8 septembre: Nativité de Marie, merveille de Dieu
©ND Guadeloupe

 
La naissance de la Vierge Marie, que l’on commémore le 8 septembre, est, avec celle de Jésus et de Jean-Baptiste, l’une des trois seules saintes naissances célébrées par les Églises en Orient comme en Occident. C’est dire l’importance centrale de cette fête, malgré sa discrétion par rapport à celles qui rythment aussi bien l’année liturgique que civile comme les fêtes de Noël et de Pâques ou les fêtes populaires marquées, selon les coutumes locales, par des feux de joie et des feux d’artifice.
En outre, la Vierge Marie est, avec le Christ, la seule personne dont l’Église commémore ce qui est assimilé à une résurrection (15 août). Pour la différencier de celle de Jésus, cette fête, qui cumule à la fois la Résurrection et l’Ascension, est appelée Assomption. Dans l’Église grecque-orthodoxes, on l’appelle de préférence Dormition  (roukad).
Le Nouveau Testament ne dit rien du lieu ni de la date de naissance de Marie, de ses parents ou des circonstances de sa naissance. On sait seulement qu’elle est de la «maison de David». Toutefois, un écrit du IIᵉ siècle affectionné par les chrétiens de l’époque, bien que non reconnu comme inspiré par l’Église catholique, la «Nativité de Marie», dit aussi «Protévangile de Jacques», rapporte qu’il existait anciennement à Jérusalem une maison appelée «la maison d'Anne», et que c’est dans cette demeure parentale que serait née la Vierge Marie.
D’après le Protévangile de Jacques, Joachim et Anne, qui étaient des justes et descendaient d’une famille sacerdotale, étaient humiliés de n’avoir pas d’enfants. Le couple se sépare momentanément et Joachim se retire au désert pour un jeûne de 40 jours. Sa prière et celle d’Anne sont entendues et un ange leur annonce la naissance d’un enfant. Les époux se retrouvent près de la «Porte dorée» du Temple et reprennent la vie commune. La naissance de Marie leur est une source de très grande joie. Vouée au Temple par ses parents, cette dernière y grandira à partir de l’âge de trois ans, jusqu’au jour de ses fiançailles avec Joseph et l’incompréhension que leur procurera sa grossesse inexpliquée humainement.
La date de la fête de la Nativité de Marie fut fixée au 8 septembre, après la dédicace d’une église construite à Jérusalem près de l’édifice dit «maison d’Anne». Notons qu’au XIXᵉ siècle, après la proclamation du dogme de l’Immaculée conception (1854), la date du 8 décembre fut retenue pour commémorer cette fête, qui tombe neuf mois avant celle de la Nativité.
Aurore du Salut
Célébrée par les maronites, occupant seulement le rang de «mémoire» dans l’Église latine, la fête de la Nativité de Marie est particulièrement vivante dans la piété populaire des Églises orientales. Chez les grecs-orthodoxes, par exemple, elle figure en tête d’un cycle marial qui comprend aussi, notamment, sa Présentation au Temple et se clôt par la Dormition.

Indépendamment du cycle liturgique proprement dit, les Églises admirent dans la Vierge Marie l’aurore très pure qui précède le jour. C’est avec elle que commence l’histoire du Salut, dans le Nouveau Testament. Sa fête est celle d’une enfant qui a grandi et que la volonté de Dieu décrira comme «bénie entre toutes les femmes» en raison «des merveilles que fit pour elle le Seigneur». Exagération? Pas pour les saints. Pas pour Mère Térésa qui répondait laconiquement à ceux que scandalisait l’importance que les Églises accordent à la Mère de Dieu: «Sans Marie, pas de Jésus».
À quoi ressemble Marie?
À quoi ressemblait la Vierge Marie en son temps? Pour le savoir, l’Église se fie discrètement à l’un des plus grands miracles du 16ᵉ siècle: l’impression d’une image de toute sa personne, y compris de son visage, sur le tablier de travail d’un indien du Mexique, Juan Diego, aujourd’hui canonisé. L’histoire est trop longue à conter, mais elle vaut le détour et son authenticité fait unanimité: Notre-Dame de Guadalupe, à Mexico City où cette image est exposée, est le 3ᵉ sanctuaire marial le plus visité du monde.

À ce jour, la science ne parvient toujours pas à expliquer comment l’image de la Vierge s’est imprimée sur la tilma, le tablier de Juan Diego, ni comment le tissu d’origine végétale a résisté aux siècles sans pourrir, ni s’effilocher. On est là devant une énigme comparable à celle du linceul de Turin.  Sur la cape bleue constellée que la Vierge porte au-dessus de sa tunique blanche, les astronomes ont retrouvé la carte du ciel de l’époque! Un phénomène lumineux enregistré sur caméra a même montré que la Vierge Marie s’est laissée apparaître enceinte!
La Fiat et la clé bleue
Entre Libanais chrétiens et musulmans, la Sainte Vierge est un magnifique trait d’union. La consécration du Liban au Cœur immaculé de Marie, en Juin 2013, fut «une occasion de renforcer la conscience d’une spécificité libanaise au sein d’un espace moyen-oriental fracturé», a écrit le journaliste Cyprien Viet, de Vatican News. À l’intercession divine de la Vierge Marie est même attribuée la permanence du Liban, balloté par l’histoire comme bien peu de nations et mis en péril existentiel de façon répétée par le manque de miséricorde de ses sujets et le fanatisme de ses ennemis.
À y réfléchir, la résilience, la capacité de rebondir, de reconstruire dont font preuve les Libanais pourrait bien trouver sa source dans leur foi et leur piété mariale. Celle-ci a même conduit chrétiens et musulmans à s’offrir une fête civile commune. Instaurée le 25 Mars 2010, à l’occasion de la fête de l’Annonciation, elle consolide une convivialité qui est leur vocation historique.
L’unité du Liban, par-delà des frontières confessionnelles, trouve parfois des illustrations étonnantes, comme le prouve cette histoire vraie que rapporte une religieuse consacrée sous le sceau de l’anonymat: «Yahia, un ami libanais musulman, m’appelle un jour de bon matin et me dit: «Lève les yeux au ciel et rends grâce à Dieu». Je m’étonne: «Mais pourquoi tu m’appelles si tôt Yahya?». Il me répond: «J’ai fait un vœu. J’ai promis à la Sainte Vierge, si elle m’exauce, de t’offrir une voiture pour que tu puisses assister à la messe tous les jours! C’est chose faite! Et la voiture, c’était… une Fiat, comme le Fiat de Marie, et avec une clé bleue!».
Commentaires
  • Aucun commentaire