«Je suis venu au Liban pour la première fois en 2006, sollicité par une famille libanaise rencontrée à Londres qui m’a demandé de faire un tableau de leur maison de montagne. Dès que j’ai posé le pied au Liban, je suis immédiatement tombé sous le charme de ce pays. J’ai du mal à expliquer pourquoi, mais je me suis senti comme chez moi et j’ai su que j'allais revenir.»
L’atelier de Tom Young, artiste britannique établi au Liban depuis une décennie, est niché au premier étage d'une villa à Gemmayzé. On y accède par un portail en fer qui donne sur la rue. L’entrée, jonchée de petites fleurs jaunes, est surplombée de plantes grimpantes qui subliment les coins d’ombre où le peintre se pose pour créer.
On retrouve deux chevalets avec des toiles inachevées où le peintre reproduit ses impressions du charme du lieu. Il peint par petites touches, à l’image des impressionnistes, dont son style est inspiré. On décèle également une influence romantique caractérisée par des effets clair-obscur et une atmosphère dramatique.
Petit coin d’Eden dans une jungle de béton, la maison est entourée d’un jardin où fleurissent des jacarandas et des jasmins, offrant une nature luxuriante propice à l’inspiration de l’artiste. Ce blond aux yeux bleus est chez lui dans cette ville qui a connu la déchéance et la gloire, sans répit, depuis des millénaires. Il peint les détails du lieu et tente de capturer leur essence. Une montée d’escalier, la façade de la villa, les détails du plafond avec ses dorures baroques, tout est matière à représenter.
On accède à l’atelier par des escaliers en pierre avec une rampe en fer forgé bleu pastel qui rappelle les murs de cette villa typique libanaise, avec ses trois arcs sur la façade principale et son toit de tuile rouge. Vestige d’un passé révolu, cette mélancolique bâtisse a connu bien des conflits dans ce pays, le dernier étant l’explosion du port de Beyrouth en 2020 qui détruisit la façade et toutes les fenêtres. Young peint le lieu avec des nuances qui évoquent l’effacement et l’éther, le tout teinté d’une mélancolie omniprésente dans ses tableaux.
Architecte de formation, il décide de se consacrer entièrement à la peinture qu’il pratique depuis sa plus tendre enfance. Mais sa passion pour l’architecture transparaît à travers les différents édifices qu’il choisit de représenter.
Il se passionne pour les lieux abandonnés tels que le Holiday Inn, la Maison rose à Manara, l’immeuble Al-Zaher à Zoukak el-Blat, le Grand Sofar Hotel, et le dernier en date, l’ancien Hammam de Saïda où il expose actuellement. Ces lieux sont des témoins silencieux d’une mémoire effacée qui le fascine.
Parallèlement à ces expositions, il anime des ateliers de dessins pour enfants, notamment en zones défavorisées. Il promeut l’art comme thérapie auprès de ces enfants qui, souvent, ont subi des traumatismes.
«J’ai perdu ma mère à 10 ans et mon entourage a tenté d’effacer sa mémoire pour m’empêcher de souffrir, mais je réalise aujourd’hui à quel point c’était mal.»
La mémoire, le deuil et la commémoration sont des thèmes principaux dans ses tableaux. Le temps qui passe aussi, et la transformation qui en découle. «Le deuil est peut-être une partie importante de la mort, la commémoration aussi», affirme-t-il.
«Un peuple sans histoire est un peuple sans avenir.»
Aimé Césaire
Cette phrase fait fortement écho avec l’histoire du Liban qui, à ce jour, n’a pas documenté son histoire. «Je remarque qu’on a tendance à effacer et reconstruire ici, sans prendre le temps de faire le deuil. On pense que le nouveau et le propre masquent les atrocités vécues, mais je ne pense pas que cela soit efficace.»
Cet invétéré amoureux du Liban se passionne également pour l’histoire. Il produit actuellement un documentaire sur Lady Spears, une philanthrope britannique qui s’est longtemps passionnée pour le Liban.
Pour Young, l’Histoire est ce qu’il y a de plus précieux pour un pays, c’est un témoignage de son identité. «Notre vécu ne peut être éradiqué sans perdre une partie de soi», affirme-t-il, d’où sa mission de retrouver cette mémoire oubliée et de l’immortaliser à travers son art.
L’atelier de Tom Young, artiste britannique établi au Liban depuis une décennie, est niché au premier étage d'une villa à Gemmayzé. On y accède par un portail en fer qui donne sur la rue. L’entrée, jonchée de petites fleurs jaunes, est surplombée de plantes grimpantes qui subliment les coins d’ombre où le peintre se pose pour créer.
On retrouve deux chevalets avec des toiles inachevées où le peintre reproduit ses impressions du charme du lieu. Il peint par petites touches, à l’image des impressionnistes, dont son style est inspiré. On décèle également une influence romantique caractérisée par des effets clair-obscur et une atmosphère dramatique.
Petit coin d’Eden dans une jungle de béton, la maison est entourée d’un jardin où fleurissent des jacarandas et des jasmins, offrant une nature luxuriante propice à l’inspiration de l’artiste. Ce blond aux yeux bleus est chez lui dans cette ville qui a connu la déchéance et la gloire, sans répit, depuis des millénaires. Il peint les détails du lieu et tente de capturer leur essence. Une montée d’escalier, la façade de la villa, les détails du plafond avec ses dorures baroques, tout est matière à représenter.
On accède à l’atelier par des escaliers en pierre avec une rampe en fer forgé bleu pastel qui rappelle les murs de cette villa typique libanaise, avec ses trois arcs sur la façade principale et son toit de tuile rouge. Vestige d’un passé révolu, cette mélancolique bâtisse a connu bien des conflits dans ce pays, le dernier étant l’explosion du port de Beyrouth en 2020 qui détruisit la façade et toutes les fenêtres. Young peint le lieu avec des nuances qui évoquent l’effacement et l’éther, le tout teinté d’une mélancolie omniprésente dans ses tableaux.
Architecte de formation, il décide de se consacrer entièrement à la peinture qu’il pratique depuis sa plus tendre enfance. Mais sa passion pour l’architecture transparaît à travers les différents édifices qu’il choisit de représenter.
Il se passionne pour les lieux abandonnés tels que le Holiday Inn, la Maison rose à Manara, l’immeuble Al-Zaher à Zoukak el-Blat, le Grand Sofar Hotel, et le dernier en date, l’ancien Hammam de Saïda où il expose actuellement. Ces lieux sont des témoins silencieux d’une mémoire effacée qui le fascine.
Parallèlement à ces expositions, il anime des ateliers de dessins pour enfants, notamment en zones défavorisées. Il promeut l’art comme thérapie auprès de ces enfants qui, souvent, ont subi des traumatismes.
«J’ai perdu ma mère à 10 ans et mon entourage a tenté d’effacer sa mémoire pour m’empêcher de souffrir, mais je réalise aujourd’hui à quel point c’était mal.»
La mémoire, le deuil et la commémoration sont des thèmes principaux dans ses tableaux. Le temps qui passe aussi, et la transformation qui en découle. «Le deuil est peut-être une partie importante de la mort, la commémoration aussi», affirme-t-il.
«Un peuple sans histoire est un peuple sans avenir.»
Aimé Césaire
Cette phrase fait fortement écho avec l’histoire du Liban qui, à ce jour, n’a pas documenté son histoire. «Je remarque qu’on a tendance à effacer et reconstruire ici, sans prendre le temps de faire le deuil. On pense que le nouveau et le propre masquent les atrocités vécues, mais je ne pense pas que cela soit efficace.»
Cet invétéré amoureux du Liban se passionne également pour l’histoire. Il produit actuellement un documentaire sur Lady Spears, une philanthrope britannique qui s’est longtemps passionnée pour le Liban.
Pour Young, l’Histoire est ce qu’il y a de plus précieux pour un pays, c’est un témoignage de son identité. «Notre vécu ne peut être éradiqué sans perdre une partie de soi», affirme-t-il, d’où sa mission de retrouver cette mémoire oubliée et de l’immortaliser à travers son art.
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