©Les sermons de Pagnol
Difficile d’imaginer meilleure tribune et meilleur prédicateur : jusqu’à vendredi, la comédienne Ariane Ascaride prête sa voix, dans huit églises de Marseille, à la langue truculente des « Sermons » de Marcel Pagnol, autre enfant du pays à la popularité intacte.
Les fidèles (de théâtre) se pressent à une messe un peu particulière dans la nef de l’abbaye Saint-Victor, qui surplombe le Vieux-Port à Marseille, dans le cadre des spectacles hors les murs proposés par le Théâtre du Gymnase.
Point de soutane ni de chaire, mais un simple pupitre et le cadre majestueux du chœur de l’abbaye suffisent à Ariane Ascaride pour revêtir avec une aisance confondante l’habit du prêcheur.
« C’est assez réjouissant pour moi » car « c’est assez rare qu’une femme soit à cette place », confie la comédienne à l’AFP, au terme de la lecture, en soulignant que par ailleurs, « dans les textes de Pagnol, la plupart du temps, les femmes n’ont jamais de morceaux de bravoure ». Or, « c’est une place de pouvoir symbolique absolument démoniaque », confesse-t-elle : « Je ne l’avais pas mesuré à ce point-là ».
Un pouvoir qui tient beaucoup à l’art oratoire déployé dans ces sermons, que Marcel Pagnol considérait comme très proche de l’art dramatique même si, soulignait-il dans une interview en 1965, « ce n’est pourtant pas tout à fait la même chose parce que l’orateur n’a pas de réplique qui lui permette de prendre son élan » : « Ce n’est pas un acteur et j’ai fait tourner souvent de très bons acteurs dans ces sermons, qui étaient très mauvais ».
En l’occurrence, la verve d’Ariane Ascaride, qui retrouve pour l’occasion son accent marseillais, sans lequel il serait difficile de donner la même portée au phrasé de Pagnol, n’a rien à envier à celle de Fernand Sardou, qui jouait le curé de Cucugnan dans le film éponyme de Marcel Pagnol, adapté des « Lettres de mon moulin » d’Alphonse Daudet.
En la voyant mimer les clapotis des chaudrons bouillonnants dans lesquels cuisent les damnés de Cucugnan, paroisse « qui n’est pas foncièrement irréligieuse mais dont la foi n’est pas une activité militante », on croirait presque apercevoir les flammes de l’enfer.
C’est qu’il faut une sacrée force de persuasion au vénérable curé pour ramener ses ouailles égarées dans le droit chemin de la confession. Quitte à se faire « missionnaire », comme dans le sermon du « Grand Fontainier », tiré cette fois du film « Manon des Sources ».
« Dans cette région, quand les gens entendent Marcel Pagnol, ils entendent quelque chose qui les structure », l’écrivain étant parvenu, selon la comédienne, à capter « l’expression du langage de ce pays ». Il est « extrêmement populaire » ici et « fait partie de la vie des gens ».
© Agence France-Presse
Les fidèles (de théâtre) se pressent à une messe un peu particulière dans la nef de l’abbaye Saint-Victor, qui surplombe le Vieux-Port à Marseille, dans le cadre des spectacles hors les murs proposés par le Théâtre du Gymnase.
Point de soutane ni de chaire, mais un simple pupitre et le cadre majestueux du chœur de l’abbaye suffisent à Ariane Ascaride pour revêtir avec une aisance confondante l’habit du prêcheur.
« C’est assez réjouissant pour moi » car « c’est assez rare qu’une femme soit à cette place », confie la comédienne à l’AFP, au terme de la lecture, en soulignant que par ailleurs, « dans les textes de Pagnol, la plupart du temps, les femmes n’ont jamais de morceaux de bravoure ». Or, « c’est une place de pouvoir symbolique absolument démoniaque », confesse-t-elle : « Je ne l’avais pas mesuré à ce point-là ».
Un pouvoir qui tient beaucoup à l’art oratoire déployé dans ces sermons, que Marcel Pagnol considérait comme très proche de l’art dramatique même si, soulignait-il dans une interview en 1965, « ce n’est pourtant pas tout à fait la même chose parce que l’orateur n’a pas de réplique qui lui permette de prendre son élan » : « Ce n’est pas un acteur et j’ai fait tourner souvent de très bons acteurs dans ces sermons, qui étaient très mauvais ».
En l’occurrence, la verve d’Ariane Ascaride, qui retrouve pour l’occasion son accent marseillais, sans lequel il serait difficile de donner la même portée au phrasé de Pagnol, n’a rien à envier à celle de Fernand Sardou, qui jouait le curé de Cucugnan dans le film éponyme de Marcel Pagnol, adapté des « Lettres de mon moulin » d’Alphonse Daudet.
En la voyant mimer les clapotis des chaudrons bouillonnants dans lesquels cuisent les damnés de Cucugnan, paroisse « qui n’est pas foncièrement irréligieuse mais dont la foi n’est pas une activité militante », on croirait presque apercevoir les flammes de l’enfer.
C’est qu’il faut une sacrée force de persuasion au vénérable curé pour ramener ses ouailles égarées dans le droit chemin de la confession. Quitte à se faire « missionnaire », comme dans le sermon du « Grand Fontainier », tiré cette fois du film « Manon des Sources ».
« Dans cette région, quand les gens entendent Marcel Pagnol, ils entendent quelque chose qui les structure », l’écrivain étant parvenu, selon la comédienne, à capter « l’expression du langage de ce pays ». Il est « extrêmement populaire » ici et « fait partie de la vie des gens ».
© Agence France-Presse
Lire aussi
Commentaires