Au Tchad, un sixième leader de l'opposition arrêté
©L'avocat Max Loalngar, interpellé, est le coordinateur de la principale coalition de l'opposition Wakit Tamma. (AFP)

Au moment où un dialogue national pour préparer des élections paraît plus que jamais compromis, un sixième responsable de l'opposition a été arrêté mardi au Tchad. Il s'agit de l'avocat Max Loalngar, coordinateur de la principale coalition de l'opposition Wakit Tamma. Cette interpellation intervient suite à la manifestation violente samedi contre la France accusée de soutenir la junte militaire, .




Sixième arrestation

Les réactions se multiplient, aussi bien dans l'opposition politique, les syndicats et les groupes armés qui demandent leur libération immédiate. Le gouvernement appelle pour sa part la justice à faire son travail dans "une procédure judiciaire classique". Samedi, la manifestation pour protester contre la France et sa présence militaire avait débordé. Sept stations d'essence du groupe pétrolier français Total avaient été vandalisées et 12 policiers blessés, selon la police.

L'avocat Max Loalngar, coordinateur de la principale coalition de l'opposition Wakit Tamma, a été "interpellé suite à la marche du 14 mai 2022 transformée en manifestation violente. Il est à signaler qu'il est l'un des organisateurs de ladite marche", a indiqué la police sur sa page Facebook. "Deux véhicules (...) sont venus le prendre chez sa mère pour le conduire dans une direction inconnue", a également confirmé à l'AFP Michel Barka, porte-parole de Wakit Tamma.

Lundi, cinq cadres de l'opposition ont déjà été inculpés "d'attroupement ayant causé des troubles à l'ordre public, atteinte à l'intégrité corporelle de personnes, incendie et destruction de biens", mis sous mandat de dépôt et incarcérés à la maison d'arrêt de Klessoum dans la capitale. Wakit Tamma considère qu'ils ont été arrêtés à tort pour des "actes de vandalisme" commis par d'autres en marge ou après sa manifestation et a exigé leur libération.

Lors de la manifestation de samedi dernier, des manifestants ont brûlé des drapeaux français en signe de contestation. (AFP)

Dialogue reporté

Ces arrestations compromettent la tenue du dialogue inclusif, censé réconcilier les Tchadiens après les 30 ans de règne d'Idriss Déby Itno sur un pays théâtre de multiples rébellions. A la mort de l'ancien président, tué au front contre des rebelles il y a plus d'un an, son fils le général Mahamat Idriss Déby Itno avait repris les rênes du pays à la tête d'un groupe de 15 généraux, aussitôt adoubé par la communauté internationale, Paris en tête.


Mahamat Idriss Déby avait alors dissous le Parlement, congédié le gouvernement et abrogé la Constitution, tout en promettant des "élections libres et démocratiques" dans un délai de 18 mois au terme d'un dialogue national entre la junte, les groupes armés et l'opposition.

Mais ce dialogue a déjà été reporté plusieurs fois, notamment parce que le "pré-dialogue" à Doha piétine entre le pouvoir et les groupes rebelles, et parce que la plateforme Wakit Tamma avait déjà suspendu ses pourparlers avec la junte, critiquant entre autres "une communauté internationale qui s'obstine à soutenir vaille que vaille un régime illégal et illégitime".
"Dire non à la France"

Mardi - comme la veille - des manifestations sporadiques d'étudiants ont de nouveau éclaté à N'Djamena, rapidement dispersées par la police. "Nous sommes sortis en masse en pour dire non à la France et à sa politique africaine qui consiste à piller nos richesses", a déclaré à l'AFP Mahamat Issa, un étudiant de 23 ans. "Si vous observez bien, le Tchad a reculé sur tous les plans depuis son accession à l'indépendance. À cause de la France. C'est la France qui donne des ordres à nos autorités sur la manière dont elles gèrent le pays", estime Djibrine Hamit, un fonctionnaire de 32 ans qui a manifesté.

"Nous allons vers un dialogue qui regroupe tous les Tchadiens. Est-ce nécessaire de saboter ce dialogue? Qu'est-ce que c'est que cette histoire incroyable que la France est responsable des maux du Tchad?", a de son côté réagi à l'AFP le porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah. "Quand on fait sciemment des actions violentes, il faut assumer. Quand on pousse les gens à sortir, à jeter des drapeaux français, à les brûler, on en assume les conséquences", a-t-il ajouté au sujet de l'arrestation des membres de Wakit Tamma, précisant que l'enquête allait "établir les responsabilités".

La plateforme d'opposition avait aussi affirmé que l'armée française installait au Tchad des bases militaires dans cinq villes, "sans que le peuple ou l'Assemblée nationale n'aient été consultés", argument repris par de nombreux manifestants. Mardi, le porte-parole de l'état-major français Pascal Ianni a apporté un démenti à l'AFP. "Il n'est pas envisagé d'ouvrir des bases supplémentaires au Tchad", a-t-il assuré.

Avec AFP

Commentaires
  • Aucun commentaire