Après de «derniers ajustements», Michel Barnier a transmis, vendredi soir, une liste de noms «finalisée» au chef de l'État, mais le parti de François Bayrou n'a pas encore «totalement acté» sa participation, inquiet de la présence de personnalités marquées très à droite. Le locataire de Matignon, qui a «pleine liberté» pour composer son équipe, espère toujours pouvoir la présenter «avant dimanche».
«Tout dépend de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique», qui doit vérifier qu’aucun ministre pressenti n’a de problèmes fiscaux ou de conflits d’intérêts, souligne-t-on dans l'entourage du Premier ministre.
Jeudi, une liste de 38 ministres, dont 16 de plein exercice, avait déjà été transmise au président de la République. Cependant, certaines personnalités très à droite, comme Bruno Retailleau à l'Intérieur ou Laurence Garnier à la Famille, suscitent des inquiétudes au sein du camp présidentiel. Après deux réunions de crise, le parti centriste n’a pas «totalement acté» sa participation, attendant la liste «finalisée» transmise à l'Élysée.
«Nous voulons voir si la tendance droitière persiste», explique Perrine Goulet, élue MoDem. «Nous souhaitons un gouvernement le plus en phase possible avec la répartition sortie des urnes.»
Quid de Laurence Garnier ? Le sénateur Renaissance Xavier Iacovelli est désormais pressenti à la Famille, mais sa collègue LR a-t-elle été maintenue ou écartée de l'équipe ? La liste «finalisée» de Michel Barnier sera-t-elle la dernière ? «Les noms bougent dans tous les sens», résume un conseiller ministériel.
Le député macroniste Antoine Armand, un temps pressenti à Bercy, ne semble plus figurer dans la nouvelle mouture. À l'Éducation, l'élue macroniste Violette Spillebout aurait été écartée, tandis qu'Anne Genetet, députée Renaissance des Français de l'étranger, aurait été approchée pour ce poste.
Plus de deux semaines après l'arrivée de Michel Barnier à Matignon, le camp présidentiel reste divisé sur la marche à suivre. Face à ces hésitations, Emmanuel Macron a exhorté ses alliés à «aider» le Premier ministre à former son gouvernement, en insistant sur l'importance d'une coalition unie.
«Ligne rouge»
Cependant, certaines voix chez l'allié Horizons ne semblent pas plus convaincues. Nommer Laurence Garnier serait «une ligne rouge» pour Pierre-Yves Bournazel, qui semble, en revanche, prêt à accepter Bruno Retailleau. «Ce n'est pas ma ligne politique, mais c'est une coalition, et une coalition c'est un compromis», explique-t-il.
Avec un seul ministre de plein exercice attendu, Horizons estime aussi ne pas avoir «été bien traité», selon un de ses cadres.
«Élection volée»
La gauche, arrivée en tête des législatives, s'indigne également d'un futur gouvernement marqué à droite. Des écologistes et des insoumis se joignent à des manifestations organisées par des associations et des groupes étudiants. Mathilde Panot, cheffe de file des députés insoumis, déclare : «C’est une question de dignité pour tout un peuple, après une élection niée et volée par le président.» LFI entend «augmenter la pression populaire» après une première journée de contestation.
À Paris, entre 20.000 et 40.000 personnes sont attendues, dont 100 à 200 éléments radicaux, selon une source policière. Le chef de l'État a installé à Matignon «un Premier ministre de droite dure, anti-social, anti-migrants, au passé homophobe et qui ne pourra gouverner qu’avec l’accord permanent de Marine Le Pen», ont écrit dans leur appel à la mobilisation plusieurs organisations.
Par Anne RENAUT et Sophie DEVILLER avec AFP
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