Roland-Garros: Swiatek pour la petite histoire, Gauff pour confirmer les espoirs
©La joie de l'Américaine Coco Gauff après sa qualification pour la finale de Roland-Garros en battant l'Italienne Martina Trevisan, le 2 juin 2022. Thomas Samson/AFP
Duel entre la N.1 mondiale actuelle et une autre en puissance au rendez-vous des immenses attentes placées en elle depuis l'enfance, la finale de Roland-Garros entre Iga Swiatek et Coco Gauff samedi (16h00, Beyrouth) consacrera l'invincible Polonaise ou marquera l'avènement d'une joueuse-phénomène annoncée.

Comme la pluie attendue samedi qui obligera la fermeture du toit, cette finale frisson semble tombée du ciel après une quinzaine ayant tourné au chamboule-tout. Une semaine de jeu de massacre a suffi à renverser tous les noms du top 10, dès le troisième tour, à l'exception d'Iga Swiatek, encore et toujours debout.

Un nouveau couronnement à Paris après le sacre surprise de l'automne 2020 scellerait trois mois de domination sans partage de l'enfant de Varsovie, tout juste 21 ans.

"J'ai l'impression que tout colle cette saison, le travail physique, tennistique et mental", décrit celle qui a changé d'entraîneur à l'intersaison.

Swiatek sur les traces des sœurs Williams

D'abord, Iga Swiatek deviendrait la première lauréate à s'être imposée plus d'une fois Porte d'Auteuil depuis Serena Williams en 2015. Ensuite, elle égalerait la série insensée de victoires en match de sa sœur Venus Williams: 35 en 2000, record des années 2000.

Deux noms, ou plutôt prénoms, qui décrivent les hauteurs où lévite actuellement la Polonaise. Son parcours a entretenu autrement moins de suspense que Le Crime de l'Orient-Express, l'un des nombreux livres que la cérébrale Swiatek a avalé depuis le début de son séjour à Paris. En six matches, elle n'a lâché qu'un set.

Pas de quoi intimider son adversaire l'Américaine Coco Gauff, 23e mondiale, qui n'en a concédé elle aucun.

Près de trois ans après sa révélation au grand public, l'Américaine a enfin atteint une finale en Grand Chelem. En 2019, elle explosait aux yeux du monde en faisant tomber Venus Williams à Wimbledon; quelques semaines plus tard, elle remportait son premier tournoi WTA à Linz et en janvier 2020 s'offrait la tenante du titre Naomi Osaka au troisième tour de l'Open d'Australie. Le tout à 15 ans.


Coco Gauff a percé si tôt qu'elle paraît paradoxalement en retard. Tant pis si à 18 ans et 83 jours, elle est la plus jeune finaliste à Paris depuis Kim Clijsters en 2001 et la plus jeune en Grand Chelem depuis le sacre de Maria Sharapova à Wimbledon en 2004.

"Les gens ont le droit d'être déçus, il n'y a pas de problème", balaie Patrick Mouratoglou, qui l'a vue pour la première fois frapper des balles à ses dix ans, à l'occasion d'une détection dans son académie où elle s'entraîne régulièrement depuis.

"C'est juste qu'ils ont fait d'elle quelqu'un qu'elle n'était pas, décrit-il à l'AFP. Comme très jeune, elle a gagné des matches, tout le monde a dit qu'elle allait gagner des Grands Chelems tout de suite. Oui, elle va en gagner mais il faut le temps de développer un certain nombre d'armes et surtout de gommer des problèmes techniques qui sont de vrais handicaps."

Gauff a soigné son service

D'un match contre Trevisan à l'autre, la Floridienne a montré tous ses progrès. Quand elle avait collectionné 19 doubles fautes face à la Florentine au deuxième tour de Roland-Garros 2020, elle n'en a commise que quatre en demie jeudi. "Avec entre 15 et 20 doubles fautes par match, c'était compliqué d'en gagner", commente Patrick Mouratoglou, entraîneur de longue date de la superstar Serena Williams.

Des +teenagers+ souvent sacrées ces dernières années en Grand Chelem - Bianca Andreescu à l'US Open 2019, Swiatek à Roland-Garros 2020, Emma Raducanu à l'US Open 2021 -, Coco Gauff est sans aucun doute la plus attendue.

Pierre précieuse précoce, la Floridienne a enlevé à 14 ans seulement Roland-Garros juniors puis le prestigieux Orange Bowl, réservé aux moins de 18 ans.

"Je pense qu'avant, je me mettais une trop grande pression pour faire des résultats", livre celle qui n'avait encore jamais atteint une demi-finale en Grand Chelem avant cette édition des Internationaux de France. Cette pression, elle a appris à l'apprivoiser depuis. En aura-t-elle vraiment face à Swiatek, qu'elle n'a jamais privée d'un set en deux confrontations ?
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