Trois décennies après Édith Cresson, Élisabeth Borne, 61 ans, devient la deuxième femme nommée Première ministre sous la Ve République. Fille de déporté, technicienne issue de la gauche, loyale pendant tout le dernier quinquennat, un sondage Ifop révélait pourtant que 45% des personnes interrogées ne la connaissaient pas. Elle suscite les espoirs en macronie pour les législatives et "la mère des batailles" sur les retraites.
"Une femme de gauche"
Longue trajectoire
Avant d'arriver rue de Grenelle, Mme Borne avait d'abord géré le portefeuille des Transports dans les gouvernements d'Edouard Philippe. Durant ces deux années à ce poste, elle avait gagné une assise certaine en menant à son terme l'une des réformes emblématiques du quinquennat, celle de la SNCF, et en portant la loi touffue sur les mobilités (LOM). Elle avait ensuite remplacé François de Rugy comme ministre de la Transition écologique et solidaire lors d'un remaniement en juillet 2019.
Elisabeth Borne avait déjà fait un passage en 2014 comme directrice de cabinet de la ministre de l'Environnement Ségolène Royal. L'année précédente, en 2013, elle avait été préfète de la région Poitou-Charentes, présidée alors par Mme Royal.
Dès 2015, Mme Borne avait toutefois été nommée présidente de la RATP, grande entreprise publique de transports, quelques années après avoir été directrice de la stratégie de la SNCF, au début des années 2000. Dans une carrière essentiellement consacrée au service public, notamment dans les cabinets socialistes dans les années 1990, chez Lionel Jospin à l'Education ou Jack Lang à la Culture, Mme Borne a aussi fait un passage dans le privé, chargée des concessions du groupe Eiffage en 2007, avant de rejoindre la Mairie de Paris comme directrice de l'urbanisme.
Élisabeth Borne lors de son action en tant que Ministre du Travail du gouvernement du Premier ministre Jean Castex. (AFP)
Défendre le bilan Macron
Elisabeth Borne avait multiplié ces derniers mois les interventions dans les médias pour défendre l'action du gouvernement, notamment le "bouclier anti-licenciement" du chômage partiel face à la crise, ou pour battre le rappel sur le télétravail face au Covid-19. Elle a d'ailleurs elle-même passé plusieurs jours à l'hôpital en mars 2021 après avoir contracté le virus, confiant par la suite avoir vécu une expérience "angoissante" et s'être vu "administrer ponctuellement de l'oxygène".
Bataille des législatives
Elisabeth Borne est la quatrième cheffe du gouvernement sous la Ve République à n'avoir jamais brigué un mandat au suffrage universel, après Georges Pompidou, Raymond Barre et Dominique de Villepin. En avril, dans un sondage Ifop, 45% des personnes interrogées disaient d'ailleurs ne pas la connaître.
Elle concourra aux législatives dans le Calvados en juin, une candidature confirmée par son entourage après sa nomination à Matignon. Mais son absence, jusqu'alors, de véritable "enracinement" et un sens politique jugé relatif avaient provoqué la circonspection de certains caciques de la majorité présidentielle lorsque son nom avait été mis en avant dès le lendemain de la réélection d'Emmanuel Macron.
Avec AFP
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