À Lyon, l'union sacrée dans la désunion
Distancé en championnat et éliminé de la Ligue Europa, Lyon doit impérativement se relancer contre Bordeaux dimanche à domicile (18h05, Beyrouth) pour entretenir un infime espoir de qualification européenne, mais l'union sacrée prônée par son président Jean-Michel Aulas se heurte à une fronde en tribunes.

"Nous n'avons pas vocation à contempler ce triste spectacle. Le cœur n'y est plus pour le moment", a déclaré, vendredi, le groupe de supporters ultras des Bad Gones en appelant à déserter, dimanche, le kop nord du Groupama Stadium.

Samedi, le groupe d'ultras du virage sud, Lyon 1950, a annoncé qu'il n'assisterait pas non plus à la rencontre contre Bordeaux, en critiquant vertement la direction à son tour: "comment peut-elle continuer à nous parler d'ambition quand depuis dix ans notre palmarès rime avec néant ?".

Quatre jours après la lourde défaite à domicile contre West Ham (3-0), synonyme d'élimination de la Ligue Europa et émaillée d'incidents, l'Olympique lyonnais, 10e de Ligue 1 à six points de Strasbourg (5e), recevra donc Bordeaux dans une enceinte morose de 60.000 places... aux deux-tiers vide.

Les Bad Gones et Lyon 1950 avaient déjà appelé à une "grève" des encouragements durant une mi-temps pour la réception d'Angers (3-2), le 3 avril.

Et jeudi, à la fin du match perdu face aux "Hammers" qui a peut-être définitivement enterré les illusions de nouvelle campagne continentale de l'OL la saison prochaine, des heurts ont éclaté au Parc OL avec une tentative d'intrusion sur la pelouse, bien maîtrisée par les stadiers.

Ce n'est pas la première fois, cette saison, que les supporters lyonnais font parler d'eux.

Le 4 novembre, la rencontre Lyon-Marseille avait été arrêtée au bout de quatre minutes par un jet de bouteille sur Dimitri Payet. L'OL avait été sanctionné d'un match à rejouer à huis clos et d'un point de pénalité.

En décembre, en Coupe de France, le club a été éliminé sur tapis vert après les incidents du 32e de finale contre le Paris FC au stade Charléty.

En marge des heurts de jeudi, un homme de 28 ans a été interpellé pour jets de projectiles sur la foule et les policiers aux abords du stade, et un deuxième de 20 ans pour usage de fumigènes dans les gradins.


Le club procède actuellement, à l'aide de la vidéo-surveillance, à l'identification des fauteurs de troubles d'après match en vue de prononcer des interdictions de stade.

Méthode Coué

Vendredi devant la presse, Jean-Michel Aulas a maintenu son soutien à l'entraîneur Peter Bosz, confirmé jusqu'à nouvel ordre, à savoir jusqu'en fin de saison. Mais il s'est gardé d'anticiper sur la suite, évoquant seulement la capacité d'investissement de l'OL dans le recrutement "pour répondre aux demandes du staff".

Il a aussi "partagé la tristesse" des supporters en les caressant dans le sens du poil: "Nous n'avons pas su leur donner la joie et le bonheur qu'ils méritent." Avant de marteler sa "conviction" que l'OL peut encore atteindre ses objectifs de qualification européenne.

"Quand on est dirigeant, il faut faire en sorte d'être unis pour qu'une réaction se produise", a-t-il expliqué. "Cela suppose que les joueurs prennent conscience de la gravité de la situation. Nous serons à la manœuvre pour qu'ils démontrent les qualités nécessaires dès dimanche", a insisté le dirigeant de 73 ans.

Reste que la méthode Coué n'a pas vraiment fonctionné jusqu'à présent.

"Nous sommes dans un grand club avec une grande histoire et des objectifs clairs. Je ne vais pas lâcher, comme quand j'étais joueur. Je suis comme ça aussi comme entraîneur. Beaucoup pensent que nous n'allons pas y arriver. C'est un gros challenge mais c'est là que je suis le meilleur", a affirmé de son côté Peter Bosz.

"Il faut gagner des matches, faire une série", a ajouté l'entraîneur néerlandais, en annonçant qu'il renonçait au style offensif qu'il souhaitait promouvoir au profit d'un jeu plus "réaliste" pour tenter de sauver la saison.

"Ce n'est plus le moment d'être romantique", a-t-il conclu. En effet.

 
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