Les étudiants du privé font l'objet de favoritisme lors de leur transfert à l'UL

À l'Université libanaise, réussir l'examen officiel ne suffit pas pour accéder aux études supérieures. Un autre obstacle, typiquement «Made in Lebanon», vient s'ajouter pour déterminer l'avenir professionnel des étudiants: soit leur candidature est soutenue «politiquement» et leur rêve universitaire prend alors forme, soit ils se résignent à la réalité et empruntent un autre chemin.
Pour les étudiants libanais, la nouvelle année académique apporte son lot de soucis. En effet, nombre d’entre eux font face à des obstacles croissants qui compliquent leur parcours éducatif.
Il est désormais indéniable que la crise économique a privé ces jeunes de leur droit à l’éducation; avec des frais devenus exorbitants dans les universités privées.
Partant, cette situation a poussé de nombreux étudiants à migrer vers l’enseignement public, déclenchant une ruée vers l’Université libanaise, déjà marginalisée et qui accueille plus de 90.000 étudiants répartis sur 76 campus.
Cependant, les scandales continuent de s’y multiplier. Cette année, des milliers d’étudiants ont soumis des demandes d’admission dans différentes facultés, mais seules 15% d’entre elles seront acceptées et la priorité ira à «ceux qui ont les meilleurs tuyaux».
Cette situation envenime presque toutes les facultés, où l’admission ne repose pas seulement sur les résultats académiques, mais également sur des «arrangements» informels.
En effet, il ne suffit pas de réussir l’examen officiel; un autre type de test «Made in Lebanon» détermine l’avenir professionnel: soit l’étudiant bénéficie d’un appui politique qui lui ouvre des portes, soit il doit se resigner à la triste réalité et se trouver un autre rêve.
À titre d’exemple, Ihab, étudiant en informatique dans une université privée, ne s’attendait pas à devoir abandonner ses études après sa première année. Les frais de scolarité ayant fortement augmenté, il ne pouvait plus les assumer.
«L’université exige 450 dollars par mois comme frais de scolarité. Mon revenu mensuel ne dépasse pas les 300 dollars et je n’ai pas de famille à l’étranger pour m’aider, alors j’ai décidé de me tourner vers l’Université libanaise», explique Ihab à Houna Loubnan.

Mais le calvaire d'Ihab ne s’est pas arrêté là. Après avoir postulé à la Faculté de technologie et des sciences informatiques de l’Université libanaise, branche de Obey, et passé un examen écrit, il s’est heurté à un mur de sectarisme.
Selon les informations recueillies à l’intérieur de l’université, il risque d’être privé de son droit d’étudier à l’Université libanaise, du simple fait qu’il vive dans un système politique basé sur le sectarisme. Pêché mortel!
Il faut savoir que, sur des milliers de candidatures, seuls 30 étudiants seront admis et leurs noms auraient déjà été choisis à l’avance.
Le cas d’Ihab est représentatif de milliers d’étudiants au Liban, confrontés à un destin similaire, alors que les frais des universités privées continuent d’augmenter et que celles-ci exigent un paiement anticipé de plus de 30% des frais annuels.
Pour vérifier ces informations, Houna Loubnan a tenté de contacter la branche de l’Université libanaise à Obey, mais en vain.
Des sources internes confirment que «l’Université libanaise traverse aujourd’hui une des pires crises depuis sa création. Son budget ne suffit plus à couvrir les frais de fonctionnement, le chaos y règne et elle est rongée par les interventions politiques et le partage de quotas. Le destin de milliers d’étudiants dépend désormais des décisions d’un parti ou d’un chef politique».
Les mêmes sources ajoutent: «Les étudiants, déjà en difficulté financière, sont confrontés à un problème encore plus grand qui pourrait les empêcher de terminer leurs études, car l’accès à l’Université libanaise est désormais réservé à une élite privilégiée».
Elles soulignent que «le fléau du favoritisme et des interventions politiques y est profondément enraciné. C’est un problème qui n’a jamais été résolu. Il s’est transformé en une véritable épidémie, difficile à éradiquer dans un contexte de corruption institutionnalisée et de partage de pouvoir».
 
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