©Une vague de mécontentement venant des vendeurs et usagers balaie les plateformes d'e-commerce, comme c'est le cas d'Amazon. Ici, des travailleurs d'Amazon protestent contre les conditions de travail dans le nord de la France, le 14 avril 2022. (AFP)
Les plateformes en ligne telles qu'Amazon, Uber, Etsy, Video ou Onlyfans font face à une vague de mécontentement de la part de leurs employés et vendeurs, qui leur reprochent des commissions trop élevées et une véritable exploitation salariale avec des salaires bas, alors que leurs profits sont au plus haut. Une situation de moins en moins gérable pour ces entreprises qui peinent à contenir ces mutineries.
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Jak pensait avoir trouvé la perle rare avec Etsy, le site d'e-commerce spécialisé dans les créations artisanales. Cinq ans plus tard, le vendeur en ligne vient grossir les rangs des déçus et en colère par les conditions d'utilisation de la plateforme. "Nous avons été attirés par le côté "petits commerces, faibles commissions, bonne place de marché", mais une fois que nous nous sommes bien installés, ils ont commencé à resserrer leur étau et à nous saigner à blanc", a indiqué le trentenaire, qui gère son magasin en ligne depuis Glasgow (Ecosse).
Etsy, basée à New York, revendique plus de 5 milliards de ventes annuelles, avec 5 millions d'utilisateurs et 90 millions d'acheteurs. Elle a récemment provoqué la fureur de ses vendeurs en augmentant les frais prélevés sur chaque transaction (à 6,5% au lieu de 5%). Plus de 10.000 d'entre eux ont décidé de fermer boutique pendant une semaine, à partir du 11 avril, pour une "grève" d'un nouveau genre.
Kristy Cassidy, une vendeuse de vêtements gothiques et de robes de mariées de Rhode Island (Etats-Unis), a mené l'offensive contre la nouvelle politique d'Etsy. "Plutôt que de récompenser les vendeurs, dont le travail lui a permis de devenir l'une des entreprises tech les plus profitables au monde, Etsy nous arnaque, nous ignore, et adopte une attitude condescendante", a-t-elle déclaré dans une pétition en ligne, qui revendique aujourd'hui plus de 80.000 signatures.
Des vendeurs du monde entier ont rejoint son appel, certains accusant la plateforme d'autoriser l'arrivée massive d'objets fabriqués en ateliers, ou d'imposer un coûteux système de surveillance. "Quand nous comparons nos commissions à celles des autres plateformes... nous pensons être équitables", a répondu mi-avril au Wall Street Journal le patron du groupe, Josh Silverman.
Même colère quelques semaines plus tôt chez les utilisateurs de la plateforme de partage de video Vimeo, après une hausse des prix, ou chez ceux de la plateforme OnlyFans, connue pour ses contenus sexuellement explicites. Le géant de la vente en ligne Amazon a eu, lui aussi, d'innombrables conflits avec ses vendeurs. Selon une récente enquête en Allemagne, près de 80% d'entre eux se déclaraient insatisfaits de leur relation avec l'entreprise. Uber fait face lui aussi à des mutineries: en Inde, les chauffeurs refusent actuellement de mettre l'air conditionné pour protester contre la hausse du prix de l'essence et les tarifs bas des courses.
Une rébellion contre les plateformes d'e-commerce
"Nous entrons maintenant dans une période de révolte et de rébellion", affirme Vili Lehdonvirta, professeur à l'université d'Oxford, qui s'attaque au pouvoir des plateformes dans un livre à venir, "Cloud Empires" (Les empereurs du cloud). Pour lui, beaucoup de ces mouvements ont peu de chance de succès à court terme, mais à long terme, la perspective est moins certaine.
Selon Vidi Lehdonvirta, le comportement d'Etsy a un petit air de déjà vu, chez Amazon ou eBay par exemple: les plateformes créent un espace protégé ou vendeurs et acheteurs peuvent se retrouver, avec des garanties en matière de sécurité et de standards de qualité. Et puis leur domination devient trop forte.
Au sein du think-tank allemand Iza, le spécialiste du marché du travail Werner Eichhorst estime que des entreprises comme Etsy, Uber, ou les livreurs de repas ont des modèles "très ambigus" qui leur permettent d'exercer "un pouvoir complet d'appropriation et de surveillance" sur leurs utilisateurs. Pour lui, les investisseurs dans Etsy - cotée depuis 2015 à la Bourse de New York - semblent plus intéressés par les profits que par le bien-être des vendeurs, et il ne serait pas forcément surprenant qu'Etsy augmente encore sa commission.
Les deux observateurs invitent toutefois les plateformes à être prudentes, car leurs vendeurs peuvent décider de partir ailleurs, ou de fonder des coopératives.
Avec AFP
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Jak pensait avoir trouvé la perle rare avec Etsy, le site d'e-commerce spécialisé dans les créations artisanales. Cinq ans plus tard, le vendeur en ligne vient grossir les rangs des déçus et en colère par les conditions d'utilisation de la plateforme. "Nous avons été attirés par le côté "petits commerces, faibles commissions, bonne place de marché", mais une fois que nous nous sommes bien installés, ils ont commencé à resserrer leur étau et à nous saigner à blanc", a indiqué le trentenaire, qui gère son magasin en ligne depuis Glasgow (Ecosse).
Etsy, basée à New York, revendique plus de 5 milliards de ventes annuelles, avec 5 millions d'utilisateurs et 90 millions d'acheteurs. Elle a récemment provoqué la fureur de ses vendeurs en augmentant les frais prélevés sur chaque transaction (à 6,5% au lieu de 5%). Plus de 10.000 d'entre eux ont décidé de fermer boutique pendant une semaine, à partir du 11 avril, pour une "grève" d'un nouveau genre.
Kristy Cassidy, une vendeuse de vêtements gothiques et de robes de mariées de Rhode Island (Etats-Unis), a mené l'offensive contre la nouvelle politique d'Etsy. "Plutôt que de récompenser les vendeurs, dont le travail lui a permis de devenir l'une des entreprises tech les plus profitables au monde, Etsy nous arnaque, nous ignore, et adopte une attitude condescendante", a-t-elle déclaré dans une pétition en ligne, qui revendique aujourd'hui plus de 80.000 signatures.
Des vendeurs du monde entier ont rejoint son appel, certains accusant la plateforme d'autoriser l'arrivée massive d'objets fabriqués en ateliers, ou d'imposer un coûteux système de surveillance. "Quand nous comparons nos commissions à celles des autres plateformes... nous pensons être équitables", a répondu mi-avril au Wall Street Journal le patron du groupe, Josh Silverman.
Même colère quelques semaines plus tôt chez les utilisateurs de la plateforme de partage de video Vimeo, après une hausse des prix, ou chez ceux de la plateforme OnlyFans, connue pour ses contenus sexuellement explicites. Le géant de la vente en ligne Amazon a eu, lui aussi, d'innombrables conflits avec ses vendeurs. Selon une récente enquête en Allemagne, près de 80% d'entre eux se déclaraient insatisfaits de leur relation avec l'entreprise. Uber fait face lui aussi à des mutineries: en Inde, les chauffeurs refusent actuellement de mettre l'air conditionné pour protester contre la hausse du prix de l'essence et les tarifs bas des courses.
Une rébellion contre les plateformes d'e-commerce
"Nous entrons maintenant dans une période de révolte et de rébellion", affirme Vili Lehdonvirta, professeur à l'université d'Oxford, qui s'attaque au pouvoir des plateformes dans un livre à venir, "Cloud Empires" (Les empereurs du cloud). Pour lui, beaucoup de ces mouvements ont peu de chance de succès à court terme, mais à long terme, la perspective est moins certaine.
Selon Vidi Lehdonvirta, le comportement d'Etsy a un petit air de déjà vu, chez Amazon ou eBay par exemple: les plateformes créent un espace protégé ou vendeurs et acheteurs peuvent se retrouver, avec des garanties en matière de sécurité et de standards de qualité. Et puis leur domination devient trop forte.
Au sein du think-tank allemand Iza, le spécialiste du marché du travail Werner Eichhorst estime que des entreprises comme Etsy, Uber, ou les livreurs de repas ont des modèles "très ambigus" qui leur permettent d'exercer "un pouvoir complet d'appropriation et de surveillance" sur leurs utilisateurs. Pour lui, les investisseurs dans Etsy - cotée depuis 2015 à la Bourse de New York - semblent plus intéressés par les profits que par le bien-être des vendeurs, et il ne serait pas forcément surprenant qu'Etsy augmente encore sa commission.
Les deux observateurs invitent toutefois les plateformes à être prudentes, car leurs vendeurs peuvent décider de partir ailleurs, ou de fonder des coopératives.
Avec AFP
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