Peut-on se libérer de la mafia lorsqu’on en a fait partie ou lorsqu’on a subi ses sévices ? Dans Nostalgia, de Mario Martone, l’ombre de la mafia et la terreur qu’elle inspire se trouvent partout. Pierfrancesco Favino incarne Felice, un homme d’affaires installé au Caire qui est de retour à Naples au chevet de sa mère mourante, alors qu’il n’a plus foulé sa terre natale depuis quarante ans.
Encensé dans Il Traditore (Le Traître), de Marco Bellocchio, l’acteur italien Pierfrancesco Favino joue un homme prisonnier de son passé à Naples dans Nostalgia de Mario Martone, en compétition à Cannes.
« Ce n’est pas une histoire sur la Camorra », la puissante mafia napolitaine, mais avant tout « une histoire d’amitié », affirme l’acteur de 52 ans, omniprésent à l’écran dans ce rôle intense.
Il a abandonné les siens, sa religion, en se convertissant à l’Islam, et jusqu’à sa langue, l’italien, au point qu’il cherche désormais ses mots. Il a surtout perdu de vue son ami d’enfance, Oreste (Tommaso Ragno), devenu le caïd de la mafia qui règne à la Sanità, le quartier napolitain où le réalisateur Mario Martone a grandi.
Jadis inséparables, les deux ne se sont plus jamais revus depuis une nuit funeste, où leurs petits larcins ont mal tourné, Oreste tuant un homme chez qui ils cambriolaient. Felice a fui et refait sa vie loin de Naples et ses démons, Oreste est resté, s’enfonçant dans le crime. Quarante ans plus tard, le passé peut-il encore être réparé ?
Le caïd de la mafia qui règne à la Sanità, à Naples
« Les circonstances autour de toi déterminent qui tu es, quel type d’homme ou de femme tu deviens », poursuit Favino, récompensé en 2020 à la Mostra de Venise pour son rôle dans Padrenostro de Claudio Noce. Il y incarnait un juge italien réchappant de peu à un assassinat par l’extrême-gauche, dans les Années de plomb.
Pierfranco Pavino dans "Nostalgia".
Beaucoup de spectateurs continueront d’associer Pierfrancesco Favino au Il Traditore de Bellochio (présenté en 2019 à Cannes), où il incarnait le repenti de Cosa Nostra, Tommaso Buscetta, arrêté en 1984 par la police du Brésil, où il se cachait, et dont la collaboration avec la justice italienne avait abouti à un « maxi-procès » à Palerme.
Très loin de cette ambiance, mais aussi de celle de The Godfather (Le Parrain) et d’autres films classiques sur la mafia, Nostalgia offre une autre vision du crime organisé, avec des mafieux aussi cruels que misérables. Et d’autres images de Naples que celles proposées par Paolo Sorrentino, autre cinéaste italien natif dans la ville à laquelle il a rendu hommage l’an dernier dans È stata la mano di Dio (La Main de Dieu).
Homme de théâtre et de cinéma de 62 ans, Mario Martone en fait une peinture saisissante, entre splendeur et décadence, jusqu’à une plongée dans les catacombes et ses piles de crânes humains, qui font comme écho à la menace de la mort qui règne dans le labyrinthe des rues en surface.
C’est aussi une chronique sociale, où Pierfrancesco Favino plonge littéralement parmi les habitants du quartier de Naples, avec qui il a tourné. « Nous avons tourné le film de façon néo-réaliste. Il y a uniquement cinq acteurs, le reste des personnages a été choisi dans la rue, ils ont bien sûr été payés, mais c’est exactement ainsi que Mario pensait que ce monde devait être dépeint », explique l’acteur.
« Ce n’est pas moi qui me suis servi de Naples, mais Naples qui s’est servie de moi », poursuit-il, précisant que le quartier de La Sanità est « un Naples à l’intérieur de Naples, avec ses propres lois, ses propres règles, impossibles à changer ».
Dans ce champ de désolation survit un espoir : celui porté par un prêtre, joué par Francesco Di Leva, le seul à oser s’opposer publiquement à la mafia et tenter de sortir les gamins de la rue du cycle de la violence.
Au moins autant que Felice, il est le héros de ce film et peut-être le seul remède à la nostalgie.
Encensé dans Il Traditore (Le Traître), de Marco Bellocchio, l’acteur italien Pierfrancesco Favino joue un homme prisonnier de son passé à Naples dans Nostalgia de Mario Martone, en compétition à Cannes.
« Ce n’est pas une histoire sur la Camorra », la puissante mafia napolitaine, mais avant tout « une histoire d’amitié », affirme l’acteur de 52 ans, omniprésent à l’écran dans ce rôle intense.
Il a abandonné les siens, sa religion, en se convertissant à l’Islam, et jusqu’à sa langue, l’italien, au point qu’il cherche désormais ses mots. Il a surtout perdu de vue son ami d’enfance, Oreste (Tommaso Ragno), devenu le caïd de la mafia qui règne à la Sanità, le quartier napolitain où le réalisateur Mario Martone a grandi.
Jadis inséparables, les deux ne se sont plus jamais revus depuis une nuit funeste, où leurs petits larcins ont mal tourné, Oreste tuant un homme chez qui ils cambriolaient. Felice a fui et refait sa vie loin de Naples et ses démons, Oreste est resté, s’enfonçant dans le crime. Quarante ans plus tard, le passé peut-il encore être réparé ?
Le caïd de la mafia qui règne à la Sanità, à Naples
« Les circonstances autour de toi déterminent qui tu es, quel type d’homme ou de femme tu deviens », poursuit Favino, récompensé en 2020 à la Mostra de Venise pour son rôle dans Padrenostro de Claudio Noce. Il y incarnait un juge italien réchappant de peu à un assassinat par l’extrême-gauche, dans les Années de plomb.
Pierfranco Pavino dans "Nostalgia".
Beaucoup de spectateurs continueront d’associer Pierfrancesco Favino au Il Traditore de Bellochio (présenté en 2019 à Cannes), où il incarnait le repenti de Cosa Nostra, Tommaso Buscetta, arrêté en 1984 par la police du Brésil, où il se cachait, et dont la collaboration avec la justice italienne avait abouti à un « maxi-procès » à Palerme.
Très loin de cette ambiance, mais aussi de celle de The Godfather (Le Parrain) et d’autres films classiques sur la mafia, Nostalgia offre une autre vision du crime organisé, avec des mafieux aussi cruels que misérables. Et d’autres images de Naples que celles proposées par Paolo Sorrentino, autre cinéaste italien natif dans la ville à laquelle il a rendu hommage l’an dernier dans È stata la mano di Dio (La Main de Dieu).
Homme de théâtre et de cinéma de 62 ans, Mario Martone en fait une peinture saisissante, entre splendeur et décadence, jusqu’à une plongée dans les catacombes et ses piles de crânes humains, qui font comme écho à la menace de la mort qui règne dans le labyrinthe des rues en surface.
C’est aussi une chronique sociale, où Pierfrancesco Favino plonge littéralement parmi les habitants du quartier de Naples, avec qui il a tourné. « Nous avons tourné le film de façon néo-réaliste. Il y a uniquement cinq acteurs, le reste des personnages a été choisi dans la rue, ils ont bien sûr été payés, mais c’est exactement ainsi que Mario pensait que ce monde devait être dépeint », explique l’acteur.
« Ce n’est pas moi qui me suis servi de Naples, mais Naples qui s’est servie de moi », poursuit-il, précisant que le quartier de La Sanità est « un Naples à l’intérieur de Naples, avec ses propres lois, ses propres règles, impossibles à changer ».
Dans ce champ de désolation survit un espoir : celui porté par un prêtre, joué par Francesco Di Leva, le seul à oser s’opposer publiquement à la mafia et tenter de sortir les gamins de la rue du cycle de la violence.
Au moins autant que Felice, il est le héros de ce film et peut-être le seul remède à la nostalgie.
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