©La directrice générale du FMI Kristalina Georgieva. (AFP)
"La guerre est incompatible avec la coopération", a déclaré le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire en ouverture, en exhortant la Russie à "s'abstenir de participer aux réunions du G20". Son homologue russe Anton Silouanov a rétorqué: "le G20 a toujours été et reste avant tout un forum économique".
Cette instance réunit les vingt grandes économies mondiales dont les États-Unis, le Canada, la Chine, l'Inde, le Brésil, le Japon, la France et l'Allemagne.
Boycott
À défaut d'obtenir l'exclusion de Moscou, des ministres dont la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen ont décidé de boycotter les sessions où les responsables russes devaient prendre la parole. "Les réunions de cette semaine à Washington ont pour but de soutenir l'économie mondiale et l'invasion illégale de l'Ukraine par la Russie constitue une grave menace pour l'économie mondiale", a tweeté la vice-Première ministre canadienne Chrystia Freeland. "La Russie ne devrait pas participer ou être incluse dans ces réunions", a-t-elle ajouté, postant aussi une photo montrant des responsables occidentaux ayant "quitté la plénière du G20 lorsque la Russie a cherché à intervenir".
"De nombreux ministres des Finances et banquiers centraux dont (...) (Janet) Yellen sont sortis quand la Russie a commencé à parler", avait confirmé plus tôt une source proche de la délégation américaine. "D'autres ministres et gouverneurs, qui étaient en virtuel, ont éteint leur caméra". A Londres aussi, on souligne que les représentants britanniques ont quitté la salle. Cet incident s'est déroulé "sans perturber" les discussions, a toutefois assuré Sri Mulyani Indrawati, la ministre indonésienne des Finances lors d'une conférence de presse.
Les ministres du G7 ont par ailleurs obtenu que le ministre ukrainien des Finances Serguiï Marchenko participe à cette réunion bien que l'Ukraine ne soit pas membre du G20.
Tribune pour Moscou?
A contrario, le ministre allemand des Finances Christian Lindner a défendu la volonté de Berlin de participer à toutes les sessions y compris celles en présence des responsables russes. "Nous n'offrirons pas une tribune à la Russie pour diffuser sa propagande et ses mensonges", a-t-il déclaré à des journalistes à Washington où la réunion du G20 se tient en présence de certains de ses homologues, d'autres ayant opté pour le mode virtuel.
Selon une source proche de la délégation allemande, M. Lindner a d'ailleurs "contesté énergiquement" des prises de position des responsables russes. C'est la première fois que les grands argentiers du G20 se retrouvaient depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février. Ils s'étaient quittés à Jakarta, en Indonésie, le 18 février, sur la promesse de se coordonner pour une reprise mondiale "plus forte". L'offensive russe a au contraire assombri les perspectives, aggravant l'inflation et provoquant une crise alimentaire.
Le ministre russe a, lui, incriminé les sanctions. "A l'évidence, avec les sanctions, l'approvisionnement du marché est artificiellement restreint, ce qui provoque un déséquilibre et une forte hausse des prix", a-t-il estimé. La directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, a elle exhorté les pays à continuer leur coopération malgré les tensions. "Les membres ont souligné le rôle crucial du G20 comme premier forum de coopération économique", a déclaré la ministre indonésienne.
Les pays ont fort à faire alors que la croissance mondiale est menacée: le FMI ne table plus que sur 3,6% cette année et s'attend à un ralentissement plus marqué si la guerre et les sanctions s'aggravent. Avant le G20, le FMI et la Banque mondiale avaient appelé à ne pas oublier l'essentiel de ces réunions: assurer la sécurité alimentaire et mettre en œuvre le "cadre commun" du G20 pour restructurer la dette des pays pauvres.
"Il y a eu de nombreuses discussions sur la transparence" de la dette, a indiqué Sri Mulyani Indrawati. "Certains pays membres ont appelé à un mécanisme plus crédible, prévisible et dans les meilleurs délais". Mais la mise en oeuvre de ce cadre patine en raison d'une faible participation de la Chine, principal pays créancier des pays pauvres.
Avec AFP
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