Comme pour inscrire dans l’Histoire que ce gouvernement, désormais sortant, a fait son travail jusqu’au bout, un prétendu ‘plan de sauvetage’ a été rafistolé à la dernière minute.
De nouveau, le gouvernement jette la responsabilité de la crise financière sur la banque du Liban (BDL) et les banques commerciales. Le montant du ‘trou’ fera l’objet d’une étude approfondie, avec l’aide d’entreprises internationales, avec quand même une estimation actuelle de plus de 70 milliards de dollars. D’où la nécessité de restructurer tout le secteur financier et recapitaliser les banques, du moins celles qui seraient aptes à survivre.
Aucune mention d’un fonds souverain qui regrouperait des actifs publics, et serait géré par le secteur privé pour engranger des plus-values et contribuer à rembourser la dette publique. Une revendication maintes fois répétée par le secteur privé, y compris les banques. À peine une timide mention des déficits des budgets de l’État, et de ses non-budgets (sur 12 ans), pourtant source des pertes et des dilapidations. Et naturellement, pas de mention des blocages politiques, menés par le Hezbollah, qui ont miné les finances de l’État.
Qui va supporter les pertes des banques ? Les pertes devront être supportées, dans cet ordre, par les actionnaires des banques, qui verront leur capital totalement effacé, puis les porteurs des divers titres et instruments financiers, puis les déposants.
Le sort de vos dépôts. Les petits déposants seront en principe épargnés, selon le plan, et leurs dépôts protégés. Mais la définition de ‘petits déposants’ n’est pas arrêtée. Elle sera différente en fait selon chaque banque: une protection minime pour les déposants des banques qui vont disparaître, et plus conséquente, jusqu’à 100.000 dollars, ou plus selon les capacités de chaque banque survivante. Les dépôts qui seront protégés, donc sauvés sans ponction, seront versés en dollars ou en LL au taux du marché, selon les règles qui seront arrêtées dans la loi sur le contrôle des capitaux (toujours en souffrance au Parlement depuis fin 2019). Les dépôts non-protégés seront convertis en actions (bail-in) et/ou seront remboursés en LL, mais selon un taux inférieur à celui du marché. Dommage collatéral: cela va entraîner nécessairement une augmentation colossale de la masse monétaire en LL en circulation, ce qui va provoquer une inflation galopante. Pire, on tend ici à sanctionner des déposants qui n’ont rien fait de mal, alors que, en plus, ils sont la source des investissements dans l’économie. Bloquer leurs comptes revient à empêcher toute reprise économique à l’avenir.
Le sort des banques. Les banques vont d’abord perdre une grande partie de leurs dépôts à la BDL (estimés à 60 milliards de dollars). Les actionnaires des banques, anciens et nouveaux, devront injecter un capital supplémentaire. Donc, les nouveaux actionnaires, gros déposants, vont non seulement perdre l’essentiel de leur fruit de labeur, mais en plus mettre la main à la poche. En même temps, on n’indique pas comment on peut obliger ces actionnaires à rassembler des milliards de dollars, et on ne se pose pas la question de savoir s’ils en ont les moyens à l’origine. L’évaluation des 14 premières banques (83% du marché) sera finalisée en septembre 2022. En tout cas, il ne faut pas compter sur le soutien financier de l’État pour cette opération.
Les réformes. Les processus de prise de décision dans le secteur financier, y compris le mécanisme de garantie des petits dépôts, seront finalisés en décembre 2022. Une loi sur la restructuration des banques devra être votée par le Parlement. La loi sur le secret bancaire sera aussi amendée pour pouvoir mener ces opérations de restructuration.
La dette. Les eurobons feront l’objet d’une restructuration, mais selon une équation à étudier après des négociations avec les porteurs de ces titres de dettes en devises. Les banques détiennent actuellement quelque cinq milliards de dollars en eurobons, autant que la BDL, donc encore une perte sèche pour le secteur bancaire, et, conséquemment, une baisse de sa capacité à rembourser les dépôts. Aucune mention dans ce cadre du sort de la dette en LL, qui est de l’ordre de 90 trillions de livres.
La BDL : le déficit cumulé de la BDL a été estimé à plus de 60 milliards de dollars, en attendant d’effectuer une évaluation plus précise. La BDL devra en tout cas être recapitalisée, sous forme de titres souverains à hauteur de 2,5 milliards de dollars. Aucune mention là aussi d’où cet apport en capital viendrait. Après la fin de l’audit (juillet 2022), une grande partie des engagements de la BDL en devises seront éliminés, d’où la perte des fonds déposés par les banques. Le déficit résiduel sera absorbé sur une période de cinq ans.
En gros, non seulement ce ‘plan de sauvetage’ ne sauve rien du tout, mais en plus il tue dans l’œuf toute possibilité de reprise économique, et de toute confiance, clé de tout développement futur. Pire encore, il n’a aucun brin de réalisme, un simple comptable verra son incongruité.
De nouveau, le gouvernement jette la responsabilité de la crise financière sur la banque du Liban (BDL) et les banques commerciales. Le montant du ‘trou’ fera l’objet d’une étude approfondie, avec l’aide d’entreprises internationales, avec quand même une estimation actuelle de plus de 70 milliards de dollars. D’où la nécessité de restructurer tout le secteur financier et recapitaliser les banques, du moins celles qui seraient aptes à survivre.
Aucune mention d’un fonds souverain qui regrouperait des actifs publics, et serait géré par le secteur privé pour engranger des plus-values et contribuer à rembourser la dette publique. Une revendication maintes fois répétée par le secteur privé, y compris les banques. À peine une timide mention des déficits des budgets de l’État, et de ses non-budgets (sur 12 ans), pourtant source des pertes et des dilapidations. Et naturellement, pas de mention des blocages politiques, menés par le Hezbollah, qui ont miné les finances de l’État.
Qui va supporter les pertes des banques ? Les pertes devront être supportées, dans cet ordre, par les actionnaires des banques, qui verront leur capital totalement effacé, puis les porteurs des divers titres et instruments financiers, puis les déposants.
Le sort de vos dépôts. Les petits déposants seront en principe épargnés, selon le plan, et leurs dépôts protégés. Mais la définition de ‘petits déposants’ n’est pas arrêtée. Elle sera différente en fait selon chaque banque: une protection minime pour les déposants des banques qui vont disparaître, et plus conséquente, jusqu’à 100.000 dollars, ou plus selon les capacités de chaque banque survivante. Les dépôts qui seront protégés, donc sauvés sans ponction, seront versés en dollars ou en LL au taux du marché, selon les règles qui seront arrêtées dans la loi sur le contrôle des capitaux (toujours en souffrance au Parlement depuis fin 2019). Les dépôts non-protégés seront convertis en actions (bail-in) et/ou seront remboursés en LL, mais selon un taux inférieur à celui du marché. Dommage collatéral: cela va entraîner nécessairement une augmentation colossale de la masse monétaire en LL en circulation, ce qui va provoquer une inflation galopante. Pire, on tend ici à sanctionner des déposants qui n’ont rien fait de mal, alors que, en plus, ils sont la source des investissements dans l’économie. Bloquer leurs comptes revient à empêcher toute reprise économique à l’avenir.
Le sort des banques. Les banques vont d’abord perdre une grande partie de leurs dépôts à la BDL (estimés à 60 milliards de dollars). Les actionnaires des banques, anciens et nouveaux, devront injecter un capital supplémentaire. Donc, les nouveaux actionnaires, gros déposants, vont non seulement perdre l’essentiel de leur fruit de labeur, mais en plus mettre la main à la poche. En même temps, on n’indique pas comment on peut obliger ces actionnaires à rassembler des milliards de dollars, et on ne se pose pas la question de savoir s’ils en ont les moyens à l’origine. L’évaluation des 14 premières banques (83% du marché) sera finalisée en septembre 2022. En tout cas, il ne faut pas compter sur le soutien financier de l’État pour cette opération.
Les réformes. Les processus de prise de décision dans le secteur financier, y compris le mécanisme de garantie des petits dépôts, seront finalisés en décembre 2022. Une loi sur la restructuration des banques devra être votée par le Parlement. La loi sur le secret bancaire sera aussi amendée pour pouvoir mener ces opérations de restructuration.
La dette. Les eurobons feront l’objet d’une restructuration, mais selon une équation à étudier après des négociations avec les porteurs de ces titres de dettes en devises. Les banques détiennent actuellement quelque cinq milliards de dollars en eurobons, autant que la BDL, donc encore une perte sèche pour le secteur bancaire, et, conséquemment, une baisse de sa capacité à rembourser les dépôts. Aucune mention dans ce cadre du sort de la dette en LL, qui est de l’ordre de 90 trillions de livres.
La BDL : le déficit cumulé de la BDL a été estimé à plus de 60 milliards de dollars, en attendant d’effectuer une évaluation plus précise. La BDL devra en tout cas être recapitalisée, sous forme de titres souverains à hauteur de 2,5 milliards de dollars. Aucune mention là aussi d’où cet apport en capital viendrait. Après la fin de l’audit (juillet 2022), une grande partie des engagements de la BDL en devises seront éliminés, d’où la perte des fonds déposés par les banques. Le déficit résiduel sera absorbé sur une période de cinq ans.
En gros, non seulement ce ‘plan de sauvetage’ ne sauve rien du tout, mais en plus il tue dans l’œuf toute possibilité de reprise économique, et de toute confiance, clé de tout développement futur. Pire encore, il n’a aucun brin de réalisme, un simple comptable verra son incongruité.
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