La supplémentation alimentaire en oméga-3 a largement été considérée comme protectrice au niveau cardiovasculaire. Un statut qui a cependant été remis en question par le résultat de plusieurs essais cliniques contrôlés randomisés rigoureusement conçus. Cette nouvelle hypothèse semble pourtant ne pas être concluante.
Durant les dernières décennies, des recherches substantielles sur des modèles expérimentaux ont conduit à l’identification des acides gras oméga-3 (EPA et DHA) en tant que «molécule miracle», capable d’atténuer le stress inflammatoire et oxydatif, protégeant ainsi contre diverses formes de maladies dégénératives, en particulier les maladies cardiovasculaires. Cette notion est étayée par les résultats de nombreuses études épidémiologiques observationnelles et de certains essais cliniques contrôlés randomisés, démontrant l’effet protecteur cardiovasculaire des oméga-3.
Cependant, plusieurs essais cliniques rigoureusement conçus, et publiés par le New England Journal of Medicine (NEJM), l’une des revues médicales les plus prestigieuses au monde, n’ont pas réussi à mettre en évidence un effet bénéfique des acides gras oméga-3 dans la prévention primaire ou secondaire des maladies cardiovasculaires. D’autres résultats publiés, entre autres, dans le British Journal of Cancer (BJC) réfutent également les allégations sur les propriétés protectrices et curatives de cette substance contre les cancers. Quel est donc le secret de cette molécule largement étudiée de nos jours?
Tout a commencé en 1953, lorsqu’un chercheur anglais, Hugh Macdonald Sinclair, note que les Esquimaux du Groenland, qui se nourrissent principalement de poissons, de phoques et de baleines, souffrent rarement de maladies coronariennes. Vingt ans plus tard, deux chercheurs danois, H. O. Bang et Jørn Dyerberg, constatent également que les Inuits du Groenland ont des taux sériques de cholestérol et de triglycérides plus faibles que chez les Danois – qui ont également démontré un risque faible d’infarctus du myocarde –, malgré une alimentation riche en graisses saturées et en cholestérol.
Ces observations et bien d’autres ont, dès lors, suscité un intérêt croissant des chercheurs vis-à-vis des avantages potentiels d’une supplémentation en acides gras polyinsaturés oméga-3, pour la santé cardiovasculaire. Une étude clinique, intitulée GISSI-P, publiée en 1999 dans The Lancet, a montré qu’un gramme d’oméga-3 par jour diminue le risque de décès, d’infarctus aigu du myocarde non mortel et d’accident vasculaire cérébral (AVC) chez les patients ayant récemment subi un infarctus du myocarde. Cet essai, mené sur 11.000 individus durant près de quatre ans, et démontrant une réduction globale de 20% des événements cardiovasculaires mortels, a suscité l’engouement de la communauté scientifique.
Plusieurs travaux de recherche ultérieurs n’ont toutefois pas réussi à corroborer ces résultats. En effet, malgré les résultats encourageants de certaines études observationnelles, montrant une association inverse entre une consommation plus élevée de poisson et un risque plus faible de maladies cardiaques, de nouveaux essais contrôlés randomisés testant la supplémentation en oméga‐3 marins, par rapport à un placebo, ont abouti à un résultat nul.
Dans une étude publiée en 2018 dans NEJM, intitulée ASCEND, aucune réduction significative du risque cardiovasculaire n’a été observée chez un échantillon de 15.480 patients diabétiques lorsqu’un gramme d’oméga-3 leur a été administré en prévention primaire, pendant plus de sept ans. Il y avait, cependant, une réduction significative de 18% du risque relatif de décès d’origine vasculaire (maladies coronariennes, AVC, ou d’autres causes vasculaires). Bien que l’Association américaine de cœur (American Heart Association – AHA) continue de recommander une supplémentation en oméga‐3 marins pour les patients atteints de maladies coronariennes afin de réduire le risque de mortalité, les preuves sont toujours insuffisantes quant à son utilisation en prévention chez les patients à risque élevé de maladies cardiovasculaires, mais toujours non atteintes.
Une dose élevée d’oméga-3 s’est avérée bénéfique dans plusieurs études dont Omega-Remodel qui a constaté qu’une dose de quatre grammes d’oméga-3 (EPA et DHA) par jour, pendant 6 mois, après un infarctus aigu du myocarde pourrait exercer un effet protecteur cardiovasculaire. De plus, un article publié en 2017 montre que des niveaux d’EPA et de DHA supérieurs à 1,5 gramme par jour sont généralement nécessaires pour un changement cliniquement significatif des niveaux de triglycérides, ce qui expliquerait les résultats incohérents dans les essais utilisant des doses plus faibles. Cela dit, d’innombrables sommes d’argent ont été dépensées, tout au long des dernières décennies, pour étudier la relation entre l’oméga-3 et les maladies cardiovasculaires sans pour autant parvenir à un consensus entre les cliniciens. Des preuves de plus en plus tangibles soulignent le rôle protecteur de cette substance à des doses élevées. Il n’en reste pas moins que des études plus approfondies demeurent indispensables afin de déterminer de manière concluante les avantages potentiels de ce médicament sûr, peu coûteux et bien toléré.
Durant les dernières décennies, des recherches substantielles sur des modèles expérimentaux ont conduit à l’identification des acides gras oméga-3 (EPA et DHA) en tant que «molécule miracle», capable d’atténuer le stress inflammatoire et oxydatif, protégeant ainsi contre diverses formes de maladies dégénératives, en particulier les maladies cardiovasculaires. Cette notion est étayée par les résultats de nombreuses études épidémiologiques observationnelles et de certains essais cliniques contrôlés randomisés, démontrant l’effet protecteur cardiovasculaire des oméga-3.
Cependant, plusieurs essais cliniques rigoureusement conçus, et publiés par le New England Journal of Medicine (NEJM), l’une des revues médicales les plus prestigieuses au monde, n’ont pas réussi à mettre en évidence un effet bénéfique des acides gras oméga-3 dans la prévention primaire ou secondaire des maladies cardiovasculaires. D’autres résultats publiés, entre autres, dans le British Journal of Cancer (BJC) réfutent également les allégations sur les propriétés protectrices et curatives de cette substance contre les cancers. Quel est donc le secret de cette molécule largement étudiée de nos jours?
Première lueur
Tout a commencé en 1953, lorsqu’un chercheur anglais, Hugh Macdonald Sinclair, note que les Esquimaux du Groenland, qui se nourrissent principalement de poissons, de phoques et de baleines, souffrent rarement de maladies coronariennes. Vingt ans plus tard, deux chercheurs danois, H. O. Bang et Jørn Dyerberg, constatent également que les Inuits du Groenland ont des taux sériques de cholestérol et de triglycérides plus faibles que chez les Danois – qui ont également démontré un risque faible d’infarctus du myocarde –, malgré une alimentation riche en graisses saturées et en cholestérol.
Ces observations et bien d’autres ont, dès lors, suscité un intérêt croissant des chercheurs vis-à-vis des avantages potentiels d’une supplémentation en acides gras polyinsaturés oméga-3, pour la santé cardiovasculaire. Une étude clinique, intitulée GISSI-P, publiée en 1999 dans The Lancet, a montré qu’un gramme d’oméga-3 par jour diminue le risque de décès, d’infarctus aigu du myocarde non mortel et d’accident vasculaire cérébral (AVC) chez les patients ayant récemment subi un infarctus du myocarde. Cet essai, mené sur 11.000 individus durant près de quatre ans, et démontrant une réduction globale de 20% des événements cardiovasculaires mortels, a suscité l’engouement de la communauté scientifique.
De faux espoirs?
Plusieurs travaux de recherche ultérieurs n’ont toutefois pas réussi à corroborer ces résultats. En effet, malgré les résultats encourageants de certaines études observationnelles, montrant une association inverse entre une consommation plus élevée de poisson et un risque plus faible de maladies cardiaques, de nouveaux essais contrôlés randomisés testant la supplémentation en oméga‐3 marins, par rapport à un placebo, ont abouti à un résultat nul.
Dans une étude publiée en 2018 dans NEJM, intitulée ASCEND, aucune réduction significative du risque cardiovasculaire n’a été observée chez un échantillon de 15.480 patients diabétiques lorsqu’un gramme d’oméga-3 leur a été administré en prévention primaire, pendant plus de sept ans. Il y avait, cependant, une réduction significative de 18% du risque relatif de décès d’origine vasculaire (maladies coronariennes, AVC, ou d’autres causes vasculaires). Bien que l’Association américaine de cœur (American Heart Association – AHA) continue de recommander une supplémentation en oméga‐3 marins pour les patients atteints de maladies coronariennes afin de réduire le risque de mortalité, les preuves sont toujours insuffisantes quant à son utilisation en prévention chez les patients à risque élevé de maladies cardiovasculaires, mais toujours non atteintes.
Une question de dosage?
Une dose élevée d’oméga-3 s’est avérée bénéfique dans plusieurs études dont Omega-Remodel qui a constaté qu’une dose de quatre grammes d’oméga-3 (EPA et DHA) par jour, pendant 6 mois, après un infarctus aigu du myocarde pourrait exercer un effet protecteur cardiovasculaire. De plus, un article publié en 2017 montre que des niveaux d’EPA et de DHA supérieurs à 1,5 gramme par jour sont généralement nécessaires pour un changement cliniquement significatif des niveaux de triglycérides, ce qui expliquerait les résultats incohérents dans les essais utilisant des doses plus faibles. Cela dit, d’innombrables sommes d’argent ont été dépensées, tout au long des dernières décennies, pour étudier la relation entre l’oméga-3 et les maladies cardiovasculaires sans pour autant parvenir à un consensus entre les cliniciens. Des preuves de plus en plus tangibles soulignent le rôle protecteur de cette substance à des doses élevées. Il n’en reste pas moins que des études plus approfondies demeurent indispensables afin de déterminer de manière concluante les avantages potentiels de ce médicament sûr, peu coûteux et bien toléré.
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