©La livre turque s'est à nouveau effondrée mardi à un niveau historiquement bas, conséquence de la politique monétaire menée par le président Recep Tayyip Erdogan, qui défend la baisse des taux d'intérêt malgré l'inflation galopante et l'hostilité des marchés. (AFP)
ANKARA: La livre turque s'est à nouveau effondrée à un niveau historiquement bas, conséquence de la politique monétaire menée par le président Recep Tayyip Erdogan, qui défend la baisse des taux d'intérêt malgré l'inflation galopante et l'hostilité des marchés.
La monnaie a perdu plus de 43% de sa valeur face au dollar depuis le début de l'année, et des observateurs redoutent que la chute se poursuive.
Pourquoi cet effondrement ?
A rebours des théories économiques classiques, le président Erdogan estime que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation.
Conformément au souhait du président, la Banque centrale turque - officiellement indépendante - a ainsi abaissé de nouveau son taux directeur la semaine dernière (de 16 à 15%) pour la troisième fois en moins de deux mois, sous le niveau d'inflation, qui frôle les 20% sur un an.
M. Erdogan a limogé depuis juillet 2019 trois gouverneurs de la Banque centrale et remplacé son ministre des Finances à deux reprises depuis juillet 2018.
Le président Erdogan balaie cependant toute responsabilité dans la chute de la livre : "Je rejette les politiques qui condamneront notre peuple au chômage, à la faim et à la pauvreté", a-t-il déclaré lundi pour justifier sa politique de croissance à tout prix.
Quelles conséquences ?
Si de nombreux observateurs estiment que le secteur bancaire turc est plus solide depuis la crise économique de 2001, la situation des banques suscite des inquiétudes.
"Le risque est que la livre souffre de nouvelles chutes brutales et provoque des problèmes dans le secteur bancaire. Un resserrement du crédit pourrait s'ensuivre, et cela pèsera lourdement sur l'activité économique", estime Jason Tuvey, analyste de Capital Economics.
"Une menace majeure réside également dans les dépôts en devises. Le signe d'une hausse des demandes de retrait pourrait provoquer une embardée vers des formes plus agressives de contrôle des capitaux", ajoute l'économiste, spécialiste des marchés émergents. Plus de la moitié des dépôts dans les banques turques sont en devises étrangères, principalement en dollars.
La chute de la livre nourrit aussi l'inflation, la Turquie étant très dépendante des importations, pour l'énergie et les matières premières notamment. L'inflation annuelle officielle était de 19,89 % en octobre, un taux quatre fois supérieur à l'objectif initial du gouvernement.
A dix-huit mois de la prochaine échéance présidentielle, une dégradation durable de l'économie risquerait par ailleurs de nuire à la popularité déjà entamée du président Erdogan, qui a bâti ses succès électoraux des deux dernières décennies sur ses promesses de prospérité.
Que cherche Erdogan ?
Le président Erdogan semble faire le pari de la croissance à tout prix (l'économie turque devrait croître de 9% en 2021, et de 3,5% en 2022) et évacue les craintes d'une crise monétaire, affirmant que le gouvernement "encourage l'investissement, la production et les exportations".
Au cours de la crise monétaire de 2018, la Banque centrale avait rehaussé très nettement son principal taux d'intérêt, mais une telle éventualité paraît aujourd’hui peu probable puisque le chef de l'Etat semble plus déterminé que jamais à maintenir des taux bas.
Certains experts estiment que le président cherche ainsi à renforcer l'attractivité de la Turquie et à encourager les entreprises étrangères à venir produire dans le pays du fait du faible coût du travail. Le salaire minimum mensuel net en Turquie (2.825,90 livres) équivalait au 1er janvier à environ 380 dollars. Il n'en valait plus que 222 mercredi.
"Jusqu'à récemment, les 'objectifs 2023' de l'équipe Erdogan incluaient de devenir une puissance post-industrielle et un leader de la haute technologie. Maintenant, il s'agit de faire de la Turquie une source de main-d'œuvre ultra-bon marché", a commenté sur Twitter Timur Kuran, professeur d'Economie à l'université Duke (Etats-Unis).
La monnaie a perdu plus de 43% de sa valeur face au dollar depuis le début de l'année, et des observateurs redoutent que la chute se poursuive.
Pourquoi cet effondrement ?
A rebours des théories économiques classiques, le président Erdogan estime que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation.
Conformément au souhait du président, la Banque centrale turque - officiellement indépendante - a ainsi abaissé de nouveau son taux directeur la semaine dernière (de 16 à 15%) pour la troisième fois en moins de deux mois, sous le niveau d'inflation, qui frôle les 20% sur un an.
M. Erdogan a limogé depuis juillet 2019 trois gouverneurs de la Banque centrale et remplacé son ministre des Finances à deux reprises depuis juillet 2018.
Le président Erdogan balaie cependant toute responsabilité dans la chute de la livre : "Je rejette les politiques qui condamneront notre peuple au chômage, à la faim et à la pauvreté", a-t-il déclaré lundi pour justifier sa politique de croissance à tout prix.
Quelles conséquences ?
Si de nombreux observateurs estiment que le secteur bancaire turc est plus solide depuis la crise économique de 2001, la situation des banques suscite des inquiétudes.
"Le risque est que la livre souffre de nouvelles chutes brutales et provoque des problèmes dans le secteur bancaire. Un resserrement du crédit pourrait s'ensuivre, et cela pèsera lourdement sur l'activité économique", estime Jason Tuvey, analyste de Capital Economics.
"Une menace majeure réside également dans les dépôts en devises. Le signe d'une hausse des demandes de retrait pourrait provoquer une embardée vers des formes plus agressives de contrôle des capitaux", ajoute l'économiste, spécialiste des marchés émergents. Plus de la moitié des dépôts dans les banques turques sont en devises étrangères, principalement en dollars.
La chute de la livre nourrit aussi l'inflation, la Turquie étant très dépendante des importations, pour l'énergie et les matières premières notamment. L'inflation annuelle officielle était de 19,89 % en octobre, un taux quatre fois supérieur à l'objectif initial du gouvernement.
A dix-huit mois de la prochaine échéance présidentielle, une dégradation durable de l'économie risquerait par ailleurs de nuire à la popularité déjà entamée du président Erdogan, qui a bâti ses succès électoraux des deux dernières décennies sur ses promesses de prospérité.
Que cherche Erdogan ?
Le président Erdogan semble faire le pari de la croissance à tout prix (l'économie turque devrait croître de 9% en 2021, et de 3,5% en 2022) et évacue les craintes d'une crise monétaire, affirmant que le gouvernement "encourage l'investissement, la production et les exportations".
Au cours de la crise monétaire de 2018, la Banque centrale avait rehaussé très nettement son principal taux d'intérêt, mais une telle éventualité paraît aujourd’hui peu probable puisque le chef de l'Etat semble plus déterminé que jamais à maintenir des taux bas.
Certains experts estiment que le président cherche ainsi à renforcer l'attractivité de la Turquie et à encourager les entreprises étrangères à venir produire dans le pays du fait du faible coût du travail. Le salaire minimum mensuel net en Turquie (2.825,90 livres) équivalait au 1er janvier à environ 380 dollars. Il n'en valait plus que 222 mercredi.
"Jusqu'à récemment, les 'objectifs 2023' de l'équipe Erdogan incluaient de devenir une puissance post-industrielle et un leader de la haute technologie. Maintenant, il s'agit de faire de la Turquie une source de main-d'œuvre ultra-bon marché", a commenté sur Twitter Timur Kuran, professeur d'Economie à l'université Duke (Etats-Unis).
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