Organisé chaque année depuis 14 ans par la fondation Samir Kassir, le Beirut Spring Festival reprend en live après deux ans de programmation online.

Pour sa quatorzième édition, le Festival de printemps de Beyrouth, organisé par la fondation Samir Kassir, accueille un public plus jeune dans les lieux culturels de Beyrouth, rouverts il y a tout juste quelques mois à la suite de la crise sanitaire. Vu la situation dans le pays, la spécificité de cette année réside dans une programmation davantage locale par rapport aux éditions précédentes tournées vers l’international.

L’humouriste libanais Nour Hajjar a ouvert la danse vendredi 3 juin au théâtre Al-Madina, faisant pour un temps revivre la vie nocturne dans le quartier très animé de Hamra, subissant de plein fouet la crise.

https://youtu.be/S7orJfZdlus

La culture en accès libre

Interviewée par Ici Beyrouth, Randa Asmar, responsable du Festival du printemps, explique: « Tous les événements sont en accès gratuit, car la vocation du festival est de rendre la culture accessible à toutes les catégories sociales. Comme chaque année, le festival a lieu aux alentours du 2 juin, pour commémorer l’assassinat de Samir Kassir ce même jour en 2005.»

Seule exception à la scène locale, le groupe britannique de théâtre et de cinéma An imitating the dog and Leeds Playhouse, précédemment invité par la Fondation, présente, samedi 4 juin, The Untold Story, version effrayante du conte de vampire gothique Dracula utilisant les dernières technologies numériques.




Rise and Fall of Orient Swiss

Un événement en plein air, à la place Samir Kassir dimanche 5 juin à 21h, est en outre prévu comme le veut la tradition de ce festival. La performeuse Chrystèle Khodr, acclamée pour sa précédente pièce Augures – mettant en scène la directrice du festival et l'actrice Randa Asmar, et Hanane Hajj Ali, présentera une lecture en musique. «C’est une pièce radio à la base, commissionnée par Zurich Theater Spektakel, un festival en Suisse. J’ai essayé de trouver des liens avec le Liban, jadis nommé «Suisse de l’Orient», souligne Khodr dans un entretien accordé à Ici Beyrouth.



Entendue pour la première fois durant la pandémie en anglais, la pièce a ensuite tourné en arabe sur les plateformes audio libanaise Radio Karantina, palestinienne, Radio Alhara, ainsi que Ma3azef. «C’est la première fois que je joue en direct devant un public, je suis très curieuse de découvrir la réaction des gens face à ce format peu connu au Liban. Se produire sous l’immeuble Al-Nahar brisé par l’explosion du port, en face du Parlement, constitue un acte en soi. Nous devons fournir tout le dispositif car il n’y a pas d’électricité», ajoute-t-elle.

Rise and Fall of Orient Swiss est une pièce en 8 chapitres, s’inscrivant dans un cycle entamé depuis deux ans par l’artiste sur la crise économique. Chrystèle Khodr s’est plus particulièrement intéressée à Youssef Beidas, fondateur de la banque Intra, qui a fait faillite dans les années 1960. «Intra incarne toutes les faillites du monde causées par le système néo-libéral. Il y a des cycles dans l’économie qui ressemblent au cycle de ce pays. C’est ce que je questionne. La pièce ne parle pas d’économie, mais du fantasme présent chez Youssef Beidas et beaucoup de gens d’un Liban «Suisse de l’Orient». Dans ce va-et-vient entre l’archive et le moment présent, je propose de la douceur et non de casser les mythes. Car nous sommes déjà tou.te.s suffisament cassé.e.s », conclut-elle.
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