4 août: marche des proches des victimes contre l’amnésie
Lutter contre l’amnésie de leurs compatriotes, en plus de lutter contre l’impunité, voilà le nouveau combat des proches des victimes du 4 août 2020.



En ce 4 avril, après un hiver long et froid, ils viennent rafraîchir les portraits des plus de 220 morts de l’explosion au port de Beyrouth affichés sur un mur de la capitale.

Le rendez-vous de chaque 4 du mois est une commémoration de la tragédie, aggravée par l’impunité.

Le décret de nomination des membres de l’assemblée plénière de la Cour de cassation n’a toujours pas été signé. Les multiples recours dont fait l’objet le juge chargé de l’enquête, Tarek Bitar, ne peuvent donc être examinés, vouant l’enquête au blocage.


Mais l’oubli des Libanais, y compris les habitants des quartiers sinistrés, est lui aussi pointé du doigt par les proches des victimes. Ils ont donc décidé mardi de traverser les rues sinistrées de Gemmayzé et Gouraud jusqu’au port en appelant les habitants au haut-parleur à se joindre à eux.

Certains les observeront de leurs balcons, d’autres des terrasses des cafés où certaines victimes sont tombées. Parmi elles, Rawan Misto, à la mémoire de laquelle une minute de silence a été observée devant le restaurant où elle travaillait, provoquant les pleurs de sa mère dans une atmosphère de stupeur. «J’ai l’impression que nous ne pouvons plus rien faire pour eux», murmure Georges, survivant de l’explosion, lui aussi serveur à Gemmayzé, observant les proches des victimes poursuivre leur route. Pour Mireille Khoury, qui a perdu le jeune Élias, le seul levier qui reste est la justice internationale dans un pays qui n’a jamais complété son travail de mémoire.

«Le 4 août doit être un tournant», estime Lina Boubess, figure de la révolution du 17 octobre et soutien indéfectible aux proches des victimes.

Si une mobilisation a pu être observée ce 4 avril, c’est surtout de la part de candidats aux législatives et de partis se présentant comme alternatifs aux partis traditionnels. Ils ont rejoint discrètement la marche aux côtés des victimes, suscitant des doutes sur une récupération de leur cause à quelques semaines de l’échéance électorale.

 
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