Le syndicat des hôpitaux privés tire la sonnette d’alarme sur des ruptures de stock touchant les anesthésiques. Une pénurie qui ne semble toutefois pas d’actualité.
D’une crise à l’autre, le secteur de la santé au Liban, autrefois le fleuron médical du Moyen-Orient, peine à se redresser. Après la pénurie des médicaments des maladies dites chroniques, des traitements oncologiques, des insulines et leurs analogues et des substances morphiniques, le halo des ruptures médicamenteuses plane actuellement sur les substances anesthésiantes. Alimenté par un tumulte médiatique (très) souvent infondé, mais irréfuté, le moulin à rumeurs a été très actif au cours des derniers jours.
Sleiman Haroun, président du syndicat des hôpitaux privés, est catégorique. «Les stocks des anesthésiques, dans les différents hôpitaux au Liban, seront épuisés dans deux semaines en moyenne, affirme-t-il à Ici Beyrouth. Par ailleurs, certaines substances sont déjà en rupture de stock.» Pour mieux comprendre l’ampleur de cette problématique, il convient, tout d’abord, de définir et de classer ces médicaments. Les anesthésiques sont, par définition, des substances qui entraînent la diminution, voire la suppression, plus ou moins complète de la sensibilité générale (et donc de l’organisme) ou locale (et donc d’un organe ou d’une partie du corps). Les anesthésiques généraux sont administrés soit par voie intraveineuse, comme le propofol, la kétamine, les morphiniques et les curares, soit par voie inhalée, comme l’isoflurane, le desflurane et le sévoflurane. Quant aux anesthésiques locaux, ils sont principalement administrés sous forme d'infiltration, de péridurale ou de rachianesthésie, comme la lidocaïne et la bupivacaïne, ou par voie topique, comme la lidocaïne.
Ici Beyrouth a fait le tour des grands centres hospitalo-universitaires (CHU) de la capitale et a contacté plusieurs hôpitaux extra-muros pour y évaluer l’état des stocks des substances anesthésiantes. «Nous manquons de quelques substances et les réserves des autres anesthésiques ne tiendront pas si longtemps. Nous tenons toutefois le coup pour le moment», ont-ils tous déclaré. Certains CHU ont même rassuré que leurs stocks sont suffisants pour près de deux mois et que leurs anesthésistes sont suffisamment rodés pour «jongler avec les anesthésiques et pallier les ruptures de stock», dénonçant le recours de certaines parties à l'exagération. Sami Rizk, directeur exécutif du Centre médical de l’Université libano-américaine – l'hôpital Rizk –, précise que le CHU de Beyrouth «arrive à gérer la situation dans la mesure du possible, mais ceci à une semaine près, alors que dans le temps, on faisait toujours des provisions pour deux mois». Et d'ajouter: «Certaines pénuries ont pu être évitées du fait de la disponibilité de certains génériques fabriqués localement qui sont tout aussi efficaces.»
D’autres hôpitaux ont toutefois confié que leurs stocks en certains anesthésiques importants, comme la bupivacaïne préconisée, entre autres, dans les anesthésies péridurales (permettant d’insensibiliser la moitié inférieure du corps), sont au plus bas. «Depuis plusieurs mois, cette substance connaît des hauts et des bas; même le dispositif médical (cathéter et aiguille) nécessaire pour une telle procédure a été, pour un certain moment, en rupture, explique un anesthésiste sous le couvert de l’anonymat. Cela a poussé certaines femmes enceintes à acheter à l’avance ledit dispositif pour contrecarrer tout imprévu.»
Par ailleurs, Sleiman Haroun précise que d’autres molécules sont en «rupture totale de stock». Il cite dans ce cas deux curares utilisés en anesthésie générale pour provoquer un relâchement musculaire. «D’autres anesthésiques sont disponibles en très faibles quantités, comme le propofol (utilisé notamment dans les gastro-colonoscopies), poursuit-il. Les hôpitaux sont en train d’utiliser les médicaments qui leur restent en stock, mais une fois ces derniers épuisés, nous serons contraints d’annuler toutes les opérations chirurgicales, étant donné que le processus d’importation est complètement freiné.»
Cet état de stagnation est principalement dû, selon lui, au retard de la Banque du Liban dans le déblocage de sommes suffisantes pour l’importation des nouvelles cargaisons de médicaments. «On ne peut pas pointer du doigt un seul responsable de cette crise, fait remarquer M. Haroun. Nous vivons dans un pays où l’État est défaillant. Il y a, surtout et avant tout, un manque de prévision. Nous avons informé le ministère de la Santé de la situation, mais, pour le moment, nous n’avons reçu aucune promesse de la part des fournisseurs.»
Une source rattachée aux sociétés importatrices des médicaments a, toutefois, indiqué pour Ici Beyrouth que le ministère de la Santé a mené sa propre enquête et a conclu qu’«aucune crise immédiate» d’anesthésiques prévaut actuellement au Liban. Du même milieu, on assure que le ministère est en train de prendre «les mesures nécessaires pour qu’une éventuelle pénurie n’ait pas lieu dans l’avenir et ceci en accélérant le processus de préapprobation mis en œuvre pour l’importation des médicaments».
D’une crise à l’autre, le secteur de la santé au Liban, autrefois le fleuron médical du Moyen-Orient, peine à se redresser. Après la pénurie des médicaments des maladies dites chroniques, des traitements oncologiques, des insulines et leurs analogues et des substances morphiniques, le halo des ruptures médicamenteuses plane actuellement sur les substances anesthésiantes. Alimenté par un tumulte médiatique (très) souvent infondé, mais irréfuté, le moulin à rumeurs a été très actif au cours des derniers jours.
Sleiman Haroun, président du syndicat des hôpitaux privés, est catégorique. «Les stocks des anesthésiques, dans les différents hôpitaux au Liban, seront épuisés dans deux semaines en moyenne, affirme-t-il à Ici Beyrouth. Par ailleurs, certaines substances sont déjà en rupture de stock.» Pour mieux comprendre l’ampleur de cette problématique, il convient, tout d’abord, de définir et de classer ces médicaments. Les anesthésiques sont, par définition, des substances qui entraînent la diminution, voire la suppression, plus ou moins complète de la sensibilité générale (et donc de l’organisme) ou locale (et donc d’un organe ou d’une partie du corps). Les anesthésiques généraux sont administrés soit par voie intraveineuse, comme le propofol, la kétamine, les morphiniques et les curares, soit par voie inhalée, comme l’isoflurane, le desflurane et le sévoflurane. Quant aux anesthésiques locaux, ils sont principalement administrés sous forme d'infiltration, de péridurale ou de rachianesthésie, comme la lidocaïne et la bupivacaïne, ou par voie topique, comme la lidocaïne.
Pénuries et exagérations
Ici Beyrouth a fait le tour des grands centres hospitalo-universitaires (CHU) de la capitale et a contacté plusieurs hôpitaux extra-muros pour y évaluer l’état des stocks des substances anesthésiantes. «Nous manquons de quelques substances et les réserves des autres anesthésiques ne tiendront pas si longtemps. Nous tenons toutefois le coup pour le moment», ont-ils tous déclaré. Certains CHU ont même rassuré que leurs stocks sont suffisants pour près de deux mois et que leurs anesthésistes sont suffisamment rodés pour «jongler avec les anesthésiques et pallier les ruptures de stock», dénonçant le recours de certaines parties à l'exagération. Sami Rizk, directeur exécutif du Centre médical de l’Université libano-américaine – l'hôpital Rizk –, précise que le CHU de Beyrouth «arrive à gérer la situation dans la mesure du possible, mais ceci à une semaine près, alors que dans le temps, on faisait toujours des provisions pour deux mois». Et d'ajouter: «Certaines pénuries ont pu être évitées du fait de la disponibilité de certains génériques fabriqués localement qui sont tout aussi efficaces.»
D’autres hôpitaux ont toutefois confié que leurs stocks en certains anesthésiques importants, comme la bupivacaïne préconisée, entre autres, dans les anesthésies péridurales (permettant d’insensibiliser la moitié inférieure du corps), sont au plus bas. «Depuis plusieurs mois, cette substance connaît des hauts et des bas; même le dispositif médical (cathéter et aiguille) nécessaire pour une telle procédure a été, pour un certain moment, en rupture, explique un anesthésiste sous le couvert de l’anonymat. Cela a poussé certaines femmes enceintes à acheter à l’avance ledit dispositif pour contrecarrer tout imprévu.»
État défaillant
Par ailleurs, Sleiman Haroun précise que d’autres molécules sont en «rupture totale de stock». Il cite dans ce cas deux curares utilisés en anesthésie générale pour provoquer un relâchement musculaire. «D’autres anesthésiques sont disponibles en très faibles quantités, comme le propofol (utilisé notamment dans les gastro-colonoscopies), poursuit-il. Les hôpitaux sont en train d’utiliser les médicaments qui leur restent en stock, mais une fois ces derniers épuisés, nous serons contraints d’annuler toutes les opérations chirurgicales, étant donné que le processus d’importation est complètement freiné.»
Cet état de stagnation est principalement dû, selon lui, au retard de la Banque du Liban dans le déblocage de sommes suffisantes pour l’importation des nouvelles cargaisons de médicaments. «On ne peut pas pointer du doigt un seul responsable de cette crise, fait remarquer M. Haroun. Nous vivons dans un pays où l’État est défaillant. Il y a, surtout et avant tout, un manque de prévision. Nous avons informé le ministère de la Santé de la situation, mais, pour le moment, nous n’avons reçu aucune promesse de la part des fournisseurs.»
Pas de pénurie immédiate
Une source rattachée aux sociétés importatrices des médicaments a, toutefois, indiqué pour Ici Beyrouth que le ministère de la Santé a mené sa propre enquête et a conclu qu’«aucune crise immédiate» d’anesthésiques prévaut actuellement au Liban. Du même milieu, on assure que le ministère est en train de prendre «les mesures nécessaires pour qu’une éventuelle pénurie n’ait pas lieu dans l’avenir et ceci en accélérant le processus de préapprobation mis en œuvre pour l’importation des médicaments».
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