Comptes-rendus enthousiastes, progrès en matière de droits de l'Homme... la machine de propagande chinoise jubile en récupérant la visite que mène en Chine Michelle Bachelet, la cheffe de l'ONU pour les droits de l'Homme. Cette dernière n'a presque pas de marge de manœuvre, et demeure quasi-muette depuis son arrivée au Xinjiang, région où seraient internés de force plus d'un million de Ouïghours. Du côtés des militants et de la diaspora ouïghoure, l'heure est à la déception.
Bachelet quasi-muette
Michelle Bachelet est au Xinjiang depuis mardi. Elle devait se rendre dans la capitale régionale Urumqi et dans la ville de Kashgar, selon ses services. Que fait-elle exactement? Difficile de savoir, car au nom de la prévention contre le Covid-19, sa visite se déroule dans une bulle sanitaire qui exclut toute la presse étrangère.
La cheffe de l'ONU pour les droits de l'Homme est restée quasi muette cette semaine. Mais elle doit donner samedi soir, avant son départ de Chine, une conférence de presse en ligne très attendue. Elle devrait y être assaillie de questions sur sa liberté de mouvement, ses échanges avec les habitants et son accès aux centres de détention du Xinjiang.
"Clarifier la désinformation"
La Chine comble le vide médiatique avec des comptes-rendus officiels enthousiastes de ses rencontres avec Xi Jinping ou le ministre des Affaires étrangères Wang Yi. L'agence Chine nouvelle a ainsi assuré que Mme Bachelet, devant ce dernier, avait "félicité la Chine pour ses importantes réalisations en matière de (...) protection des droits de l'Homme".
Contactés par l'AFP, les services de l'ONU n'ont ni confirmé ni démenti que Mme Bachelet avait effectivement tenu ces propos. Mais ni les Nations unies ni la Chine n'ont en tout cas mentionné spécifiquement le Xinjiang dans leurs déclarations.
Les médias chinois ont également diffusé d'abondantes images de l'ex-présidente chilienne se voyant remettre un recueil de citations de Xi Jinping sur les droits de l'Homme. Pékin l'a souligné dès le début de la semaine: la visite de Mme Bachelet n'est pas une enquête mais une occasion de "clarifier la désinformation" dont la Chine s'estime victime.
Des militants ouïghours réfugiés en Turquie arborent les portraits de leurs proches du Xinjiang dont ils sont sans nouvelles.
Déception ouïghoure
Des études occidentales accusent Pékin d'avoir interné plus d'un million de Ouïghours et de membres d'autres groupes ethniques musulmans dans des "camps de rééducation", voire d'imposer du "travail forcé" ou des "stérilisations forcées". Les États-Unis évoquent un "génocide".
La Chine dénonce des rapports biaisés et parle de "centres de formation professionnelle" destinés à éradiquer l'extrémisme. Elle dément toute "stérilisation forcée", disant ni plus ni moins appliquer la politique nationale de limitation des naissances.
Pour des ONG et des militants de la diaspora ouïghoure, Michelle Bachelet s'est laissée entraîner dans une opération de communication du Parti communiste (PCC). Militante ouïghoure basée à Londres, Rahima Mahmut dénonce déjà "de la poudre aux yeux".
"Ce n'est pas l'enquête neutre, indépendante et sans entrave qu'on nous avait promise", déclare-t-elle à l'AFP. Au lieu de cela, Pékin cherche à obtenir "un blanc-seing pour poursuivre la répression, la surveillance, la torture et le génocide", ajoute-t-elle.
Avec AFP
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