Heurts violents sur l'Esplanade des Mosquées à Jérusalem
©Les musulmans palestiniens se rassemblent au complexe de la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem après la prière du vendredi pendant le mois sacré du Ramadan, le 15 avril 2022. (AFP)
Des affrontements entre manifestants palestiniens et policiers israéliens ont fait vendredi plus de 150 blessés, en pleine escalade à Jérusalem et en Cisjordanie. Une série d'attaques ayant fait quatorze morts en Israël ont mené à une répression féroce de la part des forces israéliennes, qui ont abattu 22 Palestiniens dans ce qui a été appelé "opérations de contreterrorisme" en Cisjordanie. Une situation inquiétante, mais qui devrait rester sous contrôle, aucune des forces en présence ne souhaitant une escalade militaire. 



Ces attaques ont fait quatorze morts en Israël. En outre, 22 Palestiniens, dont des assaillants, ont été tués depuis cette date dans des violences, liées notamment à des "opérations de contreterrorisme" en Cisjordanie, selon un décompte de l'AFP.

Des affrontements entre manifestants palestiniens et policiers israéliens sur l'Esplanade des Mosquées à Jérusalem, les premiers sur place depuis le début du ramadan, ont fait plus de 150 blessés vendredi sur fond de crainte d'un embrasement dans les Territoires palestiniens occupés.

Selon un nouveau bilan, "153 blessés palestiniens ont été transférés" dans des hôpitaux de Jérusalem et des "dizaines" d'autres ont été traités sur le site, a indiqué le Croissant-Rouge palestinien à propos de ces violences dans la Vieille Ville de Jérusalem, située dans un secteur occupé depuis 1967 par Israël. De son côté, la police israélienne a fait état d'au moins trois blessés dans ses rangs lors des heurts. Environ 400 personnes ont été arrêtées, selon le Club des prisonniers palestiniens, une ONG de défense des détenus.

Troisième lieu saint de l'islam, l'Esplanade des Mosquées --nommée aussi Mont du Temple par les juifs-- est située dans la Vieille Ville à Jérusalem-Est, théâtre de nombreux affrontements violents entre policiers israéliens et manifestants palestiniens.

 



 

 


Tôt vendredi, des témoins avaient fait état de jets de pierre lancés par des Palestiniens et de tirs de balle en caoutchouc et de grenades assourdissantes de la part de policiers israéliens. Vers 4h00 du matin, "des dizaines de jeunes émeutiers masqués", certains s'affichant avec des drapeaux du mouvement islamiste armé Hamas, ont fait une "procession" sur l'Esplanade des Mosquées et lancé des pierres en direction du Mur des Lamentations adjacent, plus important lieu de prière de la tradition juive, a indiqué la police israélienne disant être intervenue pour "rétablir l'ordre".

De son côté, Omar al-Kiswani, directeur de la mosquée al-Aqsa, située sur l'esplanade, a fait état d'un deuxième incident survenu le matin impliquant une intervention de la police israélienne à l'intérieur même de ce lieu culte. "L'occupation (nom donné à Israël par des Palestiniens) sait que la mosquée al-Aqsa est une ligne rouge à ne pas franchir", a-t-il déclaré à l'AFP.
Le spectre du ramadan 2021

Ces affrontements sur l'Esplanade des Mosquées sont les premiers cette année depuis le début du ramadan, période de grands rassemblements pour les musulmans sur ce lieu sacré au cœur du conflit israélo-palestinien. Lors du ramadan en 2021, des manifestations nocturnes à Jérusalem et des heurts sur l'esplanade s'étaient mués en onze jours de guerre entre le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, et Israël.

Le Hamas, dont les capacités ont été affectées pendant cette guerre, "ne veut pas d'une nouvelle confrontation", estime Moukhaimer Abou Saada, professeur de sciences politiques à l'université Al-Azhar de Gaza. Le Jihad Islamique, second mouvement islamiste palestinien, qui ne contrôle ni la Cisjordanie ni la bande de Gaza, serait quant à lui plus enclin à une escalade avec Israël, indique une source sécuritaire israélienne sous couvert d'anonymat.

"La confrontation sera plus rapprochée et difficile" pour les forces israéliennes si "elles ne mettent pas fin à l'agression contre notre peuple", a affirmé vendredi ce mouvement. Le médiateur de l'ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, s'est dit "fortement préoccupé" par la "détérioration" de la sécurité à Jérusalem, appelant "à une désescalade immédiate" afin "d'éviter de nouvelles provocations par des radicaux".
"Aucun intérêt" pour une escalade

"Nous n'avons aucun intérêt à ce que le Mont du Temple devienne le centre de violences. Cela nuirait à la fois aux musulmans sur place et aux juifs au Mur des Lamentations", a commenté le ministre israélien de la Sécurité publique Omer Bar-Lev, membre de la coalition hétéroclite (gauche, droite, centre, arabe) du Premier ministre Naftali Bennett qui a perdu la semaine dernière sa majorité au Parlement avec le départ d'une députée de droite.

Peu avant le début du mois du ramadan, le 2 avril, de hauts responsables d'Israël et de Jordanie - le premier pays contrôlant l'accès à l'Esplanade des Mosquées, le second administrant ce lieu saint musulman - ont multiplié les contacts afin d'éviter de nouveaux heurts sur place pendant le mois sacré. Ces affrontements sur l'Esplanade des Mosquées, qui coïncident cette année avec le début des célébrations chrétienne de Pâques et juive de Pessah, s'ajoutent à des semaines de tensions en Israël et en Cisjordanie occupée.

Depuis le 22 mars, Israël a été frappé par quatre attaques, les deux premières menées par des Arabes israéliens liés à l'organisation jihadiste État islamique (EI), et dont les trois auteurs ont été tués par les forces israéliennes. Deux autres attaques ont été perpétrées dans la région de la métropole Tel-Aviv par des Palestiniens originaires du secteur de Jénine, en Cisjordanie. Ces attaques ont fait quatorze morts en Israël. En outre, 22 Palestiniens, dont des assaillants, ont été tués depuis cette date dans des violences, liées notamment à des "opérations de contreterrorisme" en Cisjordanie, selon un décompte de l'AFP.

Avec AFP
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