Six ans après son dernier film, Daniel Auteuil revient avec Le Fil, un drame judiciaire poignant en province. L’histoire vraie d’un combat acharné pour faire triompher la vérité.
Après plusieurs adaptations littéraires et théâtrales, Daniel Auteuil renoue avec un registre plus sombre et réaliste dans Le Fil, son cinquième long-métrage en tant que réalisateur. Présenté hors compétition au Festival de Cannes en mai dernier, le film y a reçu un accueil enthousiaste, saluant la sobriété et l’efficacité de sa mise en scène, ainsi que la justesse de son interprétation.
Le Fil s’inspire d’une histoire vraie relatée dans les chroniques judiciaires de Maître Jean-Yves Moyart, dit Maître Mô, célèbre avocat et blogueur décédé en 2021. Daniel Auteuil y incarne un ténor du barreau provincial, convaincu de l’innocence de son client (Grégory Gadebois), un père de famille accusé du meurtre de sa femme. Face à lui, une procureure implacable (Alice Belaïdi) requiert la prison à perpétuité.
Pour porter à l’écran le huis clos tendu et déchirant, le cinéaste s’est plongé dans l’univers des procès d’assises. «J’ai assisté à une audience à huis clos qui m’a profondément bouleversé», confie-t-il. «Avant ça, j’avais une idée de mise en scène mais je n’avais pas perçu toute l’humanité qui se dégage de ces lieux». Loin des drames outranciers, Daniel Auteuil a voulu capter «quelque chose d’une grande lucidité, d’une grande rigueur, d’une grande froideur», au service de la quête de vérité.
D’où le choix d’une réalisation dépouillée, qui laisse toute sa place à l’intensité des échanges et à la force des silences. Le décor d’une Camargue hivernale et désertée, qui remplace le Nord d’origine, ajoute à l’atmosphère âpre et désolée. «Je voulais filmer des lieux que je connais pour être plus crédible», justifie le metteur en scène originaire d’Avignon. Surtout, situer l’action en province permet de se concentrer sur «un procès ordinaire, pas médiatisé», le travail de l’ombre de la justice au quotidien.
Entouré de sa fille Aurore, qui tient un second rôle, et produit par sa cadette Nelly, Daniel Auteuil réussit son pari de nous faire ressentir la «tension» palpable d’un procès en feignant de ne pas la montrer. Un tour de force qui repose aussi sur la composition habitée de Grégory Gadebois en accusé rongé par le doute et la prestation glaçante d’Alice Belaïdi en procureure rigide et déterminée.
Six ans après Amoureux de ma femme, Le Fil marque un retour inspiré de Daniel Auteuil derrière la caméra. Un besoin «irrépressible» de raconter cette histoire qui l’a «transporté», avec l’espoir de «transporter les autres» à son tour. Pari gagné pour ce drame judiciaire captivant, dont la sortie est prévue mercredi 16 août dans les salles. En attendant un prochain film de Daniel Auteuil réalisateur? «Il faut que je laisse mûrir», tempère-t-il, le temps de trouver un sujet qui le «transporte» à nouveau. Le cinéma a hâte.
Avec AFP
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