©Taïwan a affiché un soutien massif à l'Ukraine agressée par la Russie, perçue comme un pays frère face à la menace chinoise qui pèse sur l'avenir de l'île. (Photo : AFP)
Une situation à couteaux tirés se joue entre la Chine, Taïwan et les Etats-Unis, dans l'ombre de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Le monde n’est pas à l’abris d’un nouveau conflit imprévisible.
Une jeune démocratie menacée par un puissant voisin. Le scénario ukrainien peut-il se répéter sur la petite île convoitée par la Chine? Les Taïwanais y pensent chaque jour, depuis l’invasion russe de l’Ukraine. La Chine observe en spectateur l'invasion de l'Ukraine par la Russie afin d’en tirer les leçons militaires, géopolitiques et diplomatique pour pouvoir les utiliser dans une hypothétique invasion de Taiwan. Selon la Chine, Taïwan doit « revenir dans le giron chinois de gré ou de force ». Pour l’heure, Pékin ne condamne toujours pas l’invasion russe de l’Ukraine.
A Taipei, de nombreuses manifestations ont émaillé les rues de la capitale taïwanaise en soutien à l’Ukraine, depuis le 24 février dernier. « L’invasion de la Russie en Ukraine nous rappelle notre situation avec la Chine », témoigne une manifestante au micro de France 5. Sous menace de la Chine communiste, les habitants vivent depuis toujours sous la menace bien réelle, puisque la Chine revendique le territoire de Taïwan, partie intégrante de la Chine selon les autorités. Pour rassurer la population, la présidente de l’île a placé l’armée en vigilance accrue.
Autrefois théâtre d’affrontements, le détroit de Formose, long de 180 km, séparant la Chine de Taïwan, abrite désormais des plages prisées des touristes en visite sur l’île. Face à la menace d’intervention américaine, la République populaire de Chine avait renoncé à ses tentatives de débarquement.
Etats-Unis, toujours présents ?
En cas d’attaque chinoise envers Taïwan, les Etats-Unis se tiennent prêts, selon les déclarations de Joe Biden et de son administration. Mais comment traduire sur le terrain cet engagement, en cas de conflit? Si 60% des Taïwanais estiment que les Etats-Unis interviendront, le cas ukrainien reste suivi avec attention des deux côtés. Les velléités chinoises pourraient prendre un nouveau virage si Pékin considère l’engagement américain comme « trop mou ». Là est également une clé de compréhension de l’interventionnisme américain en Ukraine décrié par certains pays et analystes: si les Américains se montrent trop faibles en Ukraine, la situation pourrait servir de cas d’école à certains acteurs impérialistes (Russie et Chine en tête) souhaitant profiter d’un nouvel équilibre politique.
D’importants accords de sécurité unissent Taïwan et les Etats-Unis, garantissant d’une certaine manière sa souveraineté territoriale. La politique américaine concernant Taïwan est riche en nuances. En application de ce qu'on appelle la « politique d'une seule Chine », Washington reconnaît officiellement un seul gouvernement chinois, celui de Pékin. Mais, en même temps, se garde d'approuver la position de Pékin selon laquelle Taïwan est une partie inaliénable de la Chine unique qui sera réunifiée un jour. Les Etats-Unis estiment que c'est à Pékin et à Taipei de trouver une solution, mais s'opposent à tout usage de la force pour changer le statu quo.
Deuxièmement, la comparaison entre le poids des acteurs précités a ses limites. Si la puissance de l’armée russe a été surestimée par les grandes puissances, Vladimir Poutine a lui aussi surestimé ses capacités de résistance et probablement aussi la détermination des Occidentaux pour isoler son régime, économiquement et diplomatiquement. Dans son premier cercle, ses conseillers auraient failli à l’informer correctement sur la situation avant de lancer sa guerre contre l’Ukraine. Le dirigeant russe semble aussi souffrir du syndrome de toute-puissance propre aux dirigeants autoritaires, enfermé dans une bulle idéologique, victime de sa propre paranoïa et convaincu de sa supériorité militaire. Cette grille d’analyse ne s’applique pas à la Chine, plus pragmatique et surtout mieux implantée sur la scène économique mondiale. De plus, la robustesse de l’économie chinoise n’a rien de comparable avec la morosité de l’économie russe. A titre de comparaison, avant la guerre, le PIB de la Russie d’1,5 milliards de dollars était similaire à celui de l’Espagne, tandis que la Chine affiche un PIB de 14,7 milliards de dollars, rivalisant avec les 20,9 milliards des Etats-Unis. Celle que l’on surnomme « l’usine du monde » n’est pas aussi faible que la Russie et dispose d’atouts pour contrecarrer les éventuelles répercussions d’une crise majeure.
Par ailleurs, l’obstacle géographique est le point faible de Taïwan. La petite île pourrait être rapidement encerclée et assiégée par son voisin chinois qui s’est illustré par plusieurs incursions dans le détroit de Formose par le passé, selon des scénarios publiés par un groupe d’experts.
Une situation à couteaux tirés est donc de mise entre les acteurs en présence. Bien que les deux situations soient au final assez éloignées en termes de rapports de force pour les raisons évoquées ci-dessus, le monde n’est pas à l’abris d’un nouveau conflit imprévisible, comme le fut le coup de folie de Vladimir Poutine le 24 février dernier.
Une jeune démocratie menacée par un puissant voisin. Le scénario ukrainien peut-il se répéter sur la petite île convoitée par la Chine? Les Taïwanais y pensent chaque jour, depuis l’invasion russe de l’Ukraine. La Chine observe en spectateur l'invasion de l'Ukraine par la Russie afin d’en tirer les leçons militaires, géopolitiques et diplomatique pour pouvoir les utiliser dans une hypothétique invasion de Taiwan. Selon la Chine, Taïwan doit « revenir dans le giron chinois de gré ou de force ». Pour l’heure, Pékin ne condamne toujours pas l’invasion russe de l’Ukraine.
A Taipei, de nombreuses manifestations ont émaillé les rues de la capitale taïwanaise en soutien à l’Ukraine, depuis le 24 février dernier. « L’invasion de la Russie en Ukraine nous rappelle notre situation avec la Chine », témoigne une manifestante au micro de France 5. Sous menace de la Chine communiste, les habitants vivent depuis toujours sous la menace bien réelle, puisque la Chine revendique le territoire de Taïwan, partie intégrante de la Chine selon les autorités. Pour rassurer la population, la présidente de l’île a placé l’armée en vigilance accrue.
Autrefois théâtre d’affrontements, le détroit de Formose, long de 180 km, séparant la Chine de Taïwan, abrite désormais des plages prisées des touristes en visite sur l’île. Face à la menace d’intervention américaine, la République populaire de Chine avait renoncé à ses tentatives de débarquement.
Etats-Unis, toujours présents ?
En cas d’attaque chinoise envers Taïwan, les Etats-Unis se tiennent prêts, selon les déclarations de Joe Biden et de son administration. Mais comment traduire sur le terrain cet engagement, en cas de conflit? Si 60% des Taïwanais estiment que les Etats-Unis interviendront, le cas ukrainien reste suivi avec attention des deux côtés. Les velléités chinoises pourraient prendre un nouveau virage si Pékin considère l’engagement américain comme « trop mou ». Là est également une clé de compréhension de l’interventionnisme américain en Ukraine décrié par certains pays et analystes: si les Américains se montrent trop faibles en Ukraine, la situation pourrait servir de cas d’école à certains acteurs impérialistes (Russie et Chine en tête) souhaitant profiter d’un nouvel équilibre politique.
D’importants accords de sécurité unissent Taïwan et les Etats-Unis, garantissant d’une certaine manière sa souveraineté territoriale. La politique américaine concernant Taïwan est riche en nuances. En application de ce qu'on appelle la « politique d'une seule Chine », Washington reconnaît officiellement un seul gouvernement chinois, celui de Pékin. Mais, en même temps, se garde d'approuver la position de Pékin selon laquelle Taïwan est une partie inaliénable de la Chine unique qui sera réunifiée un jour. Les Etats-Unis estiment que c'est à Pékin et à Taipei de trouver une solution, mais s'opposent à tout usage de la force pour changer le statu quo.
Deuxièmement, la comparaison entre le poids des acteurs précités a ses limites. Si la puissance de l’armée russe a été surestimée par les grandes puissances, Vladimir Poutine a lui aussi surestimé ses capacités de résistance et probablement aussi la détermination des Occidentaux pour isoler son régime, économiquement et diplomatiquement. Dans son premier cercle, ses conseillers auraient failli à l’informer correctement sur la situation avant de lancer sa guerre contre l’Ukraine. Le dirigeant russe semble aussi souffrir du syndrome de toute-puissance propre aux dirigeants autoritaires, enfermé dans une bulle idéologique, victime de sa propre paranoïa et convaincu de sa supériorité militaire. Cette grille d’analyse ne s’applique pas à la Chine, plus pragmatique et surtout mieux implantée sur la scène économique mondiale. De plus, la robustesse de l’économie chinoise n’a rien de comparable avec la morosité de l’économie russe. A titre de comparaison, avant la guerre, le PIB de la Russie d’1,5 milliards de dollars était similaire à celui de l’Espagne, tandis que la Chine affiche un PIB de 14,7 milliards de dollars, rivalisant avec les 20,9 milliards des Etats-Unis. Celle que l’on surnomme « l’usine du monde » n’est pas aussi faible que la Russie et dispose d’atouts pour contrecarrer les éventuelles répercussions d’une crise majeure.
Par ailleurs, l’obstacle géographique est le point faible de Taïwan. La petite île pourrait être rapidement encerclée et assiégée par son voisin chinois qui s’est illustré par plusieurs incursions dans le détroit de Formose par le passé, selon des scénarios publiés par un groupe d’experts.
Une situation à couteaux tirés est donc de mise entre les acteurs en présence. Bien que les deux situations soient au final assez éloignées en termes de rapports de force pour les raisons évoquées ci-dessus, le monde n’est pas à l’abris d’un nouveau conflit imprévisible, comme le fut le coup de folie de Vladimir Poutine le 24 février dernier.
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