La Russie "plus isolée que jamais" ? Six semaines après le début de l'offensive russe en Ukraine, l'affirmation du président américain Joe Biden fait figure de vœu pieux tant la mise au ban de Moscou se heurte toujours à une partie de la communauté internationale, réticente à tout alignement.
"Il y a un isolement très clair de la Russie par rapport au bloc occidental, du fait notamment des trains de sanctions successifs qui ont compliqué les échanges tant commerciaux que financiers" souligne Sylvie Matelly, directrice adjointe à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
"Concernant l'isolement de la Russie sur la scène internationale, la situation est en revanche bien différente, avec un certain nombre de pays très prudents, qui ont refusé de céder aux pressions des Occidentaux et qui assument de se positionner en leur âme et conscience", ajoute la chercheuse française.
Les Occidentaux peinent à rallier le reste du monde contre Poutine
"C'est une chose de condamner l'invasion de l'Ukraine, c'en est une autre que de lancer une guerre économique contre la Russie, et de nombreux pays en Amérique latine, en Afrique et en Asie ne sont pas prêts à franchir le cap", souligne de son côté l'ancien ambassadeur du Chili en Inde et en Afrique du Sud, Jorge Heine. "Ils ne veulent pas être poussés dans une position qui irait à l'encontre de leurs propres intérêts". C'est le cas de l'Arabie saoudite ou encore des Émirats qui ont jusqu'ici évité de prendre position contre la Russie. Ou encore de l'Inde.
Pour New Dehli, "la guerre s'est accompagnée d'un choix brutal et malvenu à faire entre l'Occident et la Russie, un choix qu'elle a évité à tout prix de faire", explique Shivshankar Menon, qui fut conseiller de l'ancien Premier ministre indien Manmohan Singh. "Les États-Unis sont un partenaire essentiel et indispensable dans le cadre de la modernisation de l'Inde, mais la Russie reste un partenaire important pour des raisons géopolitiques et militaires", rappelle-t-il dans un article publié début avril et intitulé "Le fantasme du monde libre: les démocraties sont-elles vraiment unies contre la Russie ?".
Sur le terrain, les puissances occidentales ne ménagent pourtant pas leurs efforts pour accentuer la pression sur Moscou. À l'Unesco, une quarantaine de pays ont multiplié les discussions ces derniers mois afin d'obtenir la délocalisation de la réunion du comité du patrimoine, prévue en juin en Russie. Avec un résultat, à ce stade, en demi-teinte : l'annonce d'un report sine die, sans assurance à ce stade que la Russie n'accueille pas la réunion une fois l'offensive militaire achevée.
Même tentative au G20 où la présidence indonésienne, pressée d'exclure Moscou de l'enceinte, s'y est finalement refusée au nom de l'impartialité.
Des sanctions qui tardent à produire l'effet escompté
L'absence d'effets à court terme des sanctions économiques occidentales sur le conflit en cours n'aide pas non plus à convaincre les pays hésitants.
"Oui, les sanctions sont sévères", souligne Judy Dempsey, analyste de Carnegie Europe, "mais elles ne dissuadent pas Poutine de prolonger son siège sur Marioupol (...) ni de pilonner d'autres villes". "Si l'objectif, c'était de faire plier Poutine pour qu'il se retire d'Ukraine, force est de constater que ça n'a pas fonctionné", abonde Sylvie Matelly. "Il a certes revu à la baisse ses ambitions, mais pas tant par rapport aux sanctions que par rapport à la détermination des forces ukrainiennes sur le terrain".
Pour mesurer l'impact des sanctions sur l'économie russe à moyen et longs termes, il faudra encore patienter quelques mois. "La situation dans l'économie russe sera plus claire en juin-juillet", note l'analyste financier russe Alexeï Vedev de l'institut Gaïdar. "L'économie est encore en train de fonctionner sur la base de ses réserves". "Ces réserves sont en train de diminuer, mais tant qu'elles existent encore, les sanctions ne se ressentent pas pleinement", ajoute-t-il.
Avec AFP
"Il y a un isolement très clair de la Russie par rapport au bloc occidental, du fait notamment des trains de sanctions successifs qui ont compliqué les échanges tant commerciaux que financiers" souligne Sylvie Matelly, directrice adjointe à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
"Concernant l'isolement de la Russie sur la scène internationale, la situation est en revanche bien différente, avec un certain nombre de pays très prudents, qui ont refusé de céder aux pressions des Occidentaux et qui assument de se positionner en leur âme et conscience", ajoute la chercheuse française.
Les Occidentaux peinent à rallier le reste du monde contre Poutine
"C'est une chose de condamner l'invasion de l'Ukraine, c'en est une autre que de lancer une guerre économique contre la Russie, et de nombreux pays en Amérique latine, en Afrique et en Asie ne sont pas prêts à franchir le cap", souligne de son côté l'ancien ambassadeur du Chili en Inde et en Afrique du Sud, Jorge Heine. "Ils ne veulent pas être poussés dans une position qui irait à l'encontre de leurs propres intérêts". C'est le cas de l'Arabie saoudite ou encore des Émirats qui ont jusqu'ici évité de prendre position contre la Russie. Ou encore de l'Inde.
Pour New Dehli, "la guerre s'est accompagnée d'un choix brutal et malvenu à faire entre l'Occident et la Russie, un choix qu'elle a évité à tout prix de faire", explique Shivshankar Menon, qui fut conseiller de l'ancien Premier ministre indien Manmohan Singh. "Les États-Unis sont un partenaire essentiel et indispensable dans le cadre de la modernisation de l'Inde, mais la Russie reste un partenaire important pour des raisons géopolitiques et militaires", rappelle-t-il dans un article publié début avril et intitulé "Le fantasme du monde libre: les démocraties sont-elles vraiment unies contre la Russie ?".
Sur le terrain, les puissances occidentales ne ménagent pourtant pas leurs efforts pour accentuer la pression sur Moscou. À l'Unesco, une quarantaine de pays ont multiplié les discussions ces derniers mois afin d'obtenir la délocalisation de la réunion du comité du patrimoine, prévue en juin en Russie. Avec un résultat, à ce stade, en demi-teinte : l'annonce d'un report sine die, sans assurance à ce stade que la Russie n'accueille pas la réunion une fois l'offensive militaire achevée.
Même tentative au G20 où la présidence indonésienne, pressée d'exclure Moscou de l'enceinte, s'y est finalement refusée au nom de l'impartialité.
Des sanctions qui tardent à produire l'effet escompté
L'absence d'effets à court terme des sanctions économiques occidentales sur le conflit en cours n'aide pas non plus à convaincre les pays hésitants.
"Oui, les sanctions sont sévères", souligne Judy Dempsey, analyste de Carnegie Europe, "mais elles ne dissuadent pas Poutine de prolonger son siège sur Marioupol (...) ni de pilonner d'autres villes". "Si l'objectif, c'était de faire plier Poutine pour qu'il se retire d'Ukraine, force est de constater que ça n'a pas fonctionné", abonde Sylvie Matelly. "Il a certes revu à la baisse ses ambitions, mais pas tant par rapport aux sanctions que par rapport à la détermination des forces ukrainiennes sur le terrain".
Pour mesurer l'impact des sanctions sur l'économie russe à moyen et longs termes, il faudra encore patienter quelques mois. "La situation dans l'économie russe sera plus claire en juin-juillet", note l'analyste financier russe Alexeï Vedev de l'institut Gaïdar. "L'économie est encore en train de fonctionner sur la base de ses réserves". "Ces réserves sont en train de diminuer, mais tant qu'elles existent encore, les sanctions ne se ressentent pas pleinement", ajoute-t-il.
Avec AFP
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