Aux origines de l’essor du basket libanais (1/2)
Le basket libanais a connu un coup d’arrêt pendant la guerre civile de 75 à 92. Si des tournois amicaux ont continué à être organisés pendant cette période, l’essor de ce sport ne débutera qu’en 93.

Après 17 années d’arrêt (1975 à 1992) en raison de la guerre civile, le championnat du Liban de basket a repris pour la saison 1992-1993. Les activités basket ne se sont pas pour autant arrêtées pendant la période de la guerre. En effet, de nombreux tournois amicaux étaient organisés par différents clubs, dans un contexte très particulier. Il s’agissait de tournois qui duraient près d’une semaine, aussi bien locaux qu’internationaux. Les meilleures équipes de cette période étaient Riyadi, Kahraba, Tadamon, ENB, Mont la Salle et Aamal Bekfaya.

Ghayath Dibra, journaliste sportif, spécialiste en basket à la MTV a raconté dans un entretien avec Ici Beyrouth une anecdote croustillante sur cette période,  qui prouve l’engouement qui existait déjà pour ce sport au Liban: «Yasser el-Hajj était un joueur libanais prometteur qui évoluait à Kahraba Zouk à la fin des années 80 et au début des années 90. Yasser vivait à l’ouest de Beyrouth, et, à l’époque, on ne pouvait pas traverser la ligne de démarcation en voiture. Aussi, des membres du club keserouaniote l’attendaient de l’autre côté de la ligne de démarcation, et Yasser traversait cette zone à pied, pour retrouver les responsables du club».

Autre preuve de cet engouement, Ghayath Dibra explique que les matches se jouaient devant un  public important, à la recherche d'un niveau élevé: «Le sport était à un stade très amateur, mais jouissait d'une grande popularité. Les matches se jouaient pour la plupart sur des terrain en plein air, comme les tournois de EBD Jounieh ou Tadamon Zouk. Les stades étaient pleins. Il n’y avait pas beaucoup de joueurs de grande taille, les dunks étaient donc très attendus, vu leur rareté. Ainsi dans un match du club Ehya, Elie Mechantaf, qui était connu pour ses sauts, était sur le point d'effectuer un dunk et l'a raté, au plus grand désappointement des supporters. De même, situation similaire dans un autre match, Sohail Safar se dirigeait vers le panier et a fait un «lay-up» au lieu de dunker, provoquant la déception du public.»

Des débuts timides


La première compétition officielle après la guerre civile fut la coupe du Liban, en 1992, disputée sans joueurs étrangers. Elle a été remportée par Aamal Bekfaya. En 92-93, la deuxième édition de la coupe du Liban a été remportée par Sagesse, qui était alors pourtant en deuxième division. En parallèle, le championnat du Liban reprenait ses droits cette saison-là. La saison suivante, Sagesse a réalisé l’exploit de remporter le championnat 93-94, dès son accession dans l’élite. Un exploit qui ne s'est plus reproduit depuis. Sagesse et Riyadi ont d’emblée joué un rôle important dans le lancement de ce sport. Mais d’autres clubs affichaient aussi un bon niveau tels qu’Antranik, Rosaire, Centrale, Tadamoun et Kahraba.

Au cours de la saison 1995-1996, le championnat connaît un coup d’arrêt avec l’annulation de la finale qui devait opposer Sagesse à Riyadi. Le président de la Fédération Libanaise de Basket (FLB) de l’époque, Tony Khoury, avait justifié cette décision en expliquant que cette rencontre constituait un danger pour la paix civile. Cette décision controversée va pousser Khoury à la sortie, quelques mois plus tard. En septembre 1996, Antoine Chartier est élu à la tête de la FLB pour un mandat de trois ans, ce qui va sceller la mutation de ce sport au Liban.

Intégration de joueurs étrangers

Dès le lancement du championnat en 92-93, les clubs intègrent des joueurs étrangers dans leurs effectifs. Ghayath Dibra raconte la petite histoire du premier joueur étranger, un Américain, du championnat du Liban qui «évoluait à ENB, alors soutenu financièrement par Georges Barakat». Dibra poursuit en expliquant que les clubs avaient différentes préférences pour l’origine des joueurs étrangers: «Centrale engageait beaucoup de joueurs russes, tandis que Kahraba comptait plus sur des joueurs africains, tels que Tilo Vidal.»
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