Bipod revient cette année à Beyrouth pour proposer, du 25 au 29 mai, une programmation riche qui comprend des performances, des discussions, des débats, des ateliers, des vidéo-danse et un partage d’expériences sous la thématique de la désobéissance culturelle.
«Que la période à venir soit une période de #désobéissance_culturelle jusqu'à ce que nous ramenions la vie culturelle qui nous a été confisquée.»
C’est avec un slogan puissant que Bipod (Beirut International Platform of Dance) revient cette année à Beyrouth pour proposer, du 25 au 29 mai, cinq jours placés sous le signe de la désobéissance culturelle. Un slogan puissant comme ceux qui nous rappellent à nous-mêmes et à nos souvenirs. Ainsi je me souviens de ma dernière soirée avec Omar Rajeh, le fondateur de Maqamat, et Mia Habis, la fondatrice et la directrice artistique de Bipod (Beirut International Platform of Dance) autour d’un verre qui a encore pour moi des relents d’amertume, parce que c’était «avant», avant les grands événements d’octobre 2019, avant que le monde ne bascule et avant leur départ à Lyon d’où ils ont continué leur mission. C’était hier, et en même temps, cela appartient à un autre monde. Mais c’était aussi «après»: après le démantèlement forcé de La Citerne à Beyrouth, une structure métallique mobile qui a été construite comme une nouvelle proposition d'espaces de spectacle, après la montée d’un péril que l’on voyait déjà venir vers nous. C’était donc après ce que nous commencions déjà à percevoir comme un danger imminent: les fins de mois difficiles à boucler et le soutien aux institutions et aux artistes de plus en plus menacé (Métropolis fut obligé de fermer son cinéma d’art et d’essai à la même période, faut-il le rappeler?). Pour ceux qui seraient tentés de croire que c’était le bon temps, non, le temps d’avant n’était pas un temps heureux. Omar et Mia parlaient, ce soir-là, de désobéissance culturelle. Trois années après, leur retour sur la scène culturelle de Beyrouth s’effectue dans les mêmes termes, le même pacte, le même contrat: «Que la période à venir soit une période de #désobéissance_culturelle jusqu'à ce que nous ramenions la vie culturelle qui nous a été confisquée.» C’est donc aussi sous le signe de la continuité que s’effectue ce retour, très attendu il faut le reconnaître, le festival Bipod ayant constitué, durant les nombreuses années de son exercice, l’un des temps très forts de la vie culturelle, l’un des moments qui l’a durablement structurée.
Aussi, «nous considérons cette désobéissance comme un acte de bienveillance, de réforme, de changement vers le mieux. Nous désobéissons lorsque nous réalisons qu’un système ne répond pas à nos ambitions et ne satisfait pas nos aspirations.»
Ouvrir un débat sur la culture en relation avec les enjeux artistiques, sociaux et politiques actuels est aujourd'hui une nécessité. Poser des questions de fond est donc l’objectif de cette édition: comment la culture peut-elle intervenir dans la sphère du social et du politique sans perdre de vue ses préoccupations artistiques?, et bien d’autres qui sont également mises sur le devant de la scène et des débats: dans quelle mesure les artistes ont-ils aujourd’hui la liberté de décider de leur cheminement et de leur carrière? Qui décide de ce qui est vu et sur quelle base? Dans quelle mesure est-il possible de continuer de promouvoir la création artistique en dehors des contraintes du marché? Comment créer une scène inclusive sans labelliser le travail artistique? Qu’est-ce qu’une scène inclusive? Qu'est-ce qu’être un artiste? Un programmateur? Et qu'est-ce qu’un public? Qu’est-ce qu’un public «actif»? Pourquoi un public doit-il être actif? Autant de questions qui se posent encore davantage aujourd’hui, dans un contexte à la fois régional et mondial d’une extrême complexité, et qui nous poussent à revisiter nos fondamentaux ainsi que nos pratiques, artistiques, curatoriales et plus largement culturelles. Car il s’agit bien de revisiter les fondamentaux afin que les idées, autrefois innovantes, continuent de l’être. Car «nous avons peur». Peur qu’elles perdent leur raison d'être si elles ne sont pas rajeunies et revitalisées.
Cette 18e édition du Bipod, diffusée en direct sur la plateforme numérique Citerne.live, se déroule à Lyon puis à Beyrouth. Elle s’est ouverte le 25 mai au théâtre Béryte avec l’éblouissante performance de Ginevra Panzetti et Enrico Ticconi (Italie/Allemagne) intitulée ARA! ARA!. À travers un imaginaire qui puise à la fois dans un imaginaire romantique et pictural (je pense à La Liberté guidant le peuple de Delacroix), des arts martiaux, des symboles héraldiques, militaires, tribaux, animaliers mais aussi des codes de la danse (comment ne pas penser à du Loïe Fuller), le spectacle est un époustouflant cri de rage en même temps qu’une catharsis.
Le festival s’est poursuivi le 26 mai sur l’esplanade du musée Sursock avec Alexandre Roccoli (France/Maroc) et la compagnie A Short Term Effect dans une performance tout en circularité hypnotique, torsions et vertiges intitulée Hadra, menée par le jeune danseur marocain Yassine Aboulakoul. Alexandre Roccoli puise son inspiration dans les danses de possession telles qu’elles ont pu apparaître au Maroc mais aussi dans certaines cultures contemporaines plus urbaines, du hip hop à la house music. Il était suivi de Fabian Thomé (France/Espagne) dans «Moi-je», une variation sur le thème du je et de l’autre, toute en miroir et symétrie.
Le festival se poursuit les 27, 28 et 29 avec une programmation riche qui comprend des performances, des discussions, des débats, des ateliers, des vidéo-danse et un partage d’expériences sous la thématique de la #désobéissance_culturelle.
Avec le soutien de l’Institut français, l’Istituto Italiano di Cultura-Beirut, l’Ambassade d’Espagne à Beyrouth, Prohelvetia et l’Ambassade de Suisse au Liban et en Syrie, AFAC, et Al-Mawred al-Thaqafy.
Programme:
25 - 29 Mai | Beyrouth
En collaboration avec le musée Sursock et Théâtre Béryte
Entrée gratuite à toutes les performances et les événements. La billetterie ouvre ses portes une heure avant la performance au Théâtre Béryte dans la limite des places disponibles (First come first seated).
Performances
Ginevra Panzetti et Enrico Ticconi
ARA! ARA!
25 Mai à 20h | Théâtre Béryte et en direct sur www.Citerne.live
Alexandre Roccoli
Hadra
26 mai à 19h| Musée Sursock
28 mai à 18h| La bibliothèque nationale de Baakline et en direct sur www.Citerne.live
Fabian Thomé
Moi-je
26 mai à 19h30 | Musée Sursock
28 mai à 18h30 | La bibliothèque nationale de Baakline et en direct sur www.Citerne.live
Vania Vaneau
Nebula
27 mai à 18h | Musée Sursock et en direct sur www.Citerne.live
Bassam Abou Diab
Pina my Love
27 mai à 20h | Théâtre Béryte et en direct sur www.Citerne.live
Ioannis Mandafounis
From Scratch
29 mai à 19h | Musée Sursock et en direct sur www.Citerne.live
Atelier
Fabian Thomé
21-25 mai | Amalgam studio
26 mai à 11h| Présentation publique |Musée Sursock
Peggy Olislaegers
Brainstorming/Bodystorming avec Peggy Olislaegers | Lab for artists
24-25 Mai | Amalgam studio
Conversations
26 et 27 mai | 10h-17h | Musée Sursock
26 mai
• 10h| Workshop presentation par Fabien Thomé
• 11h | Workshop presentation par Peggy Olislaegers
• 14h | Discussion | Cultural disobedience and Political Change modéré par Omar Rajeh avec Peggy Olislaegers, Shaden, Nizar Ghanem & Jean Kassir
27 mai
• 10h | Artistic projects presentations with Jana Saleh & Frédérique Chauveaux, Leila Awadallah, Nivine Kallas, Rasha Baroud, Eliesh, Bassam Bou Diab
• 14h | Discussion | cultural disobedience and caring, daring, sharing modéré par Peggy Olislaegers with Pascal Brunet, Ghenwa Samhat
Programme de vidéo-danse
Omar Rajeh | Maqamat avec Selim Mourad
The Odor of Elephants After the Rain
26 mai à 18h | Musée Sursock et en direct sur www.Citerne.live
Silvia Giordano | Yara Boustany & Nader Bahsoun | Natasha Karam, Taymour Boulos et George Nassar | Layal Berberi
27 mai à 17h | Musée Sursock et en direct sur www.Citerne.live
Video Dance program curated by Cinedans
28 mai à 19h | Musée Sursock et en direct sur www.Citerne.live
«Nous ne devrions pas nous inquiéter pour l'avenir, car l'avenir est déjà là. Ce dont nous devons nous soucier, c'est dans quel état nous laisserons le passé.»
«Que la période à venir soit une période de #désobéissance_culturelle jusqu'à ce que nous ramenions la vie culturelle qui nous a été confisquée.»
C’est avec un slogan puissant que Bipod (Beirut International Platform of Dance) revient cette année à Beyrouth pour proposer, du 25 au 29 mai, cinq jours placés sous le signe de la désobéissance culturelle. Un slogan puissant comme ceux qui nous rappellent à nous-mêmes et à nos souvenirs. Ainsi je me souviens de ma dernière soirée avec Omar Rajeh, le fondateur de Maqamat, et Mia Habis, la fondatrice et la directrice artistique de Bipod (Beirut International Platform of Dance) autour d’un verre qui a encore pour moi des relents d’amertume, parce que c’était «avant», avant les grands événements d’octobre 2019, avant que le monde ne bascule et avant leur départ à Lyon d’où ils ont continué leur mission. C’était hier, et en même temps, cela appartient à un autre monde. Mais c’était aussi «après»: après le démantèlement forcé de La Citerne à Beyrouth, une structure métallique mobile qui a été construite comme une nouvelle proposition d'espaces de spectacle, après la montée d’un péril que l’on voyait déjà venir vers nous. C’était donc après ce que nous commencions déjà à percevoir comme un danger imminent: les fins de mois difficiles à boucler et le soutien aux institutions et aux artistes de plus en plus menacé (Métropolis fut obligé de fermer son cinéma d’art et d’essai à la même période, faut-il le rappeler?). Pour ceux qui seraient tentés de croire que c’était le bon temps, non, le temps d’avant n’était pas un temps heureux. Omar et Mia parlaient, ce soir-là, de désobéissance culturelle. Trois années après, leur retour sur la scène culturelle de Beyrouth s’effectue dans les mêmes termes, le même pacte, le même contrat: «Que la période à venir soit une période de #désobéissance_culturelle jusqu'à ce que nous ramenions la vie culturelle qui nous a été confisquée.» C’est donc aussi sous le signe de la continuité que s’effectue ce retour, très attendu il faut le reconnaître, le festival Bipod ayant constitué, durant les nombreuses années de son exercice, l’un des temps très forts de la vie culturelle, l’un des moments qui l’a durablement structurée.
Aussi, «nous considérons cette désobéissance comme un acte de bienveillance, de réforme, de changement vers le mieux. Nous désobéissons lorsque nous réalisons qu’un système ne répond pas à nos ambitions et ne satisfait pas nos aspirations.»
Ouvrir un débat sur la culture en relation avec les enjeux artistiques, sociaux et politiques actuels est aujourd'hui une nécessité. Poser des questions de fond est donc l’objectif de cette édition: comment la culture peut-elle intervenir dans la sphère du social et du politique sans perdre de vue ses préoccupations artistiques?, et bien d’autres qui sont également mises sur le devant de la scène et des débats: dans quelle mesure les artistes ont-ils aujourd’hui la liberté de décider de leur cheminement et de leur carrière? Qui décide de ce qui est vu et sur quelle base? Dans quelle mesure est-il possible de continuer de promouvoir la création artistique en dehors des contraintes du marché? Comment créer une scène inclusive sans labelliser le travail artistique? Qu’est-ce qu’une scène inclusive? Qu'est-ce qu’être un artiste? Un programmateur? Et qu'est-ce qu’un public? Qu’est-ce qu’un public «actif»? Pourquoi un public doit-il être actif? Autant de questions qui se posent encore davantage aujourd’hui, dans un contexte à la fois régional et mondial d’une extrême complexité, et qui nous poussent à revisiter nos fondamentaux ainsi que nos pratiques, artistiques, curatoriales et plus largement culturelles. Car il s’agit bien de revisiter les fondamentaux afin que les idées, autrefois innovantes, continuent de l’être. Car «nous avons peur». Peur qu’elles perdent leur raison d'être si elles ne sont pas rajeunies et revitalisées.
Cette 18e édition du Bipod, diffusée en direct sur la plateforme numérique Citerne.live, se déroule à Lyon puis à Beyrouth. Elle s’est ouverte le 25 mai au théâtre Béryte avec l’éblouissante performance de Ginevra Panzetti et Enrico Ticconi (Italie/Allemagne) intitulée ARA! ARA!. À travers un imaginaire qui puise à la fois dans un imaginaire romantique et pictural (je pense à La Liberté guidant le peuple de Delacroix), des arts martiaux, des symboles héraldiques, militaires, tribaux, animaliers mais aussi des codes de la danse (comment ne pas penser à du Loïe Fuller), le spectacle est un époustouflant cri de rage en même temps qu’une catharsis.
Le festival s’est poursuivi le 26 mai sur l’esplanade du musée Sursock avec Alexandre Roccoli (France/Maroc) et la compagnie A Short Term Effect dans une performance tout en circularité hypnotique, torsions et vertiges intitulée Hadra, menée par le jeune danseur marocain Yassine Aboulakoul. Alexandre Roccoli puise son inspiration dans les danses de possession telles qu’elles ont pu apparaître au Maroc mais aussi dans certaines cultures contemporaines plus urbaines, du hip hop à la house music. Il était suivi de Fabian Thomé (France/Espagne) dans «Moi-je», une variation sur le thème du je et de l’autre, toute en miroir et symétrie.
Le festival se poursuit les 27, 28 et 29 avec une programmation riche qui comprend des performances, des discussions, des débats, des ateliers, des vidéo-danse et un partage d’expériences sous la thématique de la #désobéissance_culturelle.
Avec le soutien de l’Institut français, l’Istituto Italiano di Cultura-Beirut, l’Ambassade d’Espagne à Beyrouth, Prohelvetia et l’Ambassade de Suisse au Liban et en Syrie, AFAC, et Al-Mawred al-Thaqafy.
Programme:
25 - 29 Mai | Beyrouth
En collaboration avec le musée Sursock et Théâtre Béryte
Entrée gratuite à toutes les performances et les événements. La billetterie ouvre ses portes une heure avant la performance au Théâtre Béryte dans la limite des places disponibles (First come first seated).
Performances
Ginevra Panzetti et Enrico Ticconi
ARA! ARA!
25 Mai à 20h | Théâtre Béryte et en direct sur www.Citerne.live
Alexandre Roccoli
Hadra
26 mai à 19h| Musée Sursock
28 mai à 18h| La bibliothèque nationale de Baakline et en direct sur www.Citerne.live
Fabian Thomé
Moi-je
26 mai à 19h30 | Musée Sursock
28 mai à 18h30 | La bibliothèque nationale de Baakline et en direct sur www.Citerne.live
Vania Vaneau
Nebula
27 mai à 18h | Musée Sursock et en direct sur www.Citerne.live
Bassam Abou Diab
Pina my Love
27 mai à 20h | Théâtre Béryte et en direct sur www.Citerne.live
Ioannis Mandafounis
From Scratch
29 mai à 19h | Musée Sursock et en direct sur www.Citerne.live
Atelier
Fabian Thomé
21-25 mai | Amalgam studio
26 mai à 11h| Présentation publique |Musée Sursock
Peggy Olislaegers
Brainstorming/Bodystorming avec Peggy Olislaegers | Lab for artists
24-25 Mai | Amalgam studio
Conversations
26 et 27 mai | 10h-17h | Musée Sursock
26 mai
• 10h| Workshop presentation par Fabien Thomé
• 11h | Workshop presentation par Peggy Olislaegers
• 14h | Discussion | Cultural disobedience and Political Change modéré par Omar Rajeh avec Peggy Olislaegers, Shaden, Nizar Ghanem & Jean Kassir
27 mai
• 10h | Artistic projects presentations with Jana Saleh & Frédérique Chauveaux, Leila Awadallah, Nivine Kallas, Rasha Baroud, Eliesh, Bassam Bou Diab
• 14h | Discussion | cultural disobedience and caring, daring, sharing modéré par Peggy Olislaegers with Pascal Brunet, Ghenwa Samhat
Programme de vidéo-danse
Omar Rajeh | Maqamat avec Selim Mourad
The Odor of Elephants After the Rain
26 mai à 18h | Musée Sursock et en direct sur www.Citerne.live
Silvia Giordano | Yara Boustany & Nader Bahsoun | Natasha Karam, Taymour Boulos et George Nassar | Layal Berberi
27 mai à 17h | Musée Sursock et en direct sur www.Citerne.live
Video Dance program curated by Cinedans
28 mai à 19h | Musée Sursock et en direct sur www.Citerne.live
«Nous ne devrions pas nous inquiéter pour l'avenir, car l'avenir est déjà là. Ce dont nous devons nous soucier, c'est dans quel état nous laisserons le passé.»
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