Alors que la valeur de la livre libanaise continue à faire du yoyo sur le marché noir, les commerçants sont de plus en plus nombreux à afficher leurs prix en dollars américains. Une pratique illégale, mais désormais officielle pour le secteur touristique. Un pas de plus vers la dollarisation de l’économie.
«Nous sommes obligés de donner les prix en dollars, ce n’est plus possible de fonctionner autrement», déplore Line, propriétaire d’un magasin de robinetterie à Achrafieh. «Si le client ne peut pas régler dans cette devise, il peut payer en livres libanaises au taux du marché noir», ajoute-t-elle. Si afficher les prix en dollars est illégal, cette pratique n’est pas sans fondement: 85% des denrées alimentaires et des biens d’équipements vendus au Liban proviennent de l’étranger et sont achetés dans cette monnaie par les commerçants. «Tant que la livre libanaise fluctue, il doit y avoir une devise de référence», explique l’économiste Nicolas Sbeih.
Officiellement toutefois, il ne peut que s’agir de la livre libanaise. Comme l’explique une source du ministère de l’Économie: «Les lois comme celles sur la protection des consommateurs ou des décisions de la Banque centrale interdisent la diffusion des prix en dollars.» Le ministère du Tourisme fait donc exception en la matière. Jeudi, son ministre sortant Walid Nassar a publié une circulaire permettant aux établissements concernés d’afficher leurs prix en dollars. Une mesure exceptionnelle qui s’étend jusqu’au mois de septembre. Le but: montrer aux touristes que les prix n’ont pas changé malgré les fluctuations de la livre libanaise.
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S’il s’agit d’une nouveauté pour les restaurants, de nombreux hôtels sont déjà coutumiers du fait, beaucoup de leurs réservations s’effectuant sur des plateformes numériques internationales où les paiements se font en dollars. «Cela permet aussi aux entreprises de ce secteur d’accélérer le rythme de leur travail, de faciliter la maintenance en achetant plus facilement certains produits importés, voire de payer une partie des salaires de leurs employés dans cette devise», d’après la source. La décision du ministère du Tourisme relève ainsi d’une volonté – certes restreinte – de coller à la réalité de la crise économique et aux conséquences des fluctuations incessantes de la livre libanaise sur la consommation. Pour autant, cette mesure ne s’étendra pas aux autres commerces comme les supermarchés, ce qui serait illégal. «Au Liban, les salaires sont jusqu’à présent payés en livres libanaises. Le pouvoir d’achat est trop minime pour dollariser toute l’économie», selon la source.
Dans les faits, la réalité contraste fortement avec le discours officiel. Depuis plusieurs mois, nombre de commerces proposant des produits importés affichent leurs prix en dollars. Il s’agit le plus souvent de garagistes, plombiers, magasins de téléphonie ou de location de voitures. «Depuis un an et demi, nous donnons systématiquement le prix dans cette devise», explique Antoine, propriétaire d’un magasin d’électronique à Geitaoui. «Si les gens ne peuvent pas payer on leur donne l’équivalent au taux du marché noir du jour. Mais sur la facture on indique le prix dans les deux devises», poursuit-il.
Un phénomène qui s’étend également au secteur des services, dont une partie des matières premières utilisées sont importées. C’est notamment le cas des générateurs, certes illégaux mais dont le mazout provenant de l’étranger est réglé en billets verts. «Petit à petit, l’économie risque de continuer à se dollariser, même de façon informelle. C’est l’évolution naturelle des choses. Cela a été le cas dans d’autres pays», note Nicolas Sbeih, citant à titre d’exemple le Venezuela, également endigué dans une profonde crise économique.
«Nous sommes obligés de donner les prix en dollars, ce n’est plus possible de fonctionner autrement», déplore Line, propriétaire d’un magasin de robinetterie à Achrafieh. «Si le client ne peut pas régler dans cette devise, il peut payer en livres libanaises au taux du marché noir», ajoute-t-elle. Si afficher les prix en dollars est illégal, cette pratique n’est pas sans fondement: 85% des denrées alimentaires et des biens d’équipements vendus au Liban proviennent de l’étranger et sont achetés dans cette monnaie par les commerçants. «Tant que la livre libanaise fluctue, il doit y avoir une devise de référence», explique l’économiste Nicolas Sbeih.
Officiellement toutefois, il ne peut que s’agir de la livre libanaise. Comme l’explique une source du ministère de l’Économie: «Les lois comme celles sur la protection des consommateurs ou des décisions de la Banque centrale interdisent la diffusion des prix en dollars.» Le ministère du Tourisme fait donc exception en la matière. Jeudi, son ministre sortant Walid Nassar a publié une circulaire permettant aux établissements concernés d’afficher leurs prix en dollars. Une mesure exceptionnelle qui s’étend jusqu’au mois de septembre. Le but: montrer aux touristes que les prix n’ont pas changé malgré les fluctuations de la livre libanaise.
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S’il s’agit d’une nouveauté pour les restaurants, de nombreux hôtels sont déjà coutumiers du fait, beaucoup de leurs réservations s’effectuant sur des plateformes numériques internationales où les paiements se font en dollars. «Cela permet aussi aux entreprises de ce secteur d’accélérer le rythme de leur travail, de faciliter la maintenance en achetant plus facilement certains produits importés, voire de payer une partie des salaires de leurs employés dans cette devise», d’après la source. La décision du ministère du Tourisme relève ainsi d’une volonté – certes restreinte – de coller à la réalité de la crise économique et aux conséquences des fluctuations incessantes de la livre libanaise sur la consommation. Pour autant, cette mesure ne s’étendra pas aux autres commerces comme les supermarchés, ce qui serait illégal. «Au Liban, les salaires sont jusqu’à présent payés en livres libanaises. Le pouvoir d’achat est trop minime pour dollariser toute l’économie», selon la source.
Dans les faits, la réalité contraste fortement avec le discours officiel. Depuis plusieurs mois, nombre de commerces proposant des produits importés affichent leurs prix en dollars. Il s’agit le plus souvent de garagistes, plombiers, magasins de téléphonie ou de location de voitures. «Depuis un an et demi, nous donnons systématiquement le prix dans cette devise», explique Antoine, propriétaire d’un magasin d’électronique à Geitaoui. «Si les gens ne peuvent pas payer on leur donne l’équivalent au taux du marché noir du jour. Mais sur la facture on indique le prix dans les deux devises», poursuit-il.
Un phénomène qui s’étend également au secteur des services, dont une partie des matières premières utilisées sont importées. C’est notamment le cas des générateurs, certes illégaux mais dont le mazout provenant de l’étranger est réglé en billets verts. «Petit à petit, l’économie risque de continuer à se dollariser, même de façon informelle. C’est l’évolution naturelle des choses. Cela a été le cas dans d’autres pays», note Nicolas Sbeih, citant à titre d’exemple le Venezuela, également endigué dans une profonde crise économique.
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