Dans une alliance inédite que d’aucuns espéraient, La Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale vient de naître, réunissant la gauche radicale, les écologistes et les communistes. Sur le point de rejoindre l’alliance menée par La France Insoumise, le PS se déchire sur le choix à faire. Peinant à convaincre, le parti d’Éric Zemmour est quant à lui snobé par le RN de Marine Le Pen.
Le scénario qui relevait encore de la politique fiction il y a quelques jours a pris forme le week-end dernier. Fort de ses 22% au premier tour de l’élection présidentielle (dont une partie de ce score résulte d'un vote utile), le leader de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon entend continuer son OPA sur l’ensemble de la gauche française. Longtemps mis à l’écart par une digue idéologique qui semblait infranchissable, Europe-Écologie-Les-Verts (EELV) a scellé un accord avec LFI en vue des élections législatives du 12 juin prochain. Le Parti Communiste de Fabien Roussel est lui aussi de la partie, en ratifiant cet accord mardi après-midi. Reste le Parti Socialiste, ancien grand représentant de la gauche, à qui LFI a lancé un ultimatum ce mardi. Si les socialistes entérinent leur accord préalable avec LFI, cette alliance inédite bouleverserait durablement le champ politique de la gauche française. Une alliance où les autres partis s’effacent pour se mettre en rang derrière le programme de Jean-Luc Mélenchon reste-t-elle pour autant une alliance équilibrée ? Pour l’heure, le diagnostic n’est pas encore définitif.
Crainte de dissidences PS
Se rejoignant contre "la casse sociale" et pour dire "non" à la retraite à 65 ans, voulue par Emmanuel Macron, les responsables des différents bords politiques pourraient très vite faire face à une fronde interne. Malgré l’enthousiasme des militants LFI et d’une partie des militants PS – notamment ceux que l’on a qualifiés de « frondeurs » sous le quinquennat de François Hollande, comme Arnaud Montebourg et Benoît Hamon –, les points de frictions sont encore à éclaircir.
Principale pierre d’achoppement, le rapport à l’Union européenne et ses traités semble être une ligne rouge pour le PS. Quant à l’international, le positionnement « anti-impérialiste » de Jean-Luc Mélenchon et ses innombrables sorties condamnant davantage l’OTAN, les Etats-Unis et l’Union européenne que les dictatures russes ou syrienne font craindre au PS une trahison de ses valeurs intrinsèques.
C’est le cas de Stéphane Le Foll, maire du Mans, pour qui « se ranger derrière Jean-Luc Mélenchon, c’est l’effacement final » du PS. Jean-Christophe Cambadélis (ancien premier secrétaire du PS) estime quant à lui que « Jean-Luc Mélenchon ne peut unir ni les gauches, ni les Français », ou encore Bernard Cazeneuve (ancien ministre des Finances) pour qui « la défaite ne peut pas tout justifier ».
Tous ont en ligne de mire Olivier Faure, l’actuel premier secrétaire du PS, partisan de l’alliance avec les « insoumis ». Si les positions radicalement laïcistes – décrites comme excluantes par certains ex-militants PS visant à demi-mots ce courant incarné par le controversé Manuel Valls – d’une partie du PS semblent peu compatibles avec LFI, d’autres positions de La France Insoumise inquiètent davantage, à l’aune de cette alliance. L’ancrage idéologique de LFI et l’ambiguïté de Jean-Luc Mélenchon sur certains sujets clivants hérissent d’anciens ténors PS et révulsent plus d’un partisan de la gauche socialiste.
Les conséquences de cette alliance autour de la personnalité controversée de Jean-Luc Mélenchon – qui fait campagne pour se faire « élire » Premier ministre en toute transparence – donnent naissance à un front de facto plus éloigné des idéaux européens. Le qualificatif de « compromission » d’EELV et du PS (en cas d’alliance) ne serait alors que justifié pour décrire ce rapprochement. Voilà peut-être l’une des conséquences du « vote utile » du premier tour en faveur de Mélenchon que certains pourraient amèrement regretter. Que cette alliance tirée par la locomotive LFI surgisse au moment où en Europe, l'Ukraine est attaquée par le dictateur russe Vladimir Poutine, semble de mauvais augure pour la suite des événements.
L’extrême droite désunie
Alors que la désunion de la gauche paraissait inéluctable et que « l’union des droites » semblait plus plausible, le scénario inverse s’est produit. À l’extrême-droite de l’échiquier politique, la bataille pour le leadership – gagné par Marine Le Pen sur Éric Zemmour lors du premier tour de l’élection présidentielle – pourrait se poursuivre lors de ces élections législatives. La candidate du Rassemblement national espérait faire campagne en ayant réussi à éclipser son adversaire situé à sa droite, mais Éric Zemmour a laissé planer le doute quant à sa candidature, ce lundi. Pour Jordan Bardella, président par intérim du RN, Zemmour « hésite car il craint un échec ». Si les deux responsables politiques ne se parlent pas directement, leurs équipes ont gardé le contact, selon les dires d’Éric Zemmour interrogé à ce sujet sur le plateau de BFMTV ce lundi soir.
Celui qui a fait 7% à l’élection présidentielle a froissé le camp de la candidature RN par ses propos et ses postures durant la campagne. Suite à cette séquence, le RN a rejeté en bloc sa demande de « bloc populaire ». Eric Zemmour accuse désormais le Rassemblement National de vouloir la mort de « Reconquête ! ». L'extrême droite française est actuellement en rangs dispersés, un scénario qui pourrait coûter cher à Marine Le Pen.
L’horizon des législatives, en juin, devrait permettre d’y voir plus clair dans ce jeu électoral inattendu. Pour l’heure, la recomposition du paysage politique français pourrait être vouée à se prolonger dans le temps, à moins que les logiques partisanes ne durent que le temps d’une saison.
Le scénario qui relevait encore de la politique fiction il y a quelques jours a pris forme le week-end dernier. Fort de ses 22% au premier tour de l’élection présidentielle (dont une partie de ce score résulte d'un vote utile), le leader de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon entend continuer son OPA sur l’ensemble de la gauche française. Longtemps mis à l’écart par une digue idéologique qui semblait infranchissable, Europe-Écologie-Les-Verts (EELV) a scellé un accord avec LFI en vue des élections législatives du 12 juin prochain. Le Parti Communiste de Fabien Roussel est lui aussi de la partie, en ratifiant cet accord mardi après-midi. Reste le Parti Socialiste, ancien grand représentant de la gauche, à qui LFI a lancé un ultimatum ce mardi. Si les socialistes entérinent leur accord préalable avec LFI, cette alliance inédite bouleverserait durablement le champ politique de la gauche française. Une alliance où les autres partis s’effacent pour se mettre en rang derrière le programme de Jean-Luc Mélenchon reste-t-elle pour autant une alliance équilibrée ? Pour l’heure, le diagnostic n’est pas encore définitif.
Crainte de dissidences PS
Se rejoignant contre "la casse sociale" et pour dire "non" à la retraite à 65 ans, voulue par Emmanuel Macron, les responsables des différents bords politiques pourraient très vite faire face à une fronde interne. Malgré l’enthousiasme des militants LFI et d’une partie des militants PS – notamment ceux que l’on a qualifiés de « frondeurs » sous le quinquennat de François Hollande, comme Arnaud Montebourg et Benoît Hamon –, les points de frictions sont encore à éclaircir.
Principale pierre d’achoppement, le rapport à l’Union européenne et ses traités semble être une ligne rouge pour le PS. Quant à l’international, le positionnement « anti-impérialiste » de Jean-Luc Mélenchon et ses innombrables sorties condamnant davantage l’OTAN, les Etats-Unis et l’Union européenne que les dictatures russes ou syrienne font craindre au PS une trahison de ses valeurs intrinsèques.
C’est le cas de Stéphane Le Foll, maire du Mans, pour qui « se ranger derrière Jean-Luc Mélenchon, c’est l’effacement final » du PS. Jean-Christophe Cambadélis (ancien premier secrétaire du PS) estime quant à lui que « Jean-Luc Mélenchon ne peut unir ni les gauches, ni les Français », ou encore Bernard Cazeneuve (ancien ministre des Finances) pour qui « la défaite ne peut pas tout justifier ».
Tous ont en ligne de mire Olivier Faure, l’actuel premier secrétaire du PS, partisan de l’alliance avec les « insoumis ». Si les positions radicalement laïcistes – décrites comme excluantes par certains ex-militants PS visant à demi-mots ce courant incarné par le controversé Manuel Valls – d’une partie du PS semblent peu compatibles avec LFI, d’autres positions de La France Insoumise inquiètent davantage, à l’aune de cette alliance. L’ancrage idéologique de LFI et l’ambiguïté de Jean-Luc Mélenchon sur certains sujets clivants hérissent d’anciens ténors PS et révulsent plus d’un partisan de la gauche socialiste.
Les conséquences de cette alliance autour de la personnalité controversée de Jean-Luc Mélenchon – qui fait campagne pour se faire « élire » Premier ministre en toute transparence – donnent naissance à un front de facto plus éloigné des idéaux européens. Le qualificatif de « compromission » d’EELV et du PS (en cas d’alliance) ne serait alors que justifié pour décrire ce rapprochement. Voilà peut-être l’une des conséquences du « vote utile » du premier tour en faveur de Mélenchon que certains pourraient amèrement regretter. Que cette alliance tirée par la locomotive LFI surgisse au moment où en Europe, l'Ukraine est attaquée par le dictateur russe Vladimir Poutine, semble de mauvais augure pour la suite des événements.
L’extrême droite désunie
Alors que la désunion de la gauche paraissait inéluctable et que « l’union des droites » semblait plus plausible, le scénario inverse s’est produit. À l’extrême-droite de l’échiquier politique, la bataille pour le leadership – gagné par Marine Le Pen sur Éric Zemmour lors du premier tour de l’élection présidentielle – pourrait se poursuivre lors de ces élections législatives. La candidate du Rassemblement national espérait faire campagne en ayant réussi à éclipser son adversaire situé à sa droite, mais Éric Zemmour a laissé planer le doute quant à sa candidature, ce lundi. Pour Jordan Bardella, président par intérim du RN, Zemmour « hésite car il craint un échec ». Si les deux responsables politiques ne se parlent pas directement, leurs équipes ont gardé le contact, selon les dires d’Éric Zemmour interrogé à ce sujet sur le plateau de BFMTV ce lundi soir.
Celui qui a fait 7% à l’élection présidentielle a froissé le camp de la candidature RN par ses propos et ses postures durant la campagne. Suite à cette séquence, le RN a rejeté en bloc sa demande de « bloc populaire ». Eric Zemmour accuse désormais le Rassemblement National de vouloir la mort de « Reconquête ! ». L'extrême droite française est actuellement en rangs dispersés, un scénario qui pourrait coûter cher à Marine Le Pen.
L’horizon des législatives, en juin, devrait permettre d’y voir plus clair dans ce jeu électoral inattendu. Pour l’heure, la recomposition du paysage politique français pourrait être vouée à se prolonger dans le temps, à moins que les logiques partisanes ne durent que le temps d’une saison.
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