur et à mesure de l’enlisement du conflit, d’autres régions du monde seront affectées. La Chine, qui se sent dans le viseur des Américains, offre par ses achats d’hydrocarbures le moyen à la Russie de garder la tête hors de l’eau économiquement. Il serait un peu facile, mais tentant de parler de «libanisation» de cette guerre. Une multitude de protagonistes, des minizones sous divers contrôles, des illuminés aux manettes, un flot d’armes et d’argent ininterrompu pour que, surtout, dure cette barbarie insensée.
Cela ressemble à un double suicide assisté. Jusqu’au drame ultime. Il sera peut-être nucléaire.
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