©Le Pavilion libanais
Photo by Federico Vespignani © LVAA
Le Liban, présent au sein de l’Arsenal dans le cadre de la 59e exposition internationale d’art – La Biennale di Venezia, met en lumière la création contemporaine libanaise et fait rayonner le pays dans le monde grâce à son art et sa culture.
Durant l’inauguration du Pavillon libanais à Venise, la commissaire du Pavillon, Nada Ghandour, était entourée des deux artistes: la cinéaste et vidéaste Danielle Arbid et le plasticien Ayman Baalbaki, de la scénographe du Pavillon, architecte et fondatrice de Culture in Architecture, Aline Asmar d’Amman, de Libanais venus nombreux, d’amis du Liban, et des représentants des institutions partenaires. L’ambassadrice du Liban en Italie, S.E. Mme Mira Daher, a fait le voyage de Rome pour assister à l’inauguration et soutenir le Pavillon.
Placé sous l’égide du ministère de la Culture et organisé par la Lebanese Visual Art Association (LVAA), le Pavillon libanais à la Biennale Arte 2022 invite à un voyage symbolique dans notre monde contemporain grâce à un thème, Le monde à l’image de l’Homme, une ville, Beyrouth, et les deux artistes Danielle Arbid et Ayman Baalbaki, qui entretiennent un dialogue politique et esthétique à travers deux œuvres si lointaines et pourtant si proches. Chaque œuvre a son économie, son sujet, son histoire et ses codes. Pourtant, face à face au sein du Pavillon et reliés par ce thème sans frontière, les deux artistes se répondent pour mettre en espace l’action perpétuelle de l’imaginaire humain sur la réalité du monde.
Dans son allocution d’ouverture, Nada Ghandour a souligné: «Je suis très honorée d’assurer le commissariat général du Pavillon. Sous l’égide du ministère de la Culture, que je remercie pour sa confiance, je me suis engagée à promouvoir l’excellence de la scène artistique libanaise. La présence du Pavillon libanais à l'Arsenal est un moment d'immense fierté, surtout dans la situation si difficile que traverse notre pays. Avec cette participation, c'est un signal fort que nous envoyons aux artistes libanais, pour les encourager et leur montrer qu'ils sont soutenus, et également pour promouvoir et préserver la scène artistique libanaise qui représente un secteur important de notre pays».
Photo: La directrice de Culture in Architecture, Laetitia Wertheim, l’architecte et fondatrice de Culture in Architecture, Aline Asmar d'Amman, le plasticien Ayman Baalbaki, la conservatrice du Patrimoine et commissaire du Pavillon Nada Ghandour, la cinéaste et vidéaste Danielle Arbid et la curatrice adjointe Dina Bizri.
Photo by Federico Vespignani © LVAA
Janus Gate, l’installation monumentale et ambitieuse proposée par Ayman Baalbaki, et Allô Chérie, la turbulente œuvre vidéo de Danielle Arbid, prennent toutes deux pour point de départ les rues de Beyrouth. Les deux artistes dialoguent avec l’urbanité polysémique de cette ville qui incarne aussi bien le Liban que le monde, en la représentant au cœur des soubresauts de la crise mondiale et de l’instabilité émotionnelle de notre relation technologisée au monde.
Ayman Baalbaki nous présente une installation biface, à l’image d’une Beyrouth fragmentée qui, tout comme le dieu latin Janus, oscille en permanence entre passé et futur, entre menaces et promesses, entre coulisses et façades, entre paix et guerre. L’espace public est représenté par de flamboyantes bâches publicitaires qui rappellent la devanture des immeubles en construction, si nombreux à Beyrouth. A l’arrière, l’envers du décor est celui d’une pauvre guérite de gardien, triste cabane de bidonville. Entre les deux, une porte qui demeure entrouverte, pour que l’on puisse basculer d’un côté ou de l’autre.
En écho à cette fragmentation de Beyrouth, dans Allô Chérie, Danielle Arbid traite à sa manière une perception perturbée de l’espace et du temps, accentuée par ses images tournées par un téléphone portable qui révèlent la concurrence accrue entre mondes physique et virtuel. Danielle Arbid nous embarque dans une voiture avec sa propre mère, dans une quête frénétique d’argent à travers les rues de Beyrouth, aussi intime que politique quand on connaît la crise qui ravage le Liban aujourd’hui. Le panorama de Beyrouth défile sous nos yeux à travers le pare-brise, renforçant encore l’ambiguïté entre espace public et espace privé.
Les deux artistes explorent ces multiples espace-temps et lignes de démarcation pour nous immerger dans un récit chargé et explosif, renforcé par leur mise en espace divisée. Ainsi, dans Allô Chérie, la superposition du son et de l’image, captés séparément, est accentuée par l’utilisation, pour la première fois dans le travail de Danielle Arbid, de la technique du split screen. A la manière d’un jeu vidéo, nous basculons avec elle tantôt à droite, tantôt à gauche, et nous pénétrons dans son œuvre comme nous passons à travers Janus Gate.
De son côté, Ayman Baalbaki, multiplie les types d’intervention plastiques: vandalisées, déchirées, taguées, brûlées, percées, brisées, rehaussées de peinture projetée, les bâches composent des espaces en trompe-l’œil. Elles troublent tous les repères spatiaux et temporels.
En plus d’être le lieu d’une création esthétique, cette exposition propose à tous les Libanais, qui habitent dans leur pays ou que la diaspora a éloignés, un espace d’échange symbolique sur leur histoire et sur la société d’aujourd’hui grâce au dialogue incarné par les deux artistes: Ayman Baalbaki, qui vit et travaille au Liban, et Danielle Arbid, qui a quitté son pays natal à l’âge de 17 ans mais qui n’a cessé de s’en inspirer depuis lors.
La dimension politique des deux œuvres est plus que jamais justifiée à la lumière de la situation actuelle du Liban. Elles mettent toutes deux en scène les contradictions et les difficultés du pays à travers leurs symptômes. La course effrénée en quête d’argent est indissociable de la violence qui fait rage aujourd’hui au Liban. La spéculation immobilière, qui promet du rêve, cache la ruine et trompe sur la marchandise. L’angoisse face à l’implosion économique et politique du Liban s’expose de plus en plus. Avec leurs propres moyens, et marchant sur le fil de l’éternel retour, tous deux mettent à vif la chair du Liban dans son chaos et dans sa beauté.
La Scénographie
La scénographie du Pavillon devait répondre au projet curatorial, à savoir la notion de dialogue qui est cruciale dans l’esprit de ce projet.
En écho aux œuvres de Danielle Arbid et d’Ayman Baalbaki, l’architecte Aline Asmar d’Amman propose un circuit au cœur du Liban qui «prend la forme d’une coquille elliptique brute évoquant l’éternel vœu d’unité. La forme géométrique enveloppante invite les œuvres à dialoguer sans artifice, en vis-à-vis, raccourcissant les distances, comme dans une conversation innée et naturelle».
L’architecture brute du Pavillon libanais fait référence aux ruines contemporaines du paysage urbain libanais, «l'Œuf» du centre-ville de Joseph Philippe Karam et le bâtiment de la foire internationale «Rashid Karamé» d’Oscar Niemeyer à Tripoli .
Cet écrin scénographique d’environ 150 m2, dérivé de l’architecture brutaliste qui a fleuri au Liban à partir des années 1960, fait écho à la déambulation dans Beyrouth d’Ayman Baalbaki et de Danielle Arbid. L’enceinte est revêtue de panneaux incurvés peints de texture bétonnée évoquant cette ville en reconstruction permanente.
Dès l’entrée au Pavillon du Liban, le visiteur est confronté à l’œuvre d’Ayman Baalbaki avant d’être interpellé par la vidéo de Danielle Arbid, projetée à même la peau des murs de l’enceinte.
Selon Aline Asmar d’Amman, le choix de la radicalité du geste et des matériaux de scénographie témoigne d’une volonté de sobriété assumée en réponse à la situation actuelle du pays.
Le Comité Scientifique
Le comité scientifique, instance consultative composée de spécialistes nationaux et internationaux, avait pour rôle de créer un environnement d’échanges, de réflexions et de discussions avec les artistes et l'architecte-scénographe et de fournir des recommandations.
Ce comité était composé de Nada Ghandour, conservatrice du Patrimoine et commissaire du Pavillon libanais, Jean-François Charnier, conservateur général du Patrimoine, directeur scientifique à l’AFALULA, de Louma Salamé, directrice de la Fondation Boghossian - Villa Empain à Bruxelles, d’Annabelle Ténèze, conservatrice en chef du Patrimoine, directrice des Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse.
Les Partenaires du Projet
Ramzi & Saeda Dalloul Art Foundation (DAF), Groupe Vital, Elie Khouri Art Foundation, Catawiki et la Fondation Boghossian.
Informations pratiques:
59e exposition internationale d’art - La Biennale di Venezia
23 Avril - 27 Novembre 2022
www.lebanesepavilionvenice.com
Facebook/ Instagram: @LebanesePavilionVenice2022
Durant l’inauguration du Pavillon libanais à Venise, la commissaire du Pavillon, Nada Ghandour, était entourée des deux artistes: la cinéaste et vidéaste Danielle Arbid et le plasticien Ayman Baalbaki, de la scénographe du Pavillon, architecte et fondatrice de Culture in Architecture, Aline Asmar d’Amman, de Libanais venus nombreux, d’amis du Liban, et des représentants des institutions partenaires. L’ambassadrice du Liban en Italie, S.E. Mme Mira Daher, a fait le voyage de Rome pour assister à l’inauguration et soutenir le Pavillon.
Placé sous l’égide du ministère de la Culture et organisé par la Lebanese Visual Art Association (LVAA), le Pavillon libanais à la Biennale Arte 2022 invite à un voyage symbolique dans notre monde contemporain grâce à un thème, Le monde à l’image de l’Homme, une ville, Beyrouth, et les deux artistes Danielle Arbid et Ayman Baalbaki, qui entretiennent un dialogue politique et esthétique à travers deux œuvres si lointaines et pourtant si proches. Chaque œuvre a son économie, son sujet, son histoire et ses codes. Pourtant, face à face au sein du Pavillon et reliés par ce thème sans frontière, les deux artistes se répondent pour mettre en espace l’action perpétuelle de l’imaginaire humain sur la réalité du monde.
Dans son allocution d’ouverture, Nada Ghandour a souligné: «Je suis très honorée d’assurer le commissariat général du Pavillon. Sous l’égide du ministère de la Culture, que je remercie pour sa confiance, je me suis engagée à promouvoir l’excellence de la scène artistique libanaise. La présence du Pavillon libanais à l'Arsenal est un moment d'immense fierté, surtout dans la situation si difficile que traverse notre pays. Avec cette participation, c'est un signal fort que nous envoyons aux artistes libanais, pour les encourager et leur montrer qu'ils sont soutenus, et également pour promouvoir et préserver la scène artistique libanaise qui représente un secteur important de notre pays».
Photo: La directrice de Culture in Architecture, Laetitia Wertheim, l’architecte et fondatrice de Culture in Architecture, Aline Asmar d'Amman, le plasticien Ayman Baalbaki, la conservatrice du Patrimoine et commissaire du Pavillon Nada Ghandour, la cinéaste et vidéaste Danielle Arbid et la curatrice adjointe Dina Bizri.
Photo by Federico Vespignani © LVAA
Janus Gate, l’installation monumentale et ambitieuse proposée par Ayman Baalbaki, et Allô Chérie, la turbulente œuvre vidéo de Danielle Arbid, prennent toutes deux pour point de départ les rues de Beyrouth. Les deux artistes dialoguent avec l’urbanité polysémique de cette ville qui incarne aussi bien le Liban que le monde, en la représentant au cœur des soubresauts de la crise mondiale et de l’instabilité émotionnelle de notre relation technologisée au monde.
Ayman Baalbaki nous présente une installation biface, à l’image d’une Beyrouth fragmentée qui, tout comme le dieu latin Janus, oscille en permanence entre passé et futur, entre menaces et promesses, entre coulisses et façades, entre paix et guerre. L’espace public est représenté par de flamboyantes bâches publicitaires qui rappellent la devanture des immeubles en construction, si nombreux à Beyrouth. A l’arrière, l’envers du décor est celui d’une pauvre guérite de gardien, triste cabane de bidonville. Entre les deux, une porte qui demeure entrouverte, pour que l’on puisse basculer d’un côté ou de l’autre.
En écho à cette fragmentation de Beyrouth, dans Allô Chérie, Danielle Arbid traite à sa manière une perception perturbée de l’espace et du temps, accentuée par ses images tournées par un téléphone portable qui révèlent la concurrence accrue entre mondes physique et virtuel. Danielle Arbid nous embarque dans une voiture avec sa propre mère, dans une quête frénétique d’argent à travers les rues de Beyrouth, aussi intime que politique quand on connaît la crise qui ravage le Liban aujourd’hui. Le panorama de Beyrouth défile sous nos yeux à travers le pare-brise, renforçant encore l’ambiguïté entre espace public et espace privé.
Les deux artistes explorent ces multiples espace-temps et lignes de démarcation pour nous immerger dans un récit chargé et explosif, renforcé par leur mise en espace divisée. Ainsi, dans Allô Chérie, la superposition du son et de l’image, captés séparément, est accentuée par l’utilisation, pour la première fois dans le travail de Danielle Arbid, de la technique du split screen. A la manière d’un jeu vidéo, nous basculons avec elle tantôt à droite, tantôt à gauche, et nous pénétrons dans son œuvre comme nous passons à travers Janus Gate.
De son côté, Ayman Baalbaki, multiplie les types d’intervention plastiques: vandalisées, déchirées, taguées, brûlées, percées, brisées, rehaussées de peinture projetée, les bâches composent des espaces en trompe-l’œil. Elles troublent tous les repères spatiaux et temporels.
En plus d’être le lieu d’une création esthétique, cette exposition propose à tous les Libanais, qui habitent dans leur pays ou que la diaspora a éloignés, un espace d’échange symbolique sur leur histoire et sur la société d’aujourd’hui grâce au dialogue incarné par les deux artistes: Ayman Baalbaki, qui vit et travaille au Liban, et Danielle Arbid, qui a quitté son pays natal à l’âge de 17 ans mais qui n’a cessé de s’en inspirer depuis lors.
La dimension politique des deux œuvres est plus que jamais justifiée à la lumière de la situation actuelle du Liban. Elles mettent toutes deux en scène les contradictions et les difficultés du pays à travers leurs symptômes. La course effrénée en quête d’argent est indissociable de la violence qui fait rage aujourd’hui au Liban. La spéculation immobilière, qui promet du rêve, cache la ruine et trompe sur la marchandise. L’angoisse face à l’implosion économique et politique du Liban s’expose de plus en plus. Avec leurs propres moyens, et marchant sur le fil de l’éternel retour, tous deux mettent à vif la chair du Liban dans son chaos et dans sa beauté.
La Scénographie
La scénographie du Pavillon devait répondre au projet curatorial, à savoir la notion de dialogue qui est cruciale dans l’esprit de ce projet.
En écho aux œuvres de Danielle Arbid et d’Ayman Baalbaki, l’architecte Aline Asmar d’Amman propose un circuit au cœur du Liban qui «prend la forme d’une coquille elliptique brute évoquant l’éternel vœu d’unité. La forme géométrique enveloppante invite les œuvres à dialoguer sans artifice, en vis-à-vis, raccourcissant les distances, comme dans une conversation innée et naturelle».
L’architecture brute du Pavillon libanais fait référence aux ruines contemporaines du paysage urbain libanais, «l'Œuf» du centre-ville de Joseph Philippe Karam et le bâtiment de la foire internationale «Rashid Karamé» d’Oscar Niemeyer à Tripoli .
Cet écrin scénographique d’environ 150 m2, dérivé de l’architecture brutaliste qui a fleuri au Liban à partir des années 1960, fait écho à la déambulation dans Beyrouth d’Ayman Baalbaki et de Danielle Arbid. L’enceinte est revêtue de panneaux incurvés peints de texture bétonnée évoquant cette ville en reconstruction permanente.
Dès l’entrée au Pavillon du Liban, le visiteur est confronté à l’œuvre d’Ayman Baalbaki avant d’être interpellé par la vidéo de Danielle Arbid, projetée à même la peau des murs de l’enceinte.
Selon Aline Asmar d’Amman, le choix de la radicalité du geste et des matériaux de scénographie témoigne d’une volonté de sobriété assumée en réponse à la situation actuelle du pays.
Le Comité Scientifique
Le comité scientifique, instance consultative composée de spécialistes nationaux et internationaux, avait pour rôle de créer un environnement d’échanges, de réflexions et de discussions avec les artistes et l'architecte-scénographe et de fournir des recommandations.
Ce comité était composé de Nada Ghandour, conservatrice du Patrimoine et commissaire du Pavillon libanais, Jean-François Charnier, conservateur général du Patrimoine, directeur scientifique à l’AFALULA, de Louma Salamé, directrice de la Fondation Boghossian - Villa Empain à Bruxelles, d’Annabelle Ténèze, conservatrice en chef du Patrimoine, directrice des Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse.
Les Partenaires du Projet
Ramzi & Saeda Dalloul Art Foundation (DAF), Groupe Vital, Elie Khouri Art Foundation, Catawiki et la Fondation Boghossian.
Informations pratiques:
59e exposition internationale d’art - La Biennale di Venezia
23 Avril - 27 Novembre 2022
www.lebanesepavilionvenice.com
Facebook/ Instagram: @LebanesePavilionVenice2022
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