Le patriarche maronite Béchara Raï a demandé aux Libanais de garder en tête que leur choix électoral façonnera l’avenir du Liban.
Le patriarche maronite le cardinal Béchara Raï a résolument pressé les Libanais de voter aux législatives du 15 mai 2022, pour les forces politiques «souverainistes» capables de préserver l’identité, le rôle et les spécificités historiques du pays, soulignant la responsabilité de la population dans le façonnement de l’avenir du Liban «aujourd’hui en danger». «Si le peuple ne fait pas attention à la gravité de la période actuelle et s’il ne choisit pas (aux élections) les forces capables de défendre l’entité et l’identité libanaises, c’est lui seul et non pas la classe politique qui assumera la responsabilité du grand effondrement», a-t-il averti, en dressant indirectement un véritable réquisitoire contre le Hezbollah et le Courant patriotique libre (CPL) fondé par le président Michel Aoun.
Le message pascal du chef de l’Église maronite cette année est manifestement bien différent des précédents. Il est d’une franchise presque brutale que justifient seulement les dangers qui guettent l’entité libanaise et la peur du patriarche de voir les citoyens se laisser berner par des discours politiques, qui cachent mal des manœuvres visant essentiellement à consacrer les dérives responsables de la situation catastrophique dans le pays.
Béchara Raï a ainsi renoncé aux généralités dans son approche des thèmes nationaux pour entrer de plain-pied dans la bataille électorale et prendre parti sans détours en faveur d’une orientation politique contre une autre, mais dans le seul souci de remettre les pendules à l’heure alors que l’avenir du pays est en jeu.
Les enjeux pour un Liban à l’agonie sont effectivement d’une importance cruciale surtout que le pays a rendez-vous avec deux échéances électorales successives déterminantes pour son avenir et, surtout, pour son identité nationale et culturelle. Et c’est sur cette idée précise que Mgr Raï a tablé, en s’adressant directement aux électeurs dans son message pascal, notamment lorsqu’il leur demandé de «garder en tête qu’en élisant leurs députés, ils font aussi le choix du nouveau président, voire de la nature de la prochaine République».
«Nous vivons aujourd’hui dans des conditions qui nous amènent à parler de ce qu’est le Liban. Est-il possible que le pays devienne synonyme de déchéance? Que nous soyons devenus des mendiants, des suivistes et un peuple qui accepte le fait accompli? Que certains ne puissent plus établir une distinction entre le vrai et le faux et que nous soyons devenus la société des contradictions?», a-t-il déploré. Il avait auparavant rappelé que les conditions d’aujourd’hui ressemblent à celles de 1989, sous l’occupation syrienne et que la pape Jean-Paul avait réagi à l’époque pour «préserver l’identité menacée du Liban».
«Nous n’accepterons pas que l’histoire s’arrête pour nous et que nous perdions notre raison d’être dans la région (…) alors que nous avons la responsabilité d’écoles, d’universités, d’institutions, d’étudiants, d’employés, de familles. Nous sommes le mouvement du changement, le mouvement de la liberté et de la souveraineté dans cet Orient, les pionniers de la renaissance politique et intellectuelle et nous devons le rester. Nous avons résisté lorsque la résistance était une aventure. Nous nous sommes soulevés lorsque les soulèvements étaient réprimés et nous avons élevé la voix quand la liberté d’expression était réprimée. (…) Ce n’est pas aujourd’hui que nous allons nous soumettre», a lancé le patriarche maronite, en appelant à «un soulèvement contre les conflits et à des retrouvailles dans le giron d’un État unifié au niveau de la diversité culturelle et religieuse, établi en 1920».
Dans son message, le Béchara Raï n’a pas caché sa désapprobation de l’alliance du CPL avec le Hezbollah pro-iranien, même s’il n’a pas bien entendu abordé à aucun moment la question des alliances électorales ou cité les deux formations. Son exhortation à l’élection de forces garantes de la pérennité du Liban que nous connaissons parle d’elle-même. «Le Liban a besoin d’une majorité parlementaire nationale, souveraine, indépendante et militante qui croit aux spécificités du pays, qui croit en l’État, dans les institutions constitutionnelles et dans l’armée, qui est la seule autorité pour le port d’armes et la préservation de la sécurité», a-t-il martelé, présentant de la sorte un tableau à l’antidote de tout ce le Hezbollah représente.
Il a souligné avec insistance la responsabilité que les Libanais eux-mêmes assument dans l’élection d’un Parlement capable de préserver les constantes et les spécificités libanaises: «Si le peuple ne prend pas conscience de la gravité de cette période et n’opte pas pour les forces capables de défendre le Liban et son identité, de rester fidèles aux martyrs de la cause libanaise et de rétablir les relations arabes et internationales du pays, c’est lui et non la classe politique qui devra assumer la responsabilité du grand effondrement», a-t-il lancé, avant d’insister: «Il est fondamental de mettre fin à la situation qui fait souffrir le peuple et à cause de laquelle l’État est marginalisé et son unité décomposée à cause de mini-États sécuritaires, judiciaires, partisans, communautaires et étrangers».
La multiplicité des allégeances
«Lorsque le peuple Libanais réagira pour faire face à cette situation catastrophique, la communauté internationale sera encouragée à l’aider et à lui assurer les moyens d’un changement et d’un redressement. Autant nous avons salué le retour de nos amis arabes au Liban, autant nous souhaitons que les Libanais eux-mêmes reviennent à leur Liban en renonçant à leurs allégeances étrangères et à leur appartenance à des projets étrangers à notre tradition et à notre culture», a affirmé le patriarche maronite, dans un message direct adressé aussi bien au Hezbollah qu’au CPL, alliés dans presque toutes les circonscriptions.
Poursuivant sur sa lancée, Béchara Raï a souligné que «le salut du Liban uni et pluriel est tributaire d’un renoncement aux rôles artificiels importés, et d’un recouvrement de son rôle national, de son identité et de sa neutralité». «L’unité du Liban s’est effondrée lorsqu’elle s’est heurtée à la multiplicité des allégeances et au parti pris en faveur d’axes régionaux et au retournement contre le pacte national», a soutenu le chef de l’Église maronite.
Il a insisté sur l’occasion de changement que représentent les législatives et la présidentielle pour préserver l’identité libanaise, soulignant «le grand danger» illustré par les «tentatives de leurrer la population pour la pousser à élire une majorité parlementaire qui ne lui ressemble pas, qui ne correspond pas à ses aspirations, qui est incapable de régler ses crises et qui ne fera qu’aggraver son isolement et son effondrement» dans une allusion on ne peut plus claire au Hezbollah et à ses alliés chrétiens qui lui assurent une couverture politique officielle.
«Ce serait malheureux, à Dieu ne plaise, que la majorité parlementaire ne corresponde pas à la majorité populaire, en raison de mauvais choix de la population, laquelle risque plus tard de s’opposer à des députés qu’elle aura elle-même contribué à faire élire dans un moment d’égarement national. Le peuple doit réaliser, en déposant son bulletin dans l’urne, qu’il est en train de faire également un choix pour le prochain président, voire pour la nature de la prochaine République. Il ne fait aucun doute que le sort du Liban dépend de la qualité de la majorité parlementaire dans la nouvelle Chambre», a conclu le patriarche Raï.
Le patriarche maronite le cardinal Béchara Raï a résolument pressé les Libanais de voter aux législatives du 15 mai 2022, pour les forces politiques «souverainistes» capables de préserver l’identité, le rôle et les spécificités historiques du pays, soulignant la responsabilité de la population dans le façonnement de l’avenir du Liban «aujourd’hui en danger». «Si le peuple ne fait pas attention à la gravité de la période actuelle et s’il ne choisit pas (aux élections) les forces capables de défendre l’entité et l’identité libanaises, c’est lui seul et non pas la classe politique qui assumera la responsabilité du grand effondrement», a-t-il averti, en dressant indirectement un véritable réquisitoire contre le Hezbollah et le Courant patriotique libre (CPL) fondé par le président Michel Aoun.
Le message pascal du chef de l’Église maronite cette année est manifestement bien différent des précédents. Il est d’une franchise presque brutale que justifient seulement les dangers qui guettent l’entité libanaise et la peur du patriarche de voir les citoyens se laisser berner par des discours politiques, qui cachent mal des manœuvres visant essentiellement à consacrer les dérives responsables de la situation catastrophique dans le pays.
Béchara Raï a ainsi renoncé aux généralités dans son approche des thèmes nationaux pour entrer de plain-pied dans la bataille électorale et prendre parti sans détours en faveur d’une orientation politique contre une autre, mais dans le seul souci de remettre les pendules à l’heure alors que l’avenir du pays est en jeu.
Les enjeux pour un Liban à l’agonie sont effectivement d’une importance cruciale surtout que le pays a rendez-vous avec deux échéances électorales successives déterminantes pour son avenir et, surtout, pour son identité nationale et culturelle. Et c’est sur cette idée précise que Mgr Raï a tablé, en s’adressant directement aux électeurs dans son message pascal, notamment lorsqu’il leur demandé de «garder en tête qu’en élisant leurs députés, ils font aussi le choix du nouveau président, voire de la nature de la prochaine République».
«Nous vivons aujourd’hui dans des conditions qui nous amènent à parler de ce qu’est le Liban. Est-il possible que le pays devienne synonyme de déchéance? Que nous soyons devenus des mendiants, des suivistes et un peuple qui accepte le fait accompli? Que certains ne puissent plus établir une distinction entre le vrai et le faux et que nous soyons devenus la société des contradictions?», a-t-il déploré. Il avait auparavant rappelé que les conditions d’aujourd’hui ressemblent à celles de 1989, sous l’occupation syrienne et que la pape Jean-Paul avait réagi à l’époque pour «préserver l’identité menacée du Liban».
«Nous n’accepterons pas que l’histoire s’arrête pour nous et que nous perdions notre raison d’être dans la région (…) alors que nous avons la responsabilité d’écoles, d’universités, d’institutions, d’étudiants, d’employés, de familles. Nous sommes le mouvement du changement, le mouvement de la liberté et de la souveraineté dans cet Orient, les pionniers de la renaissance politique et intellectuelle et nous devons le rester. Nous avons résisté lorsque la résistance était une aventure. Nous nous sommes soulevés lorsque les soulèvements étaient réprimés et nous avons élevé la voix quand la liberté d’expression était réprimée. (…) Ce n’est pas aujourd’hui que nous allons nous soumettre», a lancé le patriarche maronite, en appelant à «un soulèvement contre les conflits et à des retrouvailles dans le giron d’un État unifié au niveau de la diversité culturelle et religieuse, établi en 1920».
Dans son message, le Béchara Raï n’a pas caché sa désapprobation de l’alliance du CPL avec le Hezbollah pro-iranien, même s’il n’a pas bien entendu abordé à aucun moment la question des alliances électorales ou cité les deux formations. Son exhortation à l’élection de forces garantes de la pérennité du Liban que nous connaissons parle d’elle-même. «Le Liban a besoin d’une majorité parlementaire nationale, souveraine, indépendante et militante qui croit aux spécificités du pays, qui croit en l’État, dans les institutions constitutionnelles et dans l’armée, qui est la seule autorité pour le port d’armes et la préservation de la sécurité», a-t-il martelé, présentant de la sorte un tableau à l’antidote de tout ce le Hezbollah représente.
Il a souligné avec insistance la responsabilité que les Libanais eux-mêmes assument dans l’élection d’un Parlement capable de préserver les constantes et les spécificités libanaises: «Si le peuple ne prend pas conscience de la gravité de cette période et n’opte pas pour les forces capables de défendre le Liban et son identité, de rester fidèles aux martyrs de la cause libanaise et de rétablir les relations arabes et internationales du pays, c’est lui et non la classe politique qui devra assumer la responsabilité du grand effondrement», a-t-il lancé, avant d’insister: «Il est fondamental de mettre fin à la situation qui fait souffrir le peuple et à cause de laquelle l’État est marginalisé et son unité décomposée à cause de mini-États sécuritaires, judiciaires, partisans, communautaires et étrangers».
La multiplicité des allégeances
«Lorsque le peuple Libanais réagira pour faire face à cette situation catastrophique, la communauté internationale sera encouragée à l’aider et à lui assurer les moyens d’un changement et d’un redressement. Autant nous avons salué le retour de nos amis arabes au Liban, autant nous souhaitons que les Libanais eux-mêmes reviennent à leur Liban en renonçant à leurs allégeances étrangères et à leur appartenance à des projets étrangers à notre tradition et à notre culture», a affirmé le patriarche maronite, dans un message direct adressé aussi bien au Hezbollah qu’au CPL, alliés dans presque toutes les circonscriptions.
Poursuivant sur sa lancée, Béchara Raï a souligné que «le salut du Liban uni et pluriel est tributaire d’un renoncement aux rôles artificiels importés, et d’un recouvrement de son rôle national, de son identité et de sa neutralité». «L’unité du Liban s’est effondrée lorsqu’elle s’est heurtée à la multiplicité des allégeances et au parti pris en faveur d’axes régionaux et au retournement contre le pacte national», a soutenu le chef de l’Église maronite.
Il a insisté sur l’occasion de changement que représentent les législatives et la présidentielle pour préserver l’identité libanaise, soulignant «le grand danger» illustré par les «tentatives de leurrer la population pour la pousser à élire une majorité parlementaire qui ne lui ressemble pas, qui ne correspond pas à ses aspirations, qui est incapable de régler ses crises et qui ne fera qu’aggraver son isolement et son effondrement» dans une allusion on ne peut plus claire au Hezbollah et à ses alliés chrétiens qui lui assurent une couverture politique officielle.
«Ce serait malheureux, à Dieu ne plaise, que la majorité parlementaire ne corresponde pas à la majorité populaire, en raison de mauvais choix de la population, laquelle risque plus tard de s’opposer à des députés qu’elle aura elle-même contribué à faire élire dans un moment d’égarement national. Le peuple doit réaliser, en déposant son bulletin dans l’urne, qu’il est en train de faire également un choix pour le prochain président, voire pour la nature de la prochaine République. Il ne fait aucun doute que le sort du Liban dépend de la qualité de la majorité parlementaire dans la nouvelle Chambre», a conclu le patriarche Raï.
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