L'Ukraine tient la vedette cette semaine à Davos, où la réunion du gratin politique et économique mondial fait son retour après deux ans de parenthèse pour cause de pandémie de Covid-19. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ainsi prononcé un discours par visioconférence à l'ouverture du Forum économique mondial (WEF) lundi, appelant les dirigeants mondiaux à soutenir davantage l'Ukraine. Un appel qui intervient trois mois après le début de l'invasion russe et alors que les autorités de Kiev disent souffrir "de plus en plus" dans le Donbass face à la puissance de feu des troupes de Moscou.
Davantage d'armes et des sanctions "maximum": trois mois après l'invasion de son pays par la Russie, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réclamé lundi à Davos une aide internationale plus rapide.
"Les sanctions (...) devraient être maximum, pour que la Russie et tout autre agresseur potentiel qui veut conduire une guerre brutale contre son voisin connaissent clairement les conséquences immédiates de ses actions", a-t-il affirmé lors de la journée d'ouverture de la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) en Suisse.
A l'heure où Kiev dit faire face à une situation "de plus en plus difficile" dans le Donbass, sous intenses bombardements russes, M. Zelensky a aussi réclamé davantage d'armes pour son pays, regrettant que le soutien de la communauté internationale ne soit pas assez rapide.
"Si nous avions reçu 100% de nos besoins en février, le résultat aurait été des dizaines de milliers de vies sauvées. C'est pourquoi l'Ukraine a besoin de toutes les armes que nous demandons, pas seulement celles qui ont été fournies", a dit le président ukrainien, qui s'exprimait en visioconférence via un interprète et a reçu des applaudissements nourris.
"Nous avons besoin d'armes plus que de n'importe quoi d'autre", avait déjà indiqué dimanche soir devant la presse Anastasia Radina, une parlementaire ukrainienne venue à Davos.
L'Ukraine a besoin d'armes "comme celles de l'Otan", incluant des chars, des systèmes de défense aérienne, des avions chasseurs, a-t-elle détaillé auprès de l'AFP, estimant que les aides militaires reçues jusqu'à présent, "ce n'est pas encore assez".
"Après trois mois de guerre, et des dizaines de milliers de vies perdues, on en est encore à discuter de si nous avons besoin d'avions chasseurs. Franchement c'est scandaleux", a-t-elle déploré.
Lors d'une réunion virtuelle du "Groupe de contact pour la défense de l'Ukraine", 44 pays ont discuté lundi de l'assistance militaire à apporter à l'Ukraine. Vingt d'entre eux se sont engagés à fournir des armes supplémentaires à l'Ukraine, et d'autres entraîneront l'armée ukrainienne, a annoncé le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin.
Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, au centre, et le chef de l'Etat major, le général Mark Milley
Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov a dit "espérer pouvoir présenter les résultats de l'utilisation" des armes promises lundi, "qui devraient changer la donne sur le champ de bataille!".
Parmi le matériel qui doit être livré en Ukraine, le Danemark s'est notamment engagé à envoyer un système de missiles anti-navires Harpoon.
Le Harpoon est habituellement embarqué à bord de navires de guerre ou de sous-marins mais le Danemark est le seul pays à avoir acquis la version modifiée de ce lance-missile, qui est installée sur des camions et devient ainsi une batterie de défense côtière.
La République Tchèque s'est de son côté engagée à fournir des hélicoptères d'attaque, des chars et des missiles.
Depuis la première réunion du groupe de contact le mois dernier en Allemagne, "le rythme des donations et des livraisons a été exceptionnel", s'est félicité M. Austin.
Mais le ministre américain de la Défense s'est abstenu de préciser les armements que les Etats-Unis allaient fournir à l'Ukraine après l'approbation par le Congrès d'une aide supplémentaire à l'Ukraine de 40 milliards de dollars.
Un bâtiment historique partiellement détruit à Kharkiv
Il a néanmoins noté que les besoins de l'Ukraine n'avaient pas changé à ce stade: de l'artillerie, des chars, des drones et des munitions.
"Tout le monde ici comprend les enjeux de cette guerre, et ils dépassent l'Europe de loin", a-t-il ajouté. "L'agression russe est un affront à l'ordre international".
Les pays occidentaux ont envoyé d'immenses quantités d'armes et d'argent à l'Ukraine et instauré des sanctions économiques sans précédent contre Moscou.
Le gouvernement ukrainien réclame aussi un durcissement des sanctions contre la Russie, qu'il voudrait isoler complètement du commerce international.
M. Zelensky, réclame entre autres "un embargo sur le pétrole russe" et des mesures contre "toutes les banques russes, sans exceptions".
Sur les lieux des combats au Donbass
Les pays occidentaux ont mis en place toute une série de sanctions économiques contre la Russie. Mais si les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont renoncé à importer du pétrole russe, l'Union européenne peine à se mettre d'accord sur le sujet, car certains de ses pays membres sont très dépendants du gaz et du pétrole russes.
"Nous comprenons que l'Europe essaye d'estimer le coût que cela va avoir pour son économie. Mais de l'autre côté, il y a l'Ukraine, il y a une vraie guerre", a insisté la ministre ukrainienne de l'Economie Ioulia Svyrydenko, venue en personne à Davos. "La Russie veut détruire l'Ukraine (...) et menace le monde de famine. On n'a définitivement pas le temps de faire de l'analyse. Nous avons besoin de couper la Russie du monde civilisé, complètement".
De nombreuses multinationales ont déjà quitté la Russie. Le géant américain Starbucks a annoncé lundi qu'il allait fermer ses 130 cafés dans le pays, comme l'avait déjà fait McDonald's la semaine dernière.
Depuis Tokyo, le président américain Joe Biden a lui aussi maintenu la pression sur Moscou, rappelant que la Russie devait "payer un prix à long terme" en matière de sanctions imposées par les Etats-Unis et leurs alliés, au vu de sa "barbarie en Ukraine" .
"Il ne s'agit pas seulement de l'Ukraine", a insisté le président américain. Car si "les sanctions n'étaient pas maintenues à de nombreux égards, alors quel signal cela enverrait-il à la Chine sur le coût d'une tentative de prise de Taïwan par la force ?".
Le président américain Joe Biden à Tokyo
Si les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont renoncé à importer du pétrole russe, l'Union européenne a du mal à se mettre d'accord sur le sujet, car certains de ses pays membres sont très dépendants du gaz et du pétrole russes.
Au terme d'une réunion infructueuse sur le sujet il y a une semaine à Bruxelles, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a concédé que finaliser le 6e paquet de sanctions contre la Russie prendrait "du temps". Un sommet européen extraordinaire est prévu les 30 et 31 mai.
Le fondateur du WEF Klaus Schwab a loué lundi le "leadership courageux" du président ukrainien et s'est félicité pour une "délégation particulièrement forte d'Ukrainiens", mais a banni cette année les Russes, qui représentent habituellement un gros contingent de participants.
"Tout le monde est affecté par ce qui se passe dans votre pays", a aussi dit Klaus Schwab au président ukrainien.
Un champ de tournesol en Ukraine au moment des semis
L'Ukraine est notamment un important fournisseur mondial de céréales et d'oléagineux, qu'elle ne peut aujourd'hui plus exporter via ses ports, bloqués par l'armée russe. La situation alimente la flambée de l'inflation des produits alimentaires au niveau mondial et crée des craintes pour l'approvisionnement de nombreux pays, notamment en Afrique.
Volodymyr Zelensky a dit avoir parlé à l'Union européenne, au Royaume-Uni, à la Turquie et à des responsables de l'ONU pour tenter d'établir un "corridor qui nous permettrait des exportations de notre blé, notre tournesol, et d'autres grains".
L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, et le fondateur du WEF, Klaus Schwab
L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, a de son côté proposé ses services comme potentiel médiateur. "Nous sommes en contact avec toutes les parties concernées par la crise ukrainienne, et je suis prêt à contribuer à tous les efforts internationaux et régionaux pour trouver une solution immédiate et pacifique au confit", a-t-il dit lors d'un discours à Davos.
Toujours à Genève, un diplomate russe opposé à la guerre contre l'Ukraine a annoncé avec fracas sa démission, affirmant dans une lettre rendue publique que "jamais" il n'avait eu "autant honte" de son pays, selon plusieurs sources concordantes.
Boris Bondarev, Conseiller auprès de la Représentation permanente russe a envoyé un courriel à des collègues diplomates pour annoncer sa décision, qui a été révélée par l'ONG UN Watch et confirmée par plusieurs sources diplomatiques.
Sur les lieux des combats au Donbass
"Durant les 20 ans de ma carrière diplomatique j'ai vu différents tournants dans notre politique étrangère, mais jamais je n'ai eu autant honte de mon pays que le 24 février de cette année" quand la Russie a envahi l'Ukraine, écrit M. Bondarev.
M. Bondarev - dont le nom apparaît bien dans l'annuaire officiel des diplomates auprès de l'ONU à Genève - dit avoir travaillé au ministère russe des Affaires étrangères depuis 2002 et depuis 2019 au bord du Léman.
Sur les lieux des combats au Donbass
"La guerre agressive déclenchée par Poutine contre l'Ukraine, et de fait contre le monde occidental, n'est pas seulement un crime contre le peuple ukrainien, mais aussi, peut-être le plus grave crime contre le peuple russe, avec une lettre Z en caractère gras barrant tous nos espoirs et perspectives d'une société libre et prospère dans notre pays", peut-on lire dans cette lettre, publiée par l'ambassadeur des Pays-Bas au désarmement, Robert Gabrielse, accompagné d'un "Courageous!".
Cette démission qui, selon plusieurs sources, n'est pas la première d'un diplomate russe pour les mêmes raisons, mais est sans doute la plus publique, devrait encourager d'autres collègues à suivre l'exemple, a souligné le directeur de UN Watch, Hillel Neuer.
Un soldat ukrainien à Lyssytchansk, au Donbass, à côté de sa Lada antédiluvienne
La Première dame ukrainienne Olena Zelenska a dénoncé lundi à l'Organisation mondiale de la santé les "horreurs" inimaginables causées par les forces russes en Ukraine, tandis que Moscou a dénoncé une "politisation" de cette organisation.
La guerre livrée par la Russie "a montré des horreurs que nous n'aurions pas pu imaginer", a-t-elle déclaré devant l'Assemblée mondiale de la santé, qui réunit l'ensemble des Etats membres de l'OMS.
Olena Zelenska lors de son discours par visioconférence lundi à l'Organisation mondiale de la Santé
Actuellement, a souligné Mme Zelenska, "aucun Ukrainien, qu'il soit adulte ou enfant, ne peut être sûr qu'il se réveillera demain" et qu'un missile n'atteindra pas sa maison. "Les médecins ne peuvent pas être sûrs que leurs ambulances ne seront pas bombardées", a-t-elle dit en visioconférence.
Elle a également évoqué les conséquences à long terme de la guerre, en particulier sur le plan de la santé mentale, un défi que son pays entend relever avec le soutien de l'OMS.
"Je pourrais citer de nombreux exemples terribles, mais je vais en citer un qui montre l'ampleur du phénomène", a poursuivi la Première dame ukrainienne.
S'exprimant à son tour devant l'Assemblée mondiale de la santé, la vice-ministre russe de la Santé Alexandra Dronova a quant à elle dénoncé les "tentatives de politisation du travail de l'organisation, ainsi que des déviations de son principe d'+impartialité+ dans son travail".
"A cet égard, nous demandons au directeur général d'empêcher l'OMS de devenir une plateforme politique", a-t-elle ajouté.
La guerre déclenchée par la Russie contre l'Ukraine va continuer d'occuper les délégués présents à l'Assemblée mondiale de la santé cette semaine.
Ils doivent se prononcer mardi sur une résolution dont l'Ukraine a pris l'initiative et soutenue par ses alliés. Kiev dénonce les attaques perpétrées par Moscou contre le système de santé, mais aussi les gravissimes conséquences de l'invasion sur l'alimentation dans de nombreux pays, qui dépendent du grenier à céréales ukrainien et des engrais russes.
A Kiev, le verdict dans le premier procès pour crimes de guerre est tombé. Un soldat russe de 21 ans, Vadim Chichimarine, qui a reconnu avoir tué, au début de l'offensive russe, un civil de 62 ans qui poussait son vélo tout en téléphonant, a été reconnu coupable par un tribunal de la capitale.
Le soldat au visage juvénile et au crâne rasé a écouté le verdict, seul dans un box de verre. "Le meurtre a été commis avec une intention directe", a déclaré le juge. "Chichimarine a violé les lois et coutumes de la guerre".
Le soldat russe de 21 ans, Vadim Chichimarine
Lors du procès la semaine dernière, Vadim Chichimarine avait reconnu avoir abattu le sexagénaire, mais avait "demandé pardon" à la veuve de la victime, justifiant son acte par les "ordres" reçus à ce moment-là.
Des arguments balayés par l'accusation qui avait réclamé la perpétuité. "Il exécutait un ordre criminel et en était bien conscient", a lancé un des procureurs. Le soldat fera appel de sa condamnation, selon son avocat.
Selon le parquet ukrainien, le pays a ouvert plus de 12.000 enquêtes pour crimes de guerre depuis le début du conflit.
Sur le terrain, "les prochaines semaines de guerre seront difficiles", a prévenu lundi le président Zelensky dans son allocution télévisée du soir. "Les occupants russes s'efforcent de montrer qu'ils n'abandonneront pas les zones occupées de la région de Kharkiv, qu’ils ne rendront pas la région de Kherson, les territoires occupés de la région de Zaporijjia et le Donbass. Ils avancent quelque part. Ils renforcent leurs positions ailleurs".
La situation est même "extrêmement difficile" dans le Donbass, où Moscou, qui y a rassemblé ses forces, après avoir échoué à prendre Kiev, bombarde Severodonetsk intensément.
Sur les lieux des combats au Donbass, une explosion provoquée par un obus de mortier
Les Russes "cherchent à éliminer tout ce qui est vivant" dans la région, a accusé le président Zelensky. "Personne n'a détruit le Donbass comme les troupes russes le font maintenant".
"Toutes les forces russes sont concentrées dans les régions de Lougansk et Donetsk", qui forment le Donbass, a affirmé Serguiï Gaïdaï, gouverneur du Lougansk, sur Telegram.
Idem en matière d'armement: "Tout est concentré ici", selon le gouverneur, y compris les fameux systèmes antiaériens et antimissiles S-300 et S-400.
Point crucial de cette bataille du Donbass, Severodonetsk, dans la région de Lougansk, est bombardée "24 heures sur 24", s'est indigné M. Gaïdaï. "Ils utilisent la tactique de la terre brûlée, ils détruisent délibérément la ville" avec des bombardements aériens, des lance-roquettes multiples, des mortiers et des chars.
Sur les lieux des combats au Donbass
Le sort de Severodonetsk ressemble à celui de Marioupol, grand port du Sud-Est qui présente aujourd'hui un paysage apocalyptique après plusieurs semaines de siège. Plusieurs quartiers ne sont qu'enchevêtrements de tôles et de débris et barres d'immeubles éventrées par les explosions.
"A ce stade, je ne dirai pas "Sortez, évacuez". Là je dis "Restez dans vos abris", a dit le gouverneur, selon qui la Russie a lancé 12.500 hommes à l'attaque dans le Lougansk.
Le ministère ukrainien de la Défense a aussi signalé de violents combats en cours près de Bakhmout et Popasna.
Sur les lieux des combats au Donbass
Dans la région de Donetsk, au moins trois personnes ont été tuées et six blessées dans des bombardements lundi, selon le gouverneur Pavlo Kyrylenko, après déjà sept morts dimanche.
A Kherson, première grande ville prise par les Russes, l'administration locale prorusse a annoncé l'introduction du rouble comme monnaie officielle, en parallèle à la hryvnia ukrainienne.
Le président Zelensky a par ailleurs indiqué que 87 personnes avaient péri dans une frappe russe le 17 mai contre une base militaire dans le Nord. Ce nouveau bilan en fait l'un des bombardements russes les plus meurtriers depuis le début de la guerre.
"Depuis le 24 février, l'armée russe a effectué 1.474 frappes de missiles en Ukraine avec 2.275 missiles différents, en grande majorité contre des infrastructures civiles", a dénoncé le président. "Plus de 3.000 frappes aériennes en moins de trois mois. Quel autre pays a connu une telle intensité de frappes?"
Avec AFP
Davantage d'armes et des sanctions "maximum": trois mois après l'invasion de son pays par la Russie, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réclamé lundi à Davos une aide internationale plus rapide.
"Les sanctions (...) devraient être maximum, pour que la Russie et tout autre agresseur potentiel qui veut conduire une guerre brutale contre son voisin connaissent clairement les conséquences immédiates de ses actions", a-t-il affirmé lors de la journée d'ouverture de la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) en Suisse.
A l'heure où Kiev dit faire face à une situation "de plus en plus difficile" dans le Donbass, sous intenses bombardements russes, M. Zelensky a aussi réclamé davantage d'armes pour son pays, regrettant que le soutien de la communauté internationale ne soit pas assez rapide.
"Si nous avions reçu 100% de nos besoins en février, le résultat aurait été des dizaines de milliers de vies sauvées. C'est pourquoi l'Ukraine a besoin de toutes les armes que nous demandons, pas seulement celles qui ont été fournies", a dit le président ukrainien, qui s'exprimait en visioconférence via un interprète et a reçu des applaudissements nourris.
"Nous avons besoin d'armes plus que de n'importe quoi d'autre", avait déjà indiqué dimanche soir devant la presse Anastasia Radina, une parlementaire ukrainienne venue à Davos.
L'Ukraine a besoin d'armes "comme celles de l'Otan", incluant des chars, des systèmes de défense aérienne, des avions chasseurs, a-t-elle détaillé auprès de l'AFP, estimant que les aides militaires reçues jusqu'à présent, "ce n'est pas encore assez".
"Après trois mois de guerre, et des dizaines de milliers de vies perdues, on en est encore à discuter de si nous avons besoin d'avions chasseurs. Franchement c'est scandaleux", a-t-elle déploré.
Vingt pays s'engagent à fournir plus d'armes à Kiev
Lors d'une réunion virtuelle du "Groupe de contact pour la défense de l'Ukraine", 44 pays ont discuté lundi de l'assistance militaire à apporter à l'Ukraine. Vingt d'entre eux se sont engagés à fournir des armes supplémentaires à l'Ukraine, et d'autres entraîneront l'armée ukrainienne, a annoncé le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin.
Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, au centre, et le chef de l'Etat major, le général Mark Milley
Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov a dit "espérer pouvoir présenter les résultats de l'utilisation" des armes promises lundi, "qui devraient changer la donne sur le champ de bataille!".
Parmi le matériel qui doit être livré en Ukraine, le Danemark s'est notamment engagé à envoyer un système de missiles anti-navires Harpoon.
Le Harpoon est habituellement embarqué à bord de navires de guerre ou de sous-marins mais le Danemark est le seul pays à avoir acquis la version modifiée de ce lance-missile, qui est installée sur des camions et devient ainsi une batterie de défense côtière.
La République Tchèque s'est de son côté engagée à fournir des hélicoptères d'attaque, des chars et des missiles.
Depuis la première réunion du groupe de contact le mois dernier en Allemagne, "le rythme des donations et des livraisons a été exceptionnel", s'est félicité M. Austin.
Mais le ministre américain de la Défense s'est abstenu de préciser les armements que les Etats-Unis allaient fournir à l'Ukraine après l'approbation par le Congrès d'une aide supplémentaire à l'Ukraine de 40 milliards de dollars.
Un bâtiment historique partiellement détruit à Kharkiv
Il a néanmoins noté que les besoins de l'Ukraine n'avaient pas changé à ce stade: de l'artillerie, des chars, des drones et des munitions.
"Tout le monde ici comprend les enjeux de cette guerre, et ils dépassent l'Europe de loin", a-t-il ajouté. "L'agression russe est un affront à l'ordre international".
Les pays occidentaux ont envoyé d'immenses quantités d'armes et d'argent à l'Ukraine et instauré des sanctions économiques sans précédent contre Moscou.
"Aucun commerce avec la Russie"
Le gouvernement ukrainien réclame aussi un durcissement des sanctions contre la Russie, qu'il voudrait isoler complètement du commerce international.
M. Zelensky, réclame entre autres "un embargo sur le pétrole russe" et des mesures contre "toutes les banques russes, sans exceptions".
Sur les lieux des combats au Donbass
Les pays occidentaux ont mis en place toute une série de sanctions économiques contre la Russie. Mais si les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont renoncé à importer du pétrole russe, l'Union européenne peine à se mettre d'accord sur le sujet, car certains de ses pays membres sont très dépendants du gaz et du pétrole russes.
"Nous comprenons que l'Europe essaye d'estimer le coût que cela va avoir pour son économie. Mais de l'autre côté, il y a l'Ukraine, il y a une vraie guerre", a insisté la ministre ukrainienne de l'Economie Ioulia Svyrydenko, venue en personne à Davos. "La Russie veut détruire l'Ukraine (...) et menace le monde de famine. On n'a définitivement pas le temps de faire de l'analyse. Nous avons besoin de couper la Russie du monde civilisé, complètement".
De nombreuses multinationales ont déjà quitté la Russie. Le géant américain Starbucks a annoncé lundi qu'il allait fermer ses 130 cafés dans le pays, comme l'avait déjà fait McDonald's la semaine dernière.
Depuis Tokyo, le président américain Joe Biden a lui aussi maintenu la pression sur Moscou, rappelant que la Russie devait "payer un prix à long terme" en matière de sanctions imposées par les Etats-Unis et leurs alliés, au vu de sa "barbarie en Ukraine" .
"Il ne s'agit pas seulement de l'Ukraine", a insisté le président américain. Car si "les sanctions n'étaient pas maintenues à de nombreux égards, alors quel signal cela enverrait-il à la Chine sur le coût d'une tentative de prise de Taïwan par la force ?".
Le président américain Joe Biden à Tokyo
Si les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont renoncé à importer du pétrole russe, l'Union européenne a du mal à se mettre d'accord sur le sujet, car certains de ses pays membres sont très dépendants du gaz et du pétrole russes.
Au terme d'une réunion infructueuse sur le sujet il y a une semaine à Bruxelles, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a concédé que finaliser le 6e paquet de sanctions contre la Russie prendrait "du temps". Un sommet européen extraordinaire est prévu les 30 et 31 mai.
Les Russes bannis du WEF
Le fondateur du WEF Klaus Schwab a loué lundi le "leadership courageux" du président ukrainien et s'est félicité pour une "délégation particulièrement forte d'Ukrainiens", mais a banni cette année les Russes, qui représentent habituellement un gros contingent de participants.
"Tout le monde est affecté par ce qui se passe dans votre pays", a aussi dit Klaus Schwab au président ukrainien.
Un champ de tournesol en Ukraine au moment des semis
L'Ukraine est notamment un important fournisseur mondial de céréales et d'oléagineux, qu'elle ne peut aujourd'hui plus exporter via ses ports, bloqués par l'armée russe. La situation alimente la flambée de l'inflation des produits alimentaires au niveau mondial et crée des craintes pour l'approvisionnement de nombreux pays, notamment en Afrique.
Volodymyr Zelensky a dit avoir parlé à l'Union européenne, au Royaume-Uni, à la Turquie et à des responsables de l'ONU pour tenter d'établir un "corridor qui nous permettrait des exportations de notre blé, notre tournesol, et d'autres grains".
L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, et le fondateur du WEF, Klaus Schwab
L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, a de son côté proposé ses services comme potentiel médiateur. "Nous sommes en contact avec toutes les parties concernées par la crise ukrainienne, et je suis prêt à contribuer à tous les efforts internationaux et régionaux pour trouver une solution immédiate et pacifique au confit", a-t-il dit lors d'un discours à Davos.
Un diplomate russe démissionne avec fracas
Toujours à Genève, un diplomate russe opposé à la guerre contre l'Ukraine a annoncé avec fracas sa démission, affirmant dans une lettre rendue publique que "jamais" il n'avait eu "autant honte" de son pays, selon plusieurs sources concordantes.
Boris Bondarev, Conseiller auprès de la Représentation permanente russe a envoyé un courriel à des collègues diplomates pour annoncer sa décision, qui a été révélée par l'ONG UN Watch et confirmée par plusieurs sources diplomatiques.
Sur les lieux des combats au Donbass
"Durant les 20 ans de ma carrière diplomatique j'ai vu différents tournants dans notre politique étrangère, mais jamais je n'ai eu autant honte de mon pays que le 24 février de cette année" quand la Russie a envahi l'Ukraine, écrit M. Bondarev.
M. Bondarev - dont le nom apparaît bien dans l'annuaire officiel des diplomates auprès de l'ONU à Genève - dit avoir travaillé au ministère russe des Affaires étrangères depuis 2002 et depuis 2019 au bord du Léman.
Sur les lieux des combats au Donbass
"La guerre agressive déclenchée par Poutine contre l'Ukraine, et de fait contre le monde occidental, n'est pas seulement un crime contre le peuple ukrainien, mais aussi, peut-être le plus grave crime contre le peuple russe, avec une lettre Z en caractère gras barrant tous nos espoirs et perspectives d'une société libre et prospère dans notre pays", peut-on lire dans cette lettre, publiée par l'ambassadeur des Pays-Bas au désarmement, Robert Gabrielse, accompagné d'un "Courageous!".
Cette démission qui, selon plusieurs sources, n'est pas la première d'un diplomate russe pour les mêmes raisons, mais est sans doute la plus publique, devrait encourager d'autres collègues à suivre l'exemple, a souligné le directeur de UN Watch, Hillel Neuer.
Un soldat ukrainien à Lyssytchansk, au Donbass, à côté de sa Lada antédiluvienne
Olena Zelenska à l'OMS, Moscou dénonce une "politisation"
La Première dame ukrainienne Olena Zelenska a dénoncé lundi à l'Organisation mondiale de la santé les "horreurs" inimaginables causées par les forces russes en Ukraine, tandis que Moscou a dénoncé une "politisation" de cette organisation.
La guerre livrée par la Russie "a montré des horreurs que nous n'aurions pas pu imaginer", a-t-elle déclaré devant l'Assemblée mondiale de la santé, qui réunit l'ensemble des Etats membres de l'OMS.
Olena Zelenska lors de son discours par visioconférence lundi à l'Organisation mondiale de la Santé
Actuellement, a souligné Mme Zelenska, "aucun Ukrainien, qu'il soit adulte ou enfant, ne peut être sûr qu'il se réveillera demain" et qu'un missile n'atteindra pas sa maison. "Les médecins ne peuvent pas être sûrs que leurs ambulances ne seront pas bombardées", a-t-elle dit en visioconférence.
Elle a également évoqué les conséquences à long terme de la guerre, en particulier sur le plan de la santé mentale, un défi que son pays entend relever avec le soutien de l'OMS.
"Je pourrais citer de nombreux exemples terribles, mais je vais en citer un qui montre l'ampleur du phénomène", a poursuivi la Première dame ukrainienne.
S'exprimant à son tour devant l'Assemblée mondiale de la santé, la vice-ministre russe de la Santé Alexandra Dronova a quant à elle dénoncé les "tentatives de politisation du travail de l'organisation, ainsi que des déviations de son principe d'+impartialité+ dans son travail".
"A cet égard, nous demandons au directeur général d'empêcher l'OMS de devenir une plateforme politique", a-t-elle ajouté.
La guerre déclenchée par la Russie contre l'Ukraine va continuer d'occuper les délégués présents à l'Assemblée mondiale de la santé cette semaine.
Ils doivent se prononcer mardi sur une résolution dont l'Ukraine a pris l'initiative et soutenue par ses alliés. Kiev dénonce les attaques perpétrées par Moscou contre le système de santé, mais aussi les gravissimes conséquences de l'invasion sur l'alimentation dans de nombreux pays, qui dépendent du grenier à céréales ukrainien et des engrais russes.
A Kiev, première condamnation pour crimes de guerre
A Kiev, le verdict dans le premier procès pour crimes de guerre est tombé. Un soldat russe de 21 ans, Vadim Chichimarine, qui a reconnu avoir tué, au début de l'offensive russe, un civil de 62 ans qui poussait son vélo tout en téléphonant, a été reconnu coupable par un tribunal de la capitale.
Le soldat au visage juvénile et au crâne rasé a écouté le verdict, seul dans un box de verre. "Le meurtre a été commis avec une intention directe", a déclaré le juge. "Chichimarine a violé les lois et coutumes de la guerre".
Le soldat russe de 21 ans, Vadim Chichimarine
Lors du procès la semaine dernière, Vadim Chichimarine avait reconnu avoir abattu le sexagénaire, mais avait "demandé pardon" à la veuve de la victime, justifiant son acte par les "ordres" reçus à ce moment-là.
Des arguments balayés par l'accusation qui avait réclamé la perpétuité. "Il exécutait un ordre criminel et en était bien conscient", a lancé un des procureurs. Le soldat fera appel de sa condamnation, selon son avocat.
Selon le parquet ukrainien, le pays a ouvert plus de 12.000 enquêtes pour crimes de guerre depuis le début du conflit.
Bombardements intenses au Donbass
Sur le terrain, "les prochaines semaines de guerre seront difficiles", a prévenu lundi le président Zelensky dans son allocution télévisée du soir. "Les occupants russes s'efforcent de montrer qu'ils n'abandonneront pas les zones occupées de la région de Kharkiv, qu’ils ne rendront pas la région de Kherson, les territoires occupés de la région de Zaporijjia et le Donbass. Ils avancent quelque part. Ils renforcent leurs positions ailleurs".
La situation est même "extrêmement difficile" dans le Donbass, où Moscou, qui y a rassemblé ses forces, après avoir échoué à prendre Kiev, bombarde Severodonetsk intensément.
Sur les lieux des combats au Donbass, une explosion provoquée par un obus de mortier
Les Russes "cherchent à éliminer tout ce qui est vivant" dans la région, a accusé le président Zelensky. "Personne n'a détruit le Donbass comme les troupes russes le font maintenant".
"Toutes les forces russes sont concentrées dans les régions de Lougansk et Donetsk", qui forment le Donbass, a affirmé Serguiï Gaïdaï, gouverneur du Lougansk, sur Telegram.
Idem en matière d'armement: "Tout est concentré ici", selon le gouverneur, y compris les fameux systèmes antiaériens et antimissiles S-300 et S-400.
Point crucial de cette bataille du Donbass, Severodonetsk, dans la région de Lougansk, est bombardée "24 heures sur 24", s'est indigné M. Gaïdaï. "Ils utilisent la tactique de la terre brûlée, ils détruisent délibérément la ville" avec des bombardements aériens, des lance-roquettes multiples, des mortiers et des chars.
Sur les lieux des combats au Donbass
Le sort de Severodonetsk ressemble à celui de Marioupol, grand port du Sud-Est qui présente aujourd'hui un paysage apocalyptique après plusieurs semaines de siège. Plusieurs quartiers ne sont qu'enchevêtrements de tôles et de débris et barres d'immeubles éventrées par les explosions.
"A ce stade, je ne dirai pas "Sortez, évacuez". Là je dis "Restez dans vos abris", a dit le gouverneur, selon qui la Russie a lancé 12.500 hommes à l'attaque dans le Lougansk.
Le ministère ukrainien de la Défense a aussi signalé de violents combats en cours près de Bakhmout et Popasna.
Sur les lieux des combats au Donbass
Dans la région de Donetsk, au moins trois personnes ont été tuées et six blessées dans des bombardements lundi, selon le gouverneur Pavlo Kyrylenko, après déjà sept morts dimanche.
A Kherson, première grande ville prise par les Russes, l'administration locale prorusse a annoncé l'introduction du rouble comme monnaie officielle, en parallèle à la hryvnia ukrainienne.
Le président Zelensky a par ailleurs indiqué que 87 personnes avaient péri dans une frappe russe le 17 mai contre une base militaire dans le Nord. Ce nouveau bilan en fait l'un des bombardements russes les plus meurtriers depuis le début de la guerre.
"Depuis le 24 février, l'armée russe a effectué 1.474 frappes de missiles en Ukraine avec 2.275 missiles différents, en grande majorité contre des infrastructures civiles", a dénoncé le président. "Plus de 3.000 frappes aériennes en moins de trois mois. Quel autre pays a connu une telle intensité de frappes?"
Avec AFP
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