©Le président de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon a appelé les Français à élire une majorité de gauche aux élections législatives prévues en juin prochain. (AFP)
La France Insoumise, qui s'est d'or et déjà lancée dans la bataille pour les législatives qu'il nomme "troisième tour", peine à rallier les autres partis de gauche au sein d'une Union Populaire à même d'obtenir la majorité à l'Assemblée Nationale. De nombreuses divergences existent avec les Verts et les Communistes, notamment sur la question des retraites, de l'Europe ou encore de l'écologie. De même, ces partis accusent la France Insoumise de vouloir les "absorber" sous le prétexte d'unifier de la gauche.
Les élections législatives françaises auront lieu le 12 et 19 juin 2022. (AFP)
Après des débuts prometteurs, les négociations patinent entre La France insoumise, EELV et le PCF en vue d'un accord aux législatives. Le PS, lui, entre dans la danse via une rencontre avec les Insoumis programmée mercredi.
"C'est un peu compliqué", grimace Manuel Bompard. Le chef des négociateurs pour La France insoumise, en position de force à la suite de la 3e place de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle (21,95%), était pourtant optimiste jeudi dernier. Las! Les deux principales tractations bilatérales menées par LFI avec leurs anciens concurrents connaissent des turbulences, alors que la date butoir évoquée par les protagonistes, la fin de semaine, se rapproche.
Plusieurs obstacles à un accord avec les Verts
Avec EELV d'abord. Des discussions ont eu lieu tout le weekend autour du programme. Et si les convergences sont réelles sur de nombreux sujets - "services publics, salaires, climat, égalité hommes-femmes, enseignement supérieur...", dixit le chef d'EELV Julien Bayou -, le sujet de l'Europe est épineux.
Les Insoumis pensaient convaincre les écologistes, amoureux d'une Union européenne fédéraliste, en tirant profit de leur désapprobation commune des traités actuels, via le concept de "désobéissance". Mais les dirigeants verts y voient la traduction de "l'opt-out" mélenchoniste, un refus d'appliquer certaines règles européennes qui peut mener selon eux à un bras de fer dangereux.
L'ex-candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot, qui a appelé mardi à "une coalition très ouverte" respectant "l'identité des partenaires", s'est dit clairement opposé à "un système d'Europe à la carte". Le Conseil fédéral d'EELV a validé lundi soir par 87 voix pour et 4 contre (4 abstentions), la recherche d'une "coalition la plus large possible sur un accord programmatique ambitieux", a rapporté mardi Julien Bayou à l'AFP.
La répartition des circonscriptions est un autre obstacle de taille. Selon Julien Bayou, la dernière proposition de LFI ne leur donne que 14,4% des circonscriptions gagnables. Il veut aller à un "vrai" 20%: "Ca semble une grosse marge, mais c'est quelques poignées de circonscriptions", juge-t-il. "Si LFI veut, elle saura trouver un accord". Manuel Bompard assure de son côté avoir proposé aux écologistes "20% des 165 circonscriptions" dites "de qualité", notamment dans les villes qu'ils détiennent (Grenoble, Strasbourg, Lyon, etc.)
Il estime que les "Verts sont traversés par des contradictions internes entre ceux qui veulent qu'on gouverne ensemble et ceux qui n'y ont pas intérêt". Pour preuve, avance-t-il, le fait que la circonscription proposée à Paris pour Sandrine Rousseau, partisane d'une alliance avec LFI, n'ait pas été considérée comme une priorité par EELV.
Un partenariat qui respecte l'autonomie de chaque parti
Julien Bayou objecte que LFI "ne prend pas les mêmes critères de gagnabilité". Il confie que le pôle écologiste a une revendication majeure, la construction d'une "coalition", et non l'inclusion dans une "Union populaire". Symptomatique de ces arguties, le logo à présenter aux électeurs les 12 et 19 juin. Manuel Bompard consent à ce que l'Union populaire ait pour "sous-titre" ou "dans la charte graphique", le mot "écologie". Tandis qu'EELV réclame une présence dans le nom même de la coalition.
Même s'il souhaite un accord, l'ancien patron d'EELV, l'eurodéputé David Cormand, cogne fort contre les Insoumis: "Ils veulent nous invisibiliser, demandent d'entrer dans l'Union populaire et ainsi d'admettre tacitement qu'il n'y a plus d'utilité à un parti écologiste".
Les discussions avec les communistes ont aussi pris du retard, leur patron Fabien Roussel souhaitant que les socialistes soient inclus dans l'accord pour renforcer la coalition. Une nouvelle réunion a eu lieu lundi soir sur le programme et la répartition des circonscriptions. Sur ce point, "LFI n'a pas exprimé de difficulté" sur la première demande du PCF de sécuriser ses députés sortants, explique un cadre. Quant au label commun, "il peut comprendre l'Union populaire, mais ne pas s'y restreindre", demande le PCF.
Côté PS, un chemin s'ouvre. Une première rencontre est prévue mercredi. Mais la retraite à 60 ans ne convainct pas sur le plan financier les cadres du PS, qui veulent rester ouverts sur cette question pourtant cruciale pour LFI. Un cadre socialiste prévient: "Si Mélenchon veut que cette coalition dure, il n'a pas intérêt à nous tordre le bras. Mais il peut parfaitement nous humilier et nous faire disparaître de l'Assemblée".
Avec AFP
Les élections législatives françaises auront lieu le 12 et 19 juin 2022. (AFP)
Après des débuts prometteurs, les négociations patinent entre La France insoumise, EELV et le PCF en vue d'un accord aux législatives. Le PS, lui, entre dans la danse via une rencontre avec les Insoumis programmée mercredi.
"C'est un peu compliqué", grimace Manuel Bompard. Le chef des négociateurs pour La France insoumise, en position de force à la suite de la 3e place de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle (21,95%), était pourtant optimiste jeudi dernier. Las! Les deux principales tractations bilatérales menées par LFI avec leurs anciens concurrents connaissent des turbulences, alors que la date butoir évoquée par les protagonistes, la fin de semaine, se rapproche.
Plusieurs obstacles à un accord avec les Verts
Avec EELV d'abord. Des discussions ont eu lieu tout le weekend autour du programme. Et si les convergences sont réelles sur de nombreux sujets - "services publics, salaires, climat, égalité hommes-femmes, enseignement supérieur...", dixit le chef d'EELV Julien Bayou -, le sujet de l'Europe est épineux.
Les Insoumis pensaient convaincre les écologistes, amoureux d'une Union européenne fédéraliste, en tirant profit de leur désapprobation commune des traités actuels, via le concept de "désobéissance". Mais les dirigeants verts y voient la traduction de "l'opt-out" mélenchoniste, un refus d'appliquer certaines règles européennes qui peut mener selon eux à un bras de fer dangereux.
L'ex-candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot, qui a appelé mardi à "une coalition très ouverte" respectant "l'identité des partenaires", s'est dit clairement opposé à "un système d'Europe à la carte". Le Conseil fédéral d'EELV a validé lundi soir par 87 voix pour et 4 contre (4 abstentions), la recherche d'une "coalition la plus large possible sur un accord programmatique ambitieux", a rapporté mardi Julien Bayou à l'AFP.
La répartition des circonscriptions est un autre obstacle de taille. Selon Julien Bayou, la dernière proposition de LFI ne leur donne que 14,4% des circonscriptions gagnables. Il veut aller à un "vrai" 20%: "Ca semble une grosse marge, mais c'est quelques poignées de circonscriptions", juge-t-il. "Si LFI veut, elle saura trouver un accord". Manuel Bompard assure de son côté avoir proposé aux écologistes "20% des 165 circonscriptions" dites "de qualité", notamment dans les villes qu'ils détiennent (Grenoble, Strasbourg, Lyon, etc.)
Il estime que les "Verts sont traversés par des contradictions internes entre ceux qui veulent qu'on gouverne ensemble et ceux qui n'y ont pas intérêt". Pour preuve, avance-t-il, le fait que la circonscription proposée à Paris pour Sandrine Rousseau, partisane d'une alliance avec LFI, n'ait pas été considérée comme une priorité par EELV.
Un partenariat qui respecte l'autonomie de chaque parti
Julien Bayou objecte que LFI "ne prend pas les mêmes critères de gagnabilité". Il confie que le pôle écologiste a une revendication majeure, la construction d'une "coalition", et non l'inclusion dans une "Union populaire". Symptomatique de ces arguties, le logo à présenter aux électeurs les 12 et 19 juin. Manuel Bompard consent à ce que l'Union populaire ait pour "sous-titre" ou "dans la charte graphique", le mot "écologie". Tandis qu'EELV réclame une présence dans le nom même de la coalition.
Même s'il souhaite un accord, l'ancien patron d'EELV, l'eurodéputé David Cormand, cogne fort contre les Insoumis: "Ils veulent nous invisibiliser, demandent d'entrer dans l'Union populaire et ainsi d'admettre tacitement qu'il n'y a plus d'utilité à un parti écologiste".
Les discussions avec les communistes ont aussi pris du retard, leur patron Fabien Roussel souhaitant que les socialistes soient inclus dans l'accord pour renforcer la coalition. Une nouvelle réunion a eu lieu lundi soir sur le programme et la répartition des circonscriptions. Sur ce point, "LFI n'a pas exprimé de difficulté" sur la première demande du PCF de sécuriser ses députés sortants, explique un cadre. Quant au label commun, "il peut comprendre l'Union populaire, mais ne pas s'y restreindre", demande le PCF.
Côté PS, un chemin s'ouvre. Une première rencontre est prévue mercredi. Mais la retraite à 60 ans ne convainct pas sur le plan financier les cadres du PS, qui veulent rester ouverts sur cette question pourtant cruciale pour LFI. Un cadre socialiste prévient: "Si Mélenchon veut que cette coalition dure, il n'a pas intérêt à nous tordre le bras. Mais il peut parfaitement nous humilier et nous faire disparaître de l'Assemblée".
Avec AFP
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