Karine Jean-Pierre, nouvelle voix de la Maison-Blanche
"Je suis tout ce que Donald Trump déteste", disait Karine Jean-Pierre en 2018. Fille de parents haïtiens, emblème du rêve américain, elle succède ce jeudi à Jen Psaki au rôle de porte-parole de la Maison-Blanche. Exercice journalier et périlleux, elle va devenir la première femme noire et ouvertement lesbienne à occuper ce poste aussi prestigieux que redoutablement exposé.
"Important pour tant de gens"

Elle remplacera Jen Psaki, dont elle était jusqu'ici l'adjointe, à partir du 13 mai, selon un communiqué de la Maison Blanche dans lequel le président démocrate Joe Biden loue "l'expérience, le talent et l'honnêteté" de sa future "Press Secretary".

La porte-parole sortante, faisant venir Karine Jean-Pierre auprès d'elle jeudi lors du traditionnel briefing des journalistes accrédités à la Maison Blanche, a loué, d'une voix parfois étranglée par l'émotion, les qualités de son adjointe, qu'elle a prise dans ses bras à plusieurs reprises.

Karine Jean-Pierre "sera la première femme noire, la première personne ouvertement LGBTQ+ à occuper cette fonction, ce qui est formidable, parce que la représentativité c'est important et parce qu'elle va donner une voix à tant de personnes, et montrer à tant de personnes ce qui est possible quand on travaille dur et qu'on a de grands rêves", a dit Jen Psaki.

Également émue, la future "Press Secretary" a elle déclaré: "C'est un moment historique et je m'en rends bien compte. Je comprends combien c'est important pour tant de gens". Jen Psaki avait fait savoir dès le début qu'elle passerait la main en cours de mandat, mais n'a pas commenté les informations de presse récurrentes sur un départ pour MSNBC, chaîne de télévision progressiste.
Emblématique du rêve américain

Née en Martinique de parents haïtiens qui ont ensuite émigré aux États-Unis, la quadragénaire a travaillé sur les deux campagnes de Barack Obama (2008 et 2012) puis à celle de Joe Biden en 2020 avant de rejoindre son équipe à la Maison Blanche. Karine Jean-Pierre a souvent expliqué combien le parcours de sa famille, emblématique du "rêve américain", avait été déterminant pour sa carrière.

Elle a grandi à New York, où son père a travaillé comme chauffeur de taxi et sa mère comme soignante à domicile. C'est dans cette ville qu'elle a décroché un diplôme de la prestigieuse université Columbia avant de faire ses premiers pas en politique puis de devenir une figure du monde associatif.


Avant elle, une seule autre femme noire, Judy Smith, avait déjà été porte-parole adjointe de la Maison Blanche, sous la présidence de George H.W. Bush, en 1991.
Nouvelle porte-parole

Karine Jean-Pierre, qui partage la vie d'une journaliste de CNN, avec laquelle elle a une fille, a déjà pris place plusieurs fois, comme numéro deux, devant le célèbre fond bleu de la "James S. Brady Press Briefing Room". Mais à l'avenir, ce n'est plus comme doublure qu'elle se prêtera à l'exercice hautement périlleux de la conférence de presse quotidienne de la Maison Blanche, retransmise en direct et décortiquée à l'infini.

La nouvelle porte-parole de la Maison Blanche milite aussi pour faire tomber les préjugés en matière de santé mentale: elle a raconté avoir été victime d'agression sexuelle dans son enfance, et avoir souffert de dépression, jusqu'à faire une tentative de suicide.

Jeudi, interrogée sur le message qu'elle souhaitait livrer aux jeunes filles américaines - et aux garçons, a-t-elle tenu à compléter -, elle a déclaré: "si vous travaillez très dur pour un objectif, cela arrivera. Oui, vous subirez des coups durs, vous traverserez des moments difficiles et cela ne sera pas toujours facile mais la récompense sera incroyable, surtout si vous restez fidèles à ce que vous êtes."

Avec AFP

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