Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors de sa conférence de presse avec les médias internationaux dans une station de métro souterraine à Kiev. Zelensky a critiqué la décision du Secrétaire général de l'ONU de se rendre à Moscou le 26 avril, avant de se rendre à Kiev. (AFP)
Deux mois jour pour jour après le début de l'invasion russe de l'Ukraine, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken et le ministre de la Défense Lloyd Austin sont attendus à Kiev dimanche.
A part la volonté de Washington de montrer son soutien indéfectible à Kiev, cette visite intervient alors que la Maison-Blanche a invité 40 pays alliés à se retrouver mardi prochain en Allemagne. Le président Biden veut discuter avec ses alliés de la manière de soutenir l'Ukraine à long terme.
En effet, les capitales s'attendent à un conflit appelé à durer. Surtout après l'affirmation russe, survenue vendredi, que Moscou entend occuper non seulement l'est de l'Ukraine, le bassin du Donbass, mais également tout le littoral de la mer Noire et de la mer d'Azov afin "d’assurer un couloir terrestre vers la Crimée".
Moscou va encore plus loin en affirmant que l'occupation de ce littoral aura pour but de "peser sur des infrastructures vitales de l’économie ukrainienne, les ports de la mer Noire à travers lesquelles se font les exportations de produits agricoles et métallurgiques ",
Le général russe, qui a fait ces déclarations vendredi, a quand même assuré que le but de la Russie n'a jamais été d'occuper l'Ukraine...
Samedi, la menace russe a été mise à exécution avec des frappes meurtrières sur Odessa, troisième ville du pays et principal port sur la mer Noire. Cette ville historique est, d'autant plus, une étape importante du plan russe, car elle se trouve à quelques encablures de la frontière moldave.
La Russie de Poutine a créé dans ce pays, considéré comme le plus pauvre d'Europe, une région séparatiste, la Transnistrie, érigée en "république populaire" par le Kremlin. L'armée russe y tient même une garnison.
Une visite cruciale donc, à un moment encore plus décisif. L'armée ukrainienne aura le mot final: résister à l'envahisseur et l'empêcher de réaliser ses plans, ou craquer sous sa machine de guerre.
Or l'armée russe a montré qu'elle est moins bien performante que ne le laissait penser la propagande du Kremlin. Les Ukrainiens, par contre, ont opposé une farouche résistance aux troupes de Poutine, bien au-delà des espérances des alliés occidentaux.
Mais, pour poursuivre, Kiev aura besoin davantage de sanctions contre Moscou et d'armes pour son armée. C'est ce que le président Zelensky ne manquera pas de demander à son hôte américain.
G.F.H.
Un soldat ukrainien attend l'heure de la relève à un poste de contrôle à Bakhmut, dans l'est de l'Ukraine
Zelensky réitère son appel à une réunion avec Poutine
M. Zelensky a parallèlement de nouveau appelé à rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine "pour mettre fin à la guerre".
"Je pense que celui qui a commencé cette guerre pourra y mettre fin", a affirmé M. Zelensky lors d'une conférence de presse à l'intérieur d'une station de métro du centre-ville de Kiev, répétant qu'"il n'avait pas peur de rencontrer" (M. Poutine) si cela permettait de parvenir à un accord de paix entre la Russie et l'Ukraine.
"J'ai insisté dès le début sur les négociations avec le président russe", a-t-il rappelé. Et d'ajouter: "Ce n'est pas que je veux (le rencontrer), c'est que je dois le rencontrer de façon à régler ce conflit par la voie diplomatique".
"Nous avons confiance en nos partenaires, mais il n'y a aucune confiance avec la Russie", a-t-il toutefois déclaré.
Une photo prise de Pryvillia montre de la fumée s'élevant après les bombardements à Rubizhne, les deux localités sont situées à l'est de l'Ukraine. (AFP)
Siège des militaires ukrainiens à Marioupol
Le président ukrainien a par ailleurs prévenu que Kiev abandonnerait les négociations avec Moscou si les militaires ukrainiens retranchés dans le vaste complexe métallurgique d'Azovstal à Marioupol dans le sud-est de l'Ukraine sont tués par l'armée russe.
"Si nos hommes sont tués à Marioupol et si des pseudo-referendums sont organisés dans la région de Kherson, alors l'Ukraine se retirera de tout processus de négociation", a-t-il affirmé.
Il s'est aussi dit "prêt" à "un échange de nos militaires qui défendent Marioupol", sous "n'importe quel format", pour sortir "ces gens qui se trouvent dans une situation horrible, encerclés".
Il a précisé que "le dernier contact" avec les soldats retranchés dans les souterrains de l'immense usine Azovstal remontait "à il y a une heure".
"Aujourd'hui est l'un des jours les plus durs" depuis le début du siège russe sur Marioupol, début mars, a-t-il dit. Vladimir Poutine avait ordonné jeudi d'assiéger, sans assaut, l'usine Azovstal.
Énième tentative manquée d'évacuation
Par ailleurs, une nouvelle tentative d'évacuation de civils de Marioupol vers la ville de Zaporijia a échoué, a indiqué samedi un adjoint au maire de Marioupol sur son compte Telegram.
Selon Petro Andriouchtchenko, quelque 200 habitants avaient commencé à se rassembler pour être évacués lorsqu'ils ont été "dispersés" par l'armée russe. Certains auraient été ensuite contraints de monter dans des bus en partance pour une localité occupée par les Russes, à 80 km au nord.
Plusieurs couloirs humanitaires ont déjà dû être annulés à Marioupol, que Moscou assure avoir "libéré". Moscou et Kiev se sont rejetés la responsabilité de ces échecs.
Frappes sur Odessa
Deux missiles ont touché une installation militaire, et deux autres des immeubles d'habitation, selon l'armée de l'air. Deux autres encore ont été détruits par le système de défense anti-aérienne, toujours selon cette même source.
L'armée russe a pour sa part affirmé samedi avoir visé avec des "missiles de haute précision" un terminal logistique de l'aérodrome militaire près d'Odessa abritant des armes livrées aux forces ukrainiennes par les Etats-Unis et des pays européens.
Une excavatrice creuse une longue tranchée en prévision des durs combats à venir dans un champ à Bakhmut, dans l'est de l'Ukraine
1000 frappes en 24 heures
Samedi matin, l'armée russe a dit avoir procédé durant les dernières 24 heures à 1.098 frappes avec de l'artillerie et des roquettes.
"Ils bombardent littéralement tout (...) tout le temps, H24", a écrit sur sa chaîne Telegram le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaidai, appelant la population à évacuer. Il a ensuite annoncé deux morts à Zolote après des tirs d'artillerie russe.
Dans la même région, six civils ont trouvé la mort, victimes de frappes russes près du village de Guirské.
Également dans l'est, le gouverneur de Kharkiv, Oleg Synegoubov, a indiqué sur Telegram la reprise par les forces ukrainiennes "après de longs combats acharnés" de trois villages au nord de Kharkiv.
Trois personnes ont été tuées et sept autres blessées dans des bombardements russes à Kharkiv, selon M. Synegoubov.
Pâque orthodoxe
Zelensky s'insurge contre Guterres
L'ONU a répertorié vendredi une série d'actions des militaires russes "pouvant relever de crimes de guerre". Le chef de l'ONU Antonio Guterres se rendra mardi à Moscou pour y rencontrer M. Poutine, et dans la foulée en Ukraine pour voir M. Zelensky.
Une chronologie dénoncée par le président ukrainien: "C'est simplement erroné d'aller d'abord en Russie, puis en Ukraine", a-t-il déclaré. "Il n’y a aucune justice et aucune logique dans cet ordre", a-t-il ajouté.
Le nombre de réfugiés ukrainiens fuyant l'invasion russe approche des 5,2 millions, selon l'ONU. Plus de 7,7 millions de personnes ont quitté leur foyer, mais se trouvent toujours en Ukraine.
Avec AFP
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