©(ORTM/AFP)
En frappant mardi des cibles militaires hautement sensibles de Bamako, le principal groupe jihadiste affilié à Al-Qaïda au Mali a infligé une gifle cinglante à la junte malienne, rappelant sa double stratégie d'expansion territoriale et de harcèlement.
En ciblant une caserne de gendarmerie et un aéroport militaire, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, JNIM dans son acronyme arabe) a montré sa force de frappe dans une capitale plutôt épargnée ces dernières années par les opérations d'envergure.
Et il a marqué les esprits, alors que les regards se concentraient sur le nord du pays, où l'armée malienne et ses alliés russes de l'Africa Corps et du groupe Wagner tentent de reprendre le contrôle de certains territoires.
«C'est un double message: On est là, on frappe où l'on veut, y compris des lieux stratégiques», explique un chercheur nord-africain qui requiert l'anonymat.
La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest a exprimé mercredi sa «ferme condamnation» des attaques jihadistes qui ont frappé la veille Bamako, capitale du Mali, qui a annoncé cette année sa sortie de l'organisation.
La Cedeao «tient à réaffirmer sa condamnation de toute attaque terroriste qui menace la paix et la sécurité des populations de la région ouest-africaine», dit-elle dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.
Elle «souhaite réitérer son ferme engagement en faveur de toute initiative» favorable à la paix.
La claque est sévère pour la junte au pouvoir, qui répète combien la situation est sous contrôle face aux groupes jihadistes, liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique (EI), qui écument le Sahel depuis des années.
«Le lieu et la nature de l'attaque démontrent les capacités opérationnelles significatives du JNIM. Il souligne aussi l'incapacité du renseignement et de l'appareil sécuritaire malien, avec ses alliés régionaux et russes, de détecter» le projet, juge Lucas Webber, analyste de Tech Against Terrorism, plateforme de lutte contre l'usage d'internet pour le terrorisme et l'extrémisme.
Le JNIM «a envoyé un message au gouvernement et à l'armée, en tentant d'éviter les victimes civiles», ajoute-t-il à l'AFP. «Il indique de la même manière aux gouvernements voisins qu'il peut organiser des attaques similaires» chez eux.
Le régime malien a lancé une vaste opération militaire dans le nord du pays, où les groupes armés séparatistes et jihadistes ont perdu depuis 2023 le contrôle de plusieurs localités. Mais, en juillet, l'armée et ses alliés russes avaient subi l'un de leur plus gros revers.
L'armée a reconnu «un nombre important de morts» à Tinzaouatène, près de la frontière algérienne, et une chaîne Telegram associée à la milice russe Wagner a confirmé des pertes dans leurs rangs.
Les séparatistes ont pour leur part revendiqué «une victoire éclatante», l'un de leurs cadres évoquant des dizaines de morts parmi les Russes, tandis que le JNIM affirmait avoir tué 50 Russes et 10 Maliens.
Avant, la force antijihadiste française Barkhane, la mission onusienne de la Minusma et des forces européennes contenaient la menace au Nord, explique à l'AFP Hans-Jakob Schindler, directeur du think tank Counter-Extremism Project (CEP).
Mais Bamako leur a demandé de quitter le pays et s'est rapproché de Moscou. Depuis, note M. Schindler, l'armée malienne a été peu efficace, ses alliés mercenaires russes «ont commis des atrocités contre la population locale» et le JNIM surfe sur ces dysfonctionnements en affirmant dans sa propagande qu'il protège la population.
L'attaque de mardi est par ailleurs symbolique de la progression vers le sud des jihadistes, dont l'objectif annoncé est d'atteindre le Golfe de Guinée en attaquant les pays côtiers.
«Le JNIM est dans une stratégie d'attrition de long terme. Le Nord est un sanctuaire et ils poussent vers le sud», résume ainsi le chercheur nord-africain.
Le JNIM est en capacité de «faire la même chose à Mopti (au nord de Bamako) ou à Kayes (sud-ouest)», assure de son côté un observateur occidental de la région.
«Ils vont créer de l'incertitude partout et montrer qu'ils disposent d'une vraie liberté d'action, contrairement à ce que dit la junte», ajoute-t-il, décrivant une «stratégie de pression permanente et de harcèlement» sans ambition de prendre Bamako.
Avec AFP
En ciblant une caserne de gendarmerie et un aéroport militaire, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, JNIM dans son acronyme arabe) a montré sa force de frappe dans une capitale plutôt épargnée ces dernières années par les opérations d'envergure.
Et il a marqué les esprits, alors que les regards se concentraient sur le nord du pays, où l'armée malienne et ses alliés russes de l'Africa Corps et du groupe Wagner tentent de reprendre le contrôle de certains territoires.
«C'est un double message: On est là, on frappe où l'on veut, y compris des lieux stratégiques», explique un chercheur nord-africain qui requiert l'anonymat.
La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest a exprimé mercredi sa «ferme condamnation» des attaques jihadistes qui ont frappé la veille Bamako, capitale du Mali, qui a annoncé cette année sa sortie de l'organisation.
La Cedeao «tient à réaffirmer sa condamnation de toute attaque terroriste qui menace la paix et la sécurité des populations de la région ouest-africaine», dit-elle dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.
Elle «souhaite réitérer son ferme engagement en faveur de toute initiative» favorable à la paix.
La claque est sévère pour la junte au pouvoir, qui répète combien la situation est sous contrôle face aux groupes jihadistes, liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique (EI), qui écument le Sahel depuis des années.
«Le lieu et la nature de l'attaque démontrent les capacités opérationnelles significatives du JNIM. Il souligne aussi l'incapacité du renseignement et de l'appareil sécuritaire malien, avec ses alliés régionaux et russes, de détecter» le projet, juge Lucas Webber, analyste de Tech Against Terrorism, plateforme de lutte contre l'usage d'internet pour le terrorisme et l'extrémisme.
Le JNIM «a envoyé un message au gouvernement et à l'armée, en tentant d'éviter les victimes civiles», ajoute-t-il à l'AFP. «Il indique de la même manière aux gouvernements voisins qu'il peut organiser des attaques similaires» chez eux.
La propagande du JNIM
Le régime malien a lancé une vaste opération militaire dans le nord du pays, où les groupes armés séparatistes et jihadistes ont perdu depuis 2023 le contrôle de plusieurs localités. Mais, en juillet, l'armée et ses alliés russes avaient subi l'un de leur plus gros revers.
L'armée a reconnu «un nombre important de morts» à Tinzaouatène, près de la frontière algérienne, et une chaîne Telegram associée à la milice russe Wagner a confirmé des pertes dans leurs rangs.
Les séparatistes ont pour leur part revendiqué «une victoire éclatante», l'un de leurs cadres évoquant des dizaines de morts parmi les Russes, tandis que le JNIM affirmait avoir tué 50 Russes et 10 Maliens.
Avant, la force antijihadiste française Barkhane, la mission onusienne de la Minusma et des forces européennes contenaient la menace au Nord, explique à l'AFP Hans-Jakob Schindler, directeur du think tank Counter-Extremism Project (CEP).
Mais Bamako leur a demandé de quitter le pays et s'est rapproché de Moscou. Depuis, note M. Schindler, l'armée malienne a été peu efficace, ses alliés mercenaires russes «ont commis des atrocités contre la population locale» et le JNIM surfe sur ces dysfonctionnements en affirmant dans sa propagande qu'il protège la population.
«Créer de l'incertitude partout»
L'attaque de mardi est par ailleurs symbolique de la progression vers le sud des jihadistes, dont l'objectif annoncé est d'atteindre le Golfe de Guinée en attaquant les pays côtiers.
«Le JNIM est dans une stratégie d'attrition de long terme. Le Nord est un sanctuaire et ils poussent vers le sud», résume ainsi le chercheur nord-africain.
Le JNIM est en capacité de «faire la même chose à Mopti (au nord de Bamako) ou à Kayes (sud-ouest)», assure de son côté un observateur occidental de la région.
«Ils vont créer de l'incertitude partout et montrer qu'ils disposent d'une vraie liberté d'action, contrairement à ce que dit la junte», ajoute-t-il, décrivant une «stratégie de pression permanente et de harcèlement» sans ambition de prendre Bamako.
Avec AFP
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