Pas de Russes à Davos cette année. Déclarés personae non gratae, des Ukrainiens les ont remplacés dans une maison de la Promenade, rue principale de Davos, où d'ordinaire les Russes organisent des conférences de presse. Les Ukrainiens exposent des photos, organisent des conférences dans cette "maison des crimes de guerre russes." Une forme de propagande qui, sans besoin d'inventer les horreurs commises dans leur pays, vise à convaincre les élites occidentales d'accentuer la pression contre le régime de Moscou.
"Maison des crimes de guerre russes"
Tout en haut, un bilan au 6 mai: 4.177 civils tués, dont 226 enfants, et 4.378 blessés, dont 417 enfants. Des chiffres détaillés également sur la carte, région par région. Mais à certains endroits, comme à Marioupol (sud-est) où le siège et les bombardements russes ont duré des semaines, il n'y a que des points d'interrogation.
Viktor Pintchouk, un oligarque ukrainien, présente aux visiteurs une partie de l'exposition.
Pas de bilan précis
Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit, mais pour la seule ville de Marioupol, les autorités ukrainiennes parlent de 20.000 morts. En dénonçant les atrocités de la guerre, les Ukrainiens espèrent convaincre la communauté internationale d'accélérer son aide à leur pays et ses sanctions contre la Russie.
Dans un discours en visioconférence, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a encore réclamé lundi davantage d'armes pour défendre son pays et des sanctions "maximum" contre la Russie, qu'il voudrait voir mise au ban du commerce international. Des revendications qui reviennent chez la plupart des représentants ukrainiens venus à Davos.
"Aujourd'hui, nous avons besoin de vous", affirme ainsi Andriï Yermak, le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, lors d'une intervention en visio à la "maison des crimes russes". "Nous ne nous battons pas seulement pour nous. Le sort de l'Europe et du monde est en jeu."
La Procureure générale Iryna Venediktova est intervenu virtuellement le jour de l'inauguration de la maison "des crimes de guerre russes." (AFP)
"S'inspirer de la définition du génocide"
"Les Russes en uniforme semblent s'inspirer de la définition du génocide de la convention de l'ONU de décembre 1948", dénonce-t-il. Il raconte aussi des histoires d'enfants blessés, et comment la grand-mère de l'un d'entre eux emmené par les Russes a dû traverser quatre frontières pour récupérer l'enfant.
La docteure Oksana Kyrsanova a fait le voyage jusqu'à Davos pour témoigner sur ses derniers jours dans l'hôpital de Marioupol, sans chauffage ni médicaments. "On nous amenait de petits enfants dans des conditions très critiques (...) et on ne pouvait pas les aider".
Autre moment éprouvant: le décès d'une femme enceinte. "Pouvez-vous imaginer comment mettre dans un sac noir une jeune femme et un bébé? C'était le jour le plus horrible", se rappelle-t-elle au bord des larmes. Les maires de Melitopol, Ivan Fedorov, et de Boutcha, Anatoly Fedorouk, sont aussi venus en personne à Davos.
"Pourquoi tuer les civils de notre ville?", s'interroge ce dernier, qui juge que "le Forum économique mondial est l'endroit où l'Ukraine doit être présente et parler des crimes de la Fédération russe". Pour lui, si l'on en est arrivé là, c'est "parce que les crimes n'ont pas été punis dans le passé". "Nous espérons sincèrement que justice sera faite".
Avec AFP
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