André Breton et, à sa suite les surréalistes, ont exalté l’amour-fou, l’amour-passion. Cet amour sublime de la femme, objet de ce culte, ne peut s’exprimer que par une totale vénération. C’est seulement à cette condition que l’amour pourra s’incarner en un être unique ne pouvant souffrir aucun partage.
Nous pouvons y voir une première piste dans la compréhension de l’amour-passion. Car cette vénération n’est pas autre chose qu’une idéalisation qui abolit toute distinction avec l’objet dont on est amoureux. Celle ou celui qui aime passionnément est immergé dans un macrocosme fantasmatiquement enivrant qui emporte les partenaires dans les abîmes de l’archaïque, excluant le couple de la réalité, l’enfermant dans un cercle clos exclusif. Nous avons déjà vu que, pour Freud, la passion amoureuse est « un dessaisissement de la personnalité propre au profit de l’investissement de l’objet ». Le moi se confond avec l’autre pour laisser toute la place au déchainement amoureux. C’est justement à cause de ce délitement du moi que Lacan a pu qualifier l’amour de suicide.
Nous avons développé l’idée que l’amour véritable, associé au désir, se vit dans l’altérité. Mais dans la passion amoureuse, les deux êtres se retrouvent dans un magma confusionnel. On peut la comparer à une addiction où l’autre devient indispensable à sa propre existence, réveillant les affres de la possessivité et de la jalousie. C’est la fascination narcissique, « le coup de foudre » qui assomme, où tout est pulsion, fougue, véhémence et frénésie provoquées par l’irruption de sa propre image fusionnée dans l’autre. C’est le sentiment d’être enfin comblé, de ne plus manquer de rien, de baigner dans l’euphorie de l’immensité océanique de l’univers originel.
Cela ne signifie pas, pour autant, qu’il faut s’interdire de vivre une passion amoureuse souvent vécue à l’orée d’une relation amoureuse. Peut-être même peut-on penser que cela pourrait s’avérer une expérience enrichissante, révélatrice des failles psychiques individuelles, dont on saura en ressortir un peu plus mûr affectivement. F. Beigbeder, lui, dans L’amour dure trois ans, apparait dubitatif. Selon cet auteur, l’amour-passion se décline en trois temps : « Une année de passion, une année de tendresse et enfin une année d’ennui » !
Quelles que soient la durée et l’intensité de la passion, « on ne peut s’épargner la douleur de constater sa lente désagrégation, la souffrance de sa perte », nous dit Freud. S’amorce alors la deuxième étape, qui pourrait être celle du sevrage, de la rupture d’une fusion qui peut advenir comme un dessillement : on émerge de la scène imaginaire, on commence à percevoir un peu plus la réalité des choses. Je dis un peu parce que, quoi que nous fassions, notre perception de l’autre plonge toujours dans nos fantasmes. C’est le temps de la désidéalisation.
Que peut-il alors se passer ?
Retenons deux issues possibles.
La première consisterait à mettre fin à l’aventure amoureuse et à se préparer à vivre avec quelqu’un d’autre une autre passion, à moins que ce ne soit toujours la même, sans cesse recommencée.
La deuxième serait de tirer la leçon de la tourmente vécue en commençant par faire le deuil de l’idéalisation. Débutera peut-être alors un travail de (re)construction de la vie du couple, à condition que les deux partenaires le désirent, basée sur l’acceptation de l’inéluctabilité de la dissimilitude humaine, pour aboutir à une vision plus réaliste, plus vraie et plus apaisée de la relation amoureuse, telle que nous l’avons précédemment décrite, en recherchant comment mettre en action éventuellement l’assertion suivante du psychanalyste C. David : « Aimer, c’est croître ».
Nous pouvons y voir une première piste dans la compréhension de l’amour-passion. Car cette vénération n’est pas autre chose qu’une idéalisation qui abolit toute distinction avec l’objet dont on est amoureux. Celle ou celui qui aime passionnément est immergé dans un macrocosme fantasmatiquement enivrant qui emporte les partenaires dans les abîmes de l’archaïque, excluant le couple de la réalité, l’enfermant dans un cercle clos exclusif. Nous avons déjà vu que, pour Freud, la passion amoureuse est « un dessaisissement de la personnalité propre au profit de l’investissement de l’objet ». Le moi se confond avec l’autre pour laisser toute la place au déchainement amoureux. C’est justement à cause de ce délitement du moi que Lacan a pu qualifier l’amour de suicide.
Nous avons développé l’idée que l’amour véritable, associé au désir, se vit dans l’altérité. Mais dans la passion amoureuse, les deux êtres se retrouvent dans un magma confusionnel. On peut la comparer à une addiction où l’autre devient indispensable à sa propre existence, réveillant les affres de la possessivité et de la jalousie. C’est la fascination narcissique, « le coup de foudre » qui assomme, où tout est pulsion, fougue, véhémence et frénésie provoquées par l’irruption de sa propre image fusionnée dans l’autre. C’est le sentiment d’être enfin comblé, de ne plus manquer de rien, de baigner dans l’euphorie de l’immensité océanique de l’univers originel.
Cela ne signifie pas, pour autant, qu’il faut s’interdire de vivre une passion amoureuse souvent vécue à l’orée d’une relation amoureuse. Peut-être même peut-on penser que cela pourrait s’avérer une expérience enrichissante, révélatrice des failles psychiques individuelles, dont on saura en ressortir un peu plus mûr affectivement. F. Beigbeder, lui, dans L’amour dure trois ans, apparait dubitatif. Selon cet auteur, l’amour-passion se décline en trois temps : « Une année de passion, une année de tendresse et enfin une année d’ennui » !
Quelles que soient la durée et l’intensité de la passion, « on ne peut s’épargner la douleur de constater sa lente désagrégation, la souffrance de sa perte », nous dit Freud. S’amorce alors la deuxième étape, qui pourrait être celle du sevrage, de la rupture d’une fusion qui peut advenir comme un dessillement : on émerge de la scène imaginaire, on commence à percevoir un peu plus la réalité des choses. Je dis un peu parce que, quoi que nous fassions, notre perception de l’autre plonge toujours dans nos fantasmes. C’est le temps de la désidéalisation.
Que peut-il alors se passer ?
Retenons deux issues possibles.
La première consisterait à mettre fin à l’aventure amoureuse et à se préparer à vivre avec quelqu’un d’autre une autre passion, à moins que ce ne soit toujours la même, sans cesse recommencée.
La deuxième serait de tirer la leçon de la tourmente vécue en commençant par faire le deuil de l’idéalisation. Débutera peut-être alors un travail de (re)construction de la vie du couple, à condition que les deux partenaires le désirent, basée sur l’acceptation de l’inéluctabilité de la dissimilitude humaine, pour aboutir à une vision plus réaliste, plus vraie et plus apaisée de la relation amoureuse, telle que nous l’avons précédemment décrite, en recherchant comment mettre en action éventuellement l’assertion suivante du psychanalyste C. David : « Aimer, c’est croître ».
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