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Le secrétaire-général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, revendique la victoire aux élections, affirmant que "le nombre de députés élus à la Chambre ne reflète pas le poids et la popularité des entités politiques".

Le secrétaire-général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, se voulait calme, serein et conciliant, mercredi en fin de soirée, lors d’un discours télévisé prononcé au lendemain de l’annonce des résultats officiels des élections législatives.

Le leader du parti chiite a commencé son allocution en remerciant son électorat pour sa "loyauté, fidélité et confiance", commentant avec appréciation "les efforts des personnes malades, blessés ou à mobilité réduite qui ont effectué le déplacement jusqu’aux urnes, afin de permettre au Hezbollah de poursuivre son activité politique au sein du Parlement et d’assurer la couverture à ses armes".

Dans un discours tempéré et ponctué de déclarations sous le signe de l’arrondissement des angles, Hassan Nasrallah a préféré jouer la carte du leader satisfait, saluant le score obtenu par ses candidats lors du scrutin de dimanche, au lieu d’admettre la défaite cuisante subie par son parti le 15 mai. "Le Hezbollah a vu son nombre de députés baisser, sans pour autant perdre en popularité. Les élections législatives ont été une grande victoire pour le Hezb tenant compte des circonstances, et sachant que le Parlement n’est qu’un des piliers du pouvoir", a indiqué le chef pro-iranien, soulignant qu’"aucune entité politique ne peut affirmer détenir la majorité au Parlement". En effet, souligne dans ce cadre M. Nasrallah, "les nombreuses crises que traverse le Liban ne pourront pas être traitées par la majorité parlementaire, quelle qu’elle soit, puisque tous les partis politiques sont responsables de ces crises". Il a ajouté qu’il espèrerait que "les nouveaux députés élus seront à la hauteur des attentes de l’électorat, et qu'ils puissent remplir leurs promesses". Et de poursuivre : "La loi électorale en vigueur n’est aucunement représentative. La répartition des circonscriptions est fausse, mauvaise, injuste et étudiée de manière à favoriser un découpage fait sur mesure, pour avantager certains chefs politiques. C’est pourquoi nous revendiquons l’élaboration d’une nouvelle loi électorale, proportionnelle, avec une seule circonscription, où l’âge minimum de vote serait de 18 ans, et qui ne soit pas régie par le confessionnalisme, afin qu’elle puisse assurer une vraie représentation des Libanais". Et au chef du Hezbollah de préciser : "Le quotient électoral varie selon les circonscriptions et ne reflète en aucun cas la popularité politique".

Par ailleurs, le secrétaire- général du parti pro-iranien a appelé au calme et à l’apaisement du climat politique, invitant ses adversaires à éviter de semer la discorde et de se concentrer sur le règlement des problèmes quotidiens auxquels font face les Libanais, tels que la crise de l’essence, du pain, de l’énergie, des déchets etc. "Je demande qu’on puisse traiter ces crises politiques, économiques, sociales, financières, sanitaires par le biais d’un partenariat et d’une coopération, basés sur l’entente ; en dépit des différends politiques que nous pourrions avoir".


C’est dans ce même contexte que M. Nasrallah a estimé nécessaire de se pencher sur "des mensonges qui ne cessaient de circuler et qui avaient pour but de nuire au Hezbollah". "Le premier mensonge", souligne Hassan Nasrallah, un sourire narquois aux lèvres, "est que le Hezb avait pour mission de torpiller les élections législatives et de prolonger le mandat du Parlement actuel. Cela est un mensonge infâme, relayé par le Courant patriotique libre (CPL). Si nous voulions réellement faire échouer la tenue du scrutin, nous l’aurions fait !", s’est-il indigné. "Quoique je trouve incroyable qu’aucun mégacentres n’a pu être établi sur le territoire libanais, alors que des centres de vote ont pu être assurés dans les quatre coins du monde", a-t-il rétorqué, faisant allusion à la principale revendication du CPL et tentant d’adoucir la pique lancée vers son principal allié chrétien, en leur donnant raison sur ce point. "Le second mensonge est que le scrutin a eu lieu sous la menace des armes, et cela est outrageux ! Comment ce scénario est-il possible, alors que ces mêmes personnes qui nous accusent de ce fait, célèbrent aujourd’hui leur victoire ?" a-t-il déclaré.

Plus encore, Hassan Nasrallah s’est ouvertement moqué du fait qu’il y ait une occupation iranienne au Liban ; en tirant à boulets rouges sur l’ambassadrice américaine au Liban, Dorothy Shea, sur l’ancien sous-secrétaire d’Etat américain, David Schenker, et sur l’ambassadeur saoudien au Liban, Waleed al-Bukhari, qu’il accuse "d’avoir influencé et financé les élections législatives, alors que l’Iran", d’après lui, "s’est abstenue de toute interférence dans le processus électoral libanais".

Sur un autre plan, M. Nasrallah est allé jusqu’à mettre en garde ses partisans contre la provocation dans les rues et les tirs nourris en l’air, car "cela nuit à la réputation du parti et de la communauté chiite. Les élections législatives sont terminées" a-t-il martelé. "J’appelle donc au calme et au vivre ensemble, car toute personne qui tirera en l’air ou aura recours à des moyens de provocation sera sévèrement sanctionnée, voire virée du parti", a-t-il prévenu.

Le discours de Hassan Nasrallah n’est pas sans rappeler celui prononcé mardi par le président de la Chambre, Nabih Berry, qui avait appelé au dialogue, dans un message aux Libanais, quelques heures après l’annonce des derniers résultats officiels des législatives du 15 mai. M. Berry avait appelé au maintien d’un discours calme, loin des discours haineux. Il avait insisté sur le fait qu’"aucune confession ne devrait miser sur une politique d’annulation de l’autre" et il avait préconisé l’élaboration d’une nouvelle loi électorale "hors des contraintes sectaires, à la faveur d’un dialogue national qui inclurait tout le monde, notamment la société civile", estimant que la loi actuelle accentue le confessionnalisme. Nabih Berry avait aussi plaidé pour la baisse de l’âge de vote à 18 ans, et pour l’adoption d’une décentralisation administrative et d’un plan de redressement financier et économique qui respecterait tous les droits des déposants.

 
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