Etat de droit: l'UE s'insurge, Budapest dénonce une politisation
©La ministre hongroise Judit Varga devant les journalistes après avoir été interrogée par ses pairs dans le cadre d'une procédure déclenchée contre son pays en 2018 par le Parlement européen. (AFP)

La Commission européenne a estimé lundi que la situation de l'État de droit continuait à se détériorer en Hongrie, lors d'une réunion des ministres des Affaires européennes. L'UE s'inquiète de l'usage du logiciel espion Pegasus par les autorités. La Hongrie dénonce une "pression de l'UE" et rétorque que la réaction européenne est en lien avec le refus hongrois de valider l'embargo sur les hydrocarbures russes.



"Nouvelles détériorations"

La ministre hongroise Judit Varga a été interrogée par ses pairs au cours de cette réunion, dans le cadre d'une procédure déclenchée contre son pays en 2018 par le Parlement européen pour "risque clair de violation grave des valeurs européennes". Il s'agissait de la quatrième audition de ce type. "Au nom de la Commission nous ne voyons pas de progrès; au contraire il y a même eu de nouvelles détériorations", a déclaré le commissaire européen à la Justice Didier Reynders, qui a participé à la discussion. Il a cité la loi hongroise interdisant d'évoquer auprès des mineurs "le changement de sexe et l'homosexualité", dénonçant son caractère discriminatoire à l'égard de la communauté LGBT.Les préoccupations de la Commission portent aussi sur "la question de l'indépendance du régulateur des médias", dont "tous les membres" ont été nommés par le Fidesz au pouvoir, et qui a refusé de renouveler la licence de diffusion de la station de radio indépendante Klubradio, a détaillé le commissaire belge lors d'une conférence de presse.

Le président hongrois Viktor Orban.
Logiciel espion Pegasus

À propos des élections législatives d'avril, qui ont débouché sur une nouvelle victoire du dirigeant nationaliste Viktor Orban, au pouvoir depuis 12 ans, M. Reynders a fait état des conclusions préliminaires de l'OSCE mettant en cause "la partialité des médias ou le financement opaque des campagnes".

Il a aussi évoqué des "problèmes en matière d'indépendance de la justice ou d'utilisation d'un logiciel espion comme Pegasus par les autorités hongroises". "Notre évaluation est que la situation n'est pas bonne en Hongrie", a aussi commenté la vice-présidente de la Commission chargée des valeurs et de la transparence, Vera Jourova.


Une stèle commémorative en russe et en hongrois dans une raffinerie rappelle la dépendance historique de ce pays d'Europe centrale aux hydrocarbures russes.
Pays enclavé

La ministre Judit Varga a quant à elle affirmé que le peuple hongrois avait par son vote exprimé son "soutien à la politique européenne du gouvernement hongrois", dénonçant une "pression politique" exercée par l'UE. Elle a par ailleurs justifié le blocage par son pays de l'adoption du sixième paquet de sanctions de l'UE prévoyant un embargo pétrolier contre la Russie, en réponse à l'invasion de l'Ukraine.

"En tant que pays enclavé, il est essentiel que la poursuite de l'approvisionnement et la sécurité énergétique de la Hongrie soient garanties. Nous attendons donc d'abord une nouvelle proposition, puis nous pourrons aller de l'avant", a-t-elle expliqué. "Nous sommes en discussions avec la Commission", a-t-elle ajouté.

La Hongrie dépend du pétrole acheminé de Russie par l'oléoduc Droujba. Budapest a chiffré entre 15 et 18 milliards d'euros le coût d'un arrêt de ses achats de pétrole russe pour expliquer sa demande d'exemption des approvisionnements par oléoduc du projet d'embargo pétrolier de l'UE. En l'absence de progrès cette semaine, la question de l'embargo devrait s'inviter au sommet européen des 30-31 mai.

Avec AFP

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