©Garagistes, ouvriers en bâtiment, coiffeuses, avocates, anciens militaires... les brigades de "défense territoriale" peuvent regrouper des Ukrainiens et des Ukrainiennes de 18 à 60 ans. (AFP)
"Tiens la corde, regarde-moi". Du haut de l'immeuble, un instructeur encourage Iryna Gorobiovska, nom de guerre "Bunny", à descendre en rappel. Pleine de bonne volonté, mais inexpérimentée, la jeune Ukrainienne finit par se laisser glisser maladroitement jusqu'au sol.
Comme des milliers de ses compatriotes, cette avocate de 28 ans s'est engagée dès le début de l'invasion russe dans les unités de la "défense territoriale", une force d'appui à l'armée régulière ouverte à tous les Ukrainiens, à la seule condition qu'ils aient entre 18 et 60 ans.
Une partie d'entre eux avaient déjà une expérience militaire, acquise après l'annexion de la Crimée par Moscou en 2014 et lors du conflit avec les séparatistes prorusses dans l'Est commencé la même année, et ont immédiatement participé aux combats. Beaucoup d'autres, comme Iryna, ne savaient ni manier une arme ni poser un garrot et ont, pendant le siège de la capitale, surtout aidé à construire les barricades ou distribuer l'aide humanitaire.
"On a des entraînements toutes les semaines et depuis mars, on a vu défiler entre 1.000 et 1.500 personnes", explique à l'AFP Mikhaïlo Chtcherbina, directeur adjoint des services de sécurité de la municipalité. "Ce serait un crime d'envoyer des gens non formés sur la ligne de front, il faut un minimum".
C'est d'autant plus important, qu'après "avoir surtout mené des opérations de défense, on commence à attaquer", poursuit-il, en référence au territoire grignoté autour de Kharkiv dans le nord-est. "On doit leur apprendre à libérer des villes." Les soldats russes se sont désormais repliés sur le Sud et l'Est mais, anticipant un conflit qui s'étire, les autorités de Kiev forment à cadence accélérée ces nouvelles recrues afin qu'elles puissent, au besoin, partir affronter l'ennemi.
Perdue dans la forêt, à l'écart de la capitale, une ancienne colonie de "pionniers", la version soviétique du scoutisme, abrite leur formation. En cinq jours, des garagistes, ouvriers en bâtiment, coiffeuses... apprennent à se mouvoir dans un terrain miné, à évacuer un blessé sous les balles, à tirer à l'arme automatique ou à s'exfiltrer par la fenêtre d'un bâtiment à étages.
C'est ce dernier exercice qui a mis Iryna Gorobiovska en difficulté. "C'était effrayant, parce que je ne comprenais pas ce que je devais faire", explique après coup la jeune femme, dont les ongles sont peints en kaki comme son treillis. "Je veux bien défendre mon pays, mais j'espère que je n'aurai pas à descendre d'un haut immeuble pour le faire !"
Un autre exercice consiste à reprendre un site aux mains de l'ennemi. En file indienne, leur arme braquée sur chaque ouverture, un petit groupe pénètre dans un bâtiment à l'abandon. "Contact", "contact", crie l'un d'eux, dans le crépitement des armes, chargées de petites billes en plastique blanc.
"On doit leur enseigner comment se battre correctement en milieu urbain", commente un instructeur, qui ne souhaite pas donner son nom. "Il faut leur apprendre à nettoyer les lieux, annihiler l'ennemi. Et à rester en vie."
Konstantin, un employé municipal de 27 ans, a bien conscience de l'enjeu. En mars, des combats ont eu lieu près de sa maison. "Je ne pouvais pas rester sans rien faire, alors j'ai rejoint la défense territoriale, pour protéger ma commune, mon pays", mais "si j'étais parti direct sur la ligne de front, je n'aurais pas survécu", reconnaît-il.
Après sa formation, il pense "avoir une chance". Le jeune homme au visage poupin se demande quandmême comment il réagira en situation réelle. "Un entraînement, c'est un entraînement, mais quand on voit du vrai sang, c'est différent. Est-ce que ça va me paralyser ou me donner une poussée d'adrénaline ?"
Demian Popov, un médecin de 53 ans, essaie de livrer "des méthodes" à ces nouvelles recrues pour surmonter "le stress de la bataille". Malgré "leur grande motivation", il reconnaît qu'"il n'y a aucun moyen de savoir si une personne saura se battre avant qu'elle soit sur le terrain".
Avec AFP
Comme des milliers de ses compatriotes, cette avocate de 28 ans s'est engagée dès le début de l'invasion russe dans les unités de la "défense territoriale", une force d'appui à l'armée régulière ouverte à tous les Ukrainiens, à la seule condition qu'ils aient entre 18 et 60 ans.
Une partie d'entre eux avaient déjà une expérience militaire, acquise après l'annexion de la Crimée par Moscou en 2014 et lors du conflit avec les séparatistes prorusses dans l'Est commencé la même année, et ont immédiatement participé aux combats. Beaucoup d'autres, comme Iryna, ne savaient ni manier une arme ni poser un garrot et ont, pendant le siège de la capitale, surtout aidé à construire les barricades ou distribuer l'aide humanitaire.
"On a des entraînements toutes les semaines et depuis mars, on a vu défiler entre 1.000 et 1.500 personnes", explique à l'AFP Mikhaïlo Chtcherbina, directeur adjoint des services de sécurité de la municipalité. "Ce serait un crime d'envoyer des gens non formés sur la ligne de front, il faut un minimum".
C'est d'autant plus important, qu'après "avoir surtout mené des opérations de défense, on commence à attaquer", poursuit-il, en référence au territoire grignoté autour de Kharkiv dans le nord-est. "On doit leur apprendre à libérer des villes." Les soldats russes se sont désormais repliés sur le Sud et l'Est mais, anticipant un conflit qui s'étire, les autorités de Kiev forment à cadence accélérée ces nouvelles recrues afin qu'elles puissent, au besoin, partir affronter l'ennemi.
"Une chance"
Perdue dans la forêt, à l'écart de la capitale, une ancienne colonie de "pionniers", la version soviétique du scoutisme, abrite leur formation. En cinq jours, des garagistes, ouvriers en bâtiment, coiffeuses... apprennent à se mouvoir dans un terrain miné, à évacuer un blessé sous les balles, à tirer à l'arme automatique ou à s'exfiltrer par la fenêtre d'un bâtiment à étages.
C'est ce dernier exercice qui a mis Iryna Gorobiovska en difficulté. "C'était effrayant, parce que je ne comprenais pas ce que je devais faire", explique après coup la jeune femme, dont les ongles sont peints en kaki comme son treillis. "Je veux bien défendre mon pays, mais j'espère que je n'aurai pas à descendre d'un haut immeuble pour le faire !"
Un autre exercice consiste à reprendre un site aux mains de l'ennemi. En file indienne, leur arme braquée sur chaque ouverture, un petit groupe pénètre dans un bâtiment à l'abandon. "Contact", "contact", crie l'un d'eux, dans le crépitement des armes, chargées de petites billes en plastique blanc.
"On doit leur enseigner comment se battre correctement en milieu urbain", commente un instructeur, qui ne souhaite pas donner son nom. "Il faut leur apprendre à nettoyer les lieux, annihiler l'ennemi. Et à rester en vie."
Konstantin, un employé municipal de 27 ans, a bien conscience de l'enjeu. En mars, des combats ont eu lieu près de sa maison. "Je ne pouvais pas rester sans rien faire, alors j'ai rejoint la défense territoriale, pour protéger ma commune, mon pays", mais "si j'étais parti direct sur la ligne de front, je n'aurais pas survécu", reconnaît-il.
Après sa formation, il pense "avoir une chance". Le jeune homme au visage poupin se demande quandmême comment il réagira en situation réelle. "Un entraînement, c'est un entraînement, mais quand on voit du vrai sang, c'est différent. Est-ce que ça va me paralyser ou me donner une poussée d'adrénaline ?"
Demian Popov, un médecin de 53 ans, essaie de livrer "des méthodes" à ces nouvelles recrues pour surmonter "le stress de la bataille". Malgré "leur grande motivation", il reconnaît qu'"il n'y a aucun moyen de savoir si une personne saura se battre avant qu'elle soit sur le terrain".
Avec AFP
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