Le Bélarus étend l'application de la peine de mort
Alors qu'il autorisait déjà la peine de mort pour les "actes de terrorisme", le Bélarus a annoncé le 18 mai étendre la sanction mortelle aux préparations d'attentat ou "tentative d'acte de terrorisme". Selon les opposants du régime autoritaire du président Loukachenko, il s'agit d'une nouvelle manière de se débarrasser de ceux qui ont protesté contre la réélection contestée de ce dernier en 2020.

Le Bélarus a introduit la peine de mort pour préparation d'attentat ou "tentative d'acte de terrorisme", selon un décret publié mercredi 18 mai, un durcissement qui vise "directement" l'opposition d'après sa cheffe exilée.

"Le président bélarusse Alexandre Loukachenko a signé la loi prévoyant la possibilité de la peine de mort pour une tentative d'acte de terrorisme", selon l'agence russe Ria Novosti, alors que jusqu'à présent seuls ceux qui avaient commis un tel acte étaient passibles d'exécution.

Selon l'agence russe Interfax, le texte, qui a été publié mercredi au Bélarus, stipule qu'aucune "préparation ou tentative" de crime n'est passible de peine de mort à l'exception de ceux qualifiés de "terroristes".

Le portail publiant les textes de droit bélarusse n'était pas accessible mercredi depuis l'étranger, mais selon les agences russes ces nouvelles normes entreront en vigueur dans une dizaine de jours.

De nombreux opposants arrêtés depuis 2020

Depuis le vaste mouvement de contestation de 2020 contre la réélection de l'autoritaire Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, de nombreux opposants ont été inculpés et arrêtés pour tentative ou préparation d'acte de terrorisme.

Bélarus La cheffe de l'opposition bélarusse, Svetlana Tikhanovskaïa, en avril 2022 (AFP)

En mars 2021, le parquet bélarusse avait annoncé que la cheffe de l'opposition, Svetlana Tikhanovskaïa, contrainte à l'exil en 2020 par la répression de la contestation, faisait elle-même l'objet d'une enquête pour "préparation d'acte de terrorisme en bande organisée", selon l'agence d'Etat bélarusse Belta.

Celle-ci a réagi sur Twitter à l'élargissement des crimes passibles de la peine capitale comme une "menace directe" visant les opposants au régime de M. Loukachenko et ceux qui s'opposent à l'offensive en Ukraine de la Russie, qui a utilisé le territoire du Bélarus pour une partie de ses assauts.

"Le régime illégal a introduit la peine capitale pour des cas de tentative de terrorisme. C'est une menace directe contre les militants qui s'opposent au dictateur et à la guerre", a commenté sur Twitter Svetlana Tikhanovskaïa.


"J'appelle la communauté internationale à réagir : sanctionner les parlementaires et user de chaque outil pour empêcher des meurtres politiques", a-t-elle ajouté.

De nombreuses sanctions occidentales contre le Bélarus

Le Bélarus et ses dirigeants font déjà l'objet de nombreuses sanctions occidentales, d'une part à cause de la répression qui y a décimé l’opposition et la société civile, d'autre part du fait du soutien à l'offensive russe contre l'Ukraine.

Bélarus Russie Le Bélarus conserve le soutien de la Russie (AFP)

Le Bélarus, une ex-république soviétique alliée à la Russie, est le dernier pays d'Europe qui applique encore la peine de mort.

Le pays procède chaque année à plusieurs exécutions, d'une balle tirée dans la nuque du condamné, et qui sont toujours gardées secrètes, les familles n'étant informées que quelques mois après.

Depuis la présidentielle de 2020, lors de laquelle Mme Tikhanovskaïa a amassé un soutien populaire surprise et mobilisé des foules immenses pour dénoncer un scrutin truqué par M. Loukachenko, les autorités ont donné un tour de vis considérable, arrêtant des centaines de personnes et forçant à l'exil foule de dirigeants de l'opposition ou simple manifestants.

De nombreuses figures du mouvement ont été condamnées à de lourdes peines de prison, les ONG et médias indépendants ont été bannis et taxés d’extrémisme.

Un nouveau procès de 12 militants de l'opposition s'est ouvert d'ailleurs mercredi dans la ville de Grodno et leur dirigeant présumé, Nikolaï Avtoukhovitch, est notamment accusé d'acte de "terrorisme" et de préparation d'un acte de "terrorisme" en bande organisée, selon l'ONG de défense des droits humains Viasna, dont plusieurs membres et son chef sont également en prison.

Selon cette source, les enquêteurs accusent le groupe d'avoir incendié une voiture et la maison d'un policier, puis d'avoir fait exploser la voiture d'un autre.

Avec AFP
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