Cela fait 40 jours que les habitants de Shanghai sont totalement confinés chez eux, conformément à la politique "zéro Covid" menée par le gouvernement central. Une situation extrême à l'origine de heurts de plus en plus récurrents entre la population, qui vit la situation comme une injustice et les représentants des autorités.
Ici des heurts en pleine rue, là des ouvriers qui s'échappent en courant de leur usine : le confinement commence à peser lourdement sur les nerfs des Shanghaïens, après 40 jours de restrictions.
La plus grande ville de Chine a confiné ses 25 millions d'habitants début avril dans l'espoir d'enrayer la pire flambée de Covid à frapper le pays depuis la vague initiale de début 2020.
Shanghai déplore officiellement plus de 500 morts en l'espace de quelques semaines, une hécatombe pour la Chine où le bilan total avancé par les autorités dépasse à peine 5.000 décès depuis le début de la pandémie.
Mais malgré une forte baisse du chiffre quotidien des contaminations, les autorités renforcent leur arsenal de mesures anti-épidémiques, au nom d'une stratégie du zéro Covid que le régime communiste a vendu à sa population comme une preuve de sa supériorité politique sur l'Occident.
En réaction, la population s'exaspère et n'hésite plus à en venir aux mains avec les forces de l'ordre, dans un pays où la contestation n'est pourtant pas tolérée.
Samedi 7 mai, des habitants mécontents de leur approvisionnement alimentaire se sont confrontés à des fonctionnaires locaux en combinaison de protection intégrale, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.
"Des fauteurs de troubles" ont incité les riverains à franchir les limites de leur résidence barricadée et d'autres à jeter des objets depuis leur fenêtre, ont accusé les autorités locales dans un communiqué.
Les images prises dans le quartier de Zhuanqiao, authentifiées par l'AFP, montrent les habitants en train de repousser les forces de l'ordre au cri de "non aux violences policières".
Ces bagarres font suite à un autre incident la semaine dernière dans une usine d'un sous-traitant d'Apple, Quanta, lorsque des centaines d'ouvriers ont forcé un barrage pour s'échapper du site de production. Selon l'agence de presse Bloomberg, les ouvriers redoutaient un nouveau tour de vis dans les mesures anti-Covid.
Depuis le début de la mise en quarantaine de Shanghai, des salariés dorment sur leur lieu de travail dans des conditions spartiates, faute de pouvoir rentrer chez eux.
La mairie assure que la capitale économique chinoise est en train de remporter la bataille du Covid, avec un nombre de contaminations quotidiennes tombé à moins de 4.000 lundi après avoir dépassé les 25.000 fin avril.
La ville assure que des millions d'habitants ont pu retrouver un semblant de liberté ces dernières semaines. Certains peuvent enfin sortir de leur appartement, mais pas de leur résidence.
Mais plusieurs complexes résidentiels ont rétabli des restrictions, même dans les zones à faible risque, selon des avis montrés à l'AFP par des habitants. On peut y lire qu'il est interdit de sortir de chez soi pendant plusieurs jours sauf pour subir un test de dépistage. Et il n'est plus question de se faire livrer de la nourriture.
Des familles redoutent d'être emmenées en centre de quarantaine même si leurs tests sont négatifs, pour le simple fait d'avoir un cas positif dans leur voisinage. "On nous a prévenus qu'il faudrait laisser nos clés pour qu'ils puissent venir désinfecter l'appartement", témoigne pour l'AFP un Britannique installé à Shanghai.
Les images de disputes entre fonctionnaires et habitants font florès sur les réseaux sociaux avant que la censure n'efface les contenus indésirables.
Sur l'une de ces vidéos, on peut voir un responsable en tenue intégrale expliquer à une famille qu'elle va devoir se reconfiner parce qu'elle habite au même étage qu'une personne contaminée. "On ne fait pas ce qu'on veut ici, vous n'êtes pas aux États-Unis, vous êtes en Chine", dit-il à la porte de l'appartement.
"Et arrêtez de demander pourquoi. Y'a pas de pourquoi. Ce sont les règles nationales."
Avec AFP
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