Dans les pays musulmans, indignation face à l'Inde
©Des partisans du parti islamique et politique pakistanais Jamiat Ulema Islam-Fazal (JUI-F) crient des slogans anti-indiens contre les propos sur le prophète Mahomet tenus par un responsable du parti au pouvoir en Inde, lors d'une manifestation à Karachi le 6 juin 2022. (AFP)
Les propos de la porte-parole du parti nationaliste hindou, au pouvoir en Inde, concernant la relation entre le prophète Mohammed et sa jeune épouse, ont été jugés offensés et créé un tollé, notamment dans les pays musulmans dont plusieurs ressortissants ont appelé à un boycott des produits indiens. L'Organisation de la coopération islamique (OCI), a fustigé dimanche les propos de la responsable indienne intervenant dans un "contexte d'islamophobie en Inde".

Des commentaires d'une responsable du parti nationaliste hindou au pouvoir en Inde décrivant la relation entre le prophète Mahomet et sa plus jeune épouse, ont suscité l'indignation dans plusieurs pays musulmans. (AFP)

Les protestations se multiplient lundi dans le monde musulman après les propos de la porte-parole du parti au pouvoir en Inde jugés insultants pour l'islam.

Des commentaires de la responsable du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP), suspendue dimanche, décrivant la relation entre le prophète Mahomet et sa plus jeune épouse, ont suscité l'indignation dans plusieurs pays du Golfe, où travaillent des millions d'Indiens, ainsi qu'en Iran, en Algérie ou encore en Egypte.

L'Organisation de la coopération islamique (OCI), basée en Arabie saoudite et qui regroupe près de 60 pays musulmans, a fustigé dimanche les propos de la responsable indienne intervenant dans un "contexte d'islamophobie en Inde".

Au Koweït, qui a convoqué dimanche l'ambassadeur d'Inde, un supermarché de la chaîne Al Ardiya Co-operative Society a décidé de boycotter les produits indiens. "Nous avons retiré les produits indiens", peut-on lire dans ce supermarché, où les sacs de riz et les étagères d'épices ont été recouverts de bâche. "En tant que Koweïtiens musulmans, nous n’acceptons pas qu'on insulte le Prophète" a déclaré à l'AFP le PDG de la chaîne, Nasser Al-Mutairi.

Un boycott à l'échelle de tous les magasins de la chaîne de supermarchés, la plus grande du pays, est en discussions mais aucune décision n'a été prise, a indiqué à l'AFP l'un de ses représentants. "Tous les pays musulmans devraient boycotter les produits indiens", estime Mutlaq Rashid, un client de 26 ans.

Condamnations en cascade

Des gens passent devant une publicité mettant en vedette l'actrice indienne Kareena Kapoor sur un marché de l'or à Dubaï, le 6 juin 2022. Les pays du Golfe ont condamné les remarques sur le prophète Mahomet faites par un haut responsable du parti au pouvoir indien qui ont été qualifiées d'"islamophobes". (AFP)

 

Cette vague de protestations intervient en parallèle de la visite du vice-président indien Venkaiah Naidu au Qatar pour renforcer les liens entre les deux pays.


Le Koweït, le Qatar et l'Iran ont convoqué les ambassadeurs indiens pour réclamer des excuses. L'Arabie saoudite, qui a jugé "insultantes" les déclarations de la porte-parole Nupur Sharma, a appelé au "respect des croyances et des religions", tandis que Bahreïn et la Jordanie se sont félicités pour la suspension dimanche de Mme Sharma.

Le parti du Premier ministre indien Narendra Modi, régulièrement accusé de stigmatiser la minorité musulmane en Inde (environ 14% de la population), a indiqué dans un communiqué qu'il "respectait toutes les religions".

En Algérie, le principal parti islamiste, le Mouvement de la société de la paix (MSP), a condamné "avec la plus grande fermeté cette escalade de campagne haineuse contre l'islam et les musulmans en Inde qui s'inscrit (…) dans la tendance officielle de persécution des minorités religieuses".

Sur les 13,5 millions d'Indiens émigrés dans le monde, 8,7 millions résident dans les six pays du Conseil de coopération du Golfe, selon les autorités indiennes. (AFP)

 

Au Caire, l'université al-Azhar, l'une des principales institutions d'enseignement dans le monde sunnite, a "fermement condamné" lundi les déclarations de Mme Sharma, qui "révèlent une ignorance flagrante" et a appelé "la communauté internationale à réagir avec force et fermeté".

Mme Sharma a écrit sur Twitter qu'elle répondait aux "insultes" contre le dieu indien Shiva, mais qu'elle "retirait sans réserve" ces propos s'ils avaient pu "blesser les sentiments religieux de qui que ce soit".

Un responsable local du BJP, Naveen Kumar Jindal, qui avait publié des commentaires similaires sur Twitter avant de les supprimer, a été exclu.

Les pays du Golfe, qui importent la quasi-totalité de leurs besoins alimentaires, entretiennent de bonnes relations commerciales avec l'Inde, qui leur fournit par ailleurs une importante main d’œuvre bon marché.

Sur les 13,5 millions d'Indiens émigrés dans le monde, 8,7 millions résident dans les six pays du Conseil de coopération du Golfe, selon les autorités indiennes.

Avec AFP
Commentaires
  • Aucun commentaire