Bélarus: la cheffe de l'opposition réclame une action plus ferme de l'UE
La cheffe de l'opposition bélarusse Svetlana Tikhanovskaïa a lancé mercredi un appel urgent à l'Union européenne pour qu'elle agisse plus fermement contre le régime d'Alexandre Loukachenko, devant le Parlement européen.
« Il est déjà tard ! », a déclaré Mme Tikhanovskaïa, dans l'hémicycle du Parlement à Strasbourg, où elle avait reçu un an plus tôt le prix Sakharov de défense des droits de l'Homme au nom de « l'opposition démocratique » du Bélarus.

« Pendant que l'Europe hésite, le temps passe pour ceux qui sont injustement emprisonnés, tués, ou exilés. Le temps se mesure différemment pour les Bélarusses », a souligné Svetlana Tikhanovskaïa, désormais en exil, dans un discours de trente minutes conclu par une standing ovation des eurodéputés présents.

Alors qu'une mission de l'UE est attendue à Minsk pour faciliter le rapatriement des migrants bloqués à la frontière avec la Pologne sans toutefois mener de négociations avec Alexandre Loukachenko, Mme Tikhanovskaïa estime que les « Bélarusses comme les migrants sont désormais les otages du régime ».

« Que peut vraiment dire l'Union européenne au peuple du Bélarus - aux Européens oubliés - qui veut les mêmes choses que le reste de l'Europe ? Peut-être n'avons-nous pas le droit de demander votre aide ou votre soutien. Peut-être pouvez-vous nous les refuser parce que cela pourrait contredire votre intérêt national. Ou peut-être est-ce mauvais pour vos affaires. », a-t-elle lancé avec amertume.


« Nous avons besoin que l'Europe soit proactive face à l'autocratie », a plaidé Mme Tikhanovskaïa, souhaitant que « les mots se matérialisent en actes » et l'« isolement » du pouvoir en place à Minsk.

Elle a appelé l'Europe à « prendre l'initiative » pour que les « crimes du régime » soient jugés devant la Cour internationale de justice, sous les applaudissements des eurodéputés.

L'UE refuse de reconnaître la réélection controversée du président Loukachenko en août 2020 à la suite de la répression du mouvement de contestation de l'opposition.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil, Charles Michel, ont annoncé mardi leur décision de prendre de nouvelles sanctions contre l'acheminement de migrants orchestré par Minsk, ce qui serait le cinquième train de sanctions de l'UE depuis 2020.

« Les sanctions marchent. Continuez d'avoir une politique de sanctions cohérente. (...) Soyez ferme », a demandé Svetlana Tikhanovskaïa.
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