Au Liban, l’incurie apparaît au quotidien, surtout dans le secteur de l’énergie dont la gestion au fil des années a plongé le Liban dans une obscurité totale. L’arrêt des centrales n’est que le dernier épisode attendu d’une crise qui n’en finit plus de tuer le pays et que les autorités concernées sont parfaitement incapables de régler.
Ici Beyrouth a fait rapidement le point avec le ministre de l’Énergie Walid Fayad, après les rumeurs sur un arrêt total de la centrale de Deir Ammar. Selon lui, la structure fonctionne mais au ralenti. "Elle est opérationnelle, mais avec une capacité restreinte parce que les quantités de fuel sont toujours limitées. Celles-ci nous suffisaient pour quatre heures de courant par jour parce que nous recevions 60.000 tonnes de gazole contre 40.000 tonnes seulement aujourd’hui. Le prix de ce carburant a augmenté plus rapidement que celui du Heavy Fuel Oil que nous prenons en quantité fixe de l’Irak, soit entre 75.000 et 80.000 tonnes. Mais lorsque nous traitons cette quantité selon le processus mis en place, elles ne nous font aujourd’hui pas plus de 40.000 tonnes. Or celles-ci permettent d’assurer moins d’heures de courant. Cela donne environ deux heures et demi par jour au lieu de quatre heures”, a expliqué le ministre.
Ce problème est appelé à durer dans le temps d’autant que le projet d’acheminer du gaz et de l’électricité d’Égypte et de Jordanie est jusqu’à nouvel ordre bloqué. On sait d’ailleurs pourquoi. Les États-Unis, principaux bailleurs de fonds de la Banque mondiale qui le finance, s’y sont opposés. Pour eux, comme pour les autres membres du Groupe international de soutien au Liban (GIS), il n’est pas question de renflouer une classe au pouvoir réfractaire aux réformes, mais qui ne se gêne pas de solliciter en permanence l’aide de la communauté internationale pour sortir de la crise dans laquelle ses politiques ont plongé le pays. Mais dans le même temps, ils ne laisseront pas le Liban sombrer dans le noir.
Quoi qu’il en soit, les formalités liées à la concrétisation de ce projet se poursuivent. M. Fayad a indiqué que l’institution internationale a demandé à voir les contrats finalisés avec l’Égypte et que ceux qui avaient été conclus avec la Jordanie lui ont déjà été envoyés. «Nous allons terminer les contrats avec l’Égypte cette semaine. Une équipe du Liban se rendra au Caire à cet effet. Cette visite sera suivie d'une rencontre avec l’équipe syrienne dans le courant de la semaine aussi», a confié le ministre. La visite à Damas s’explique par le fait que le carburant et l’électricité doivent passer par ce pays.
«Tout le dossier sera ensuite envoyé aux États-Unis et à la Banque mondiale. Aux États-Unis pour s’assurer qu’il n’y aura aucune sanction sur base du Ceasar Act. Et à la Banque mondiale pour le financement. La balle est désormais dans leur camp pour débloquer le financement promis au pays», a poursuivi Walid Fayad.
Mais le Liban sait très bien que la clé d’un déblocage se trouve en réalité chez lui et qu’elle passe impérativement par des réformes qui sont à l’antipode des politiques ratées ancrées au ministère de l’Énergie auquel le courant du président Michel Aoun s’accroche.
Et le ministre l’a reconnu lui-même. Il a ainsi affirmé mercredi à l'agence Reuters que la Banque mondiale conditionne le financement du plan "à une sorte d'engagement politique". Le ministre a averti que le rationnement risque de s’aggraver si le plan qu’il a proposé pour le développement du secteur de l’électricité n'est pas avalisé, surtout en été, saison pendant laquelle la demande en courant augmente fortement.
Réunion avec EDF
Lundi, le chef du gouvernement sortant Nagib Mikati a tenu au Sérail une réunion consacrée au dossier de l’électricité avec Walid Fayad, le directeur général des Adjudications Jean Alliyé, et une délégation d'Électricité de France (EDF), composé du représentant de l'entreprise Alain Rainier et des représentants de l'entreprise au Liban, Tony Amatoury et Antoine Boutros. Le conseiller du président Mikati, l'ancien ministre Nicolas Nahas, y a également participé. Ils ont discuté de la façon d'accélérer l'accord avec Électricité de France pour fixer les conditions nécessaires à la construction de centrales électriques à Deir Ammar et à Zahrani. Il a été convenu de revoir les coûts et les délais de chaque étape afin que l'appel d'offres public puisse être lancé dans les meilleurs délais. En effet, EDF, sur demande du gouvernement libanais va établir un appel d'offres et un cahier de charge pour la construction de centrales à Zahrani et à Deir Ammar d’une capacité de 850 mégawatts pour chacune, avec la mise à niveau des lignes de transmission.
Selon Nicolas Nahas, contacté par Ici Beyrouth, "EDF a fait savoir au Liban qu’elle était prête à lui proposer davantage de facilités pour essayer de mener les choses dans le bon sens". "Le chef du gouvernement a insisté devant le ministre de l’Énergie, a-t-il expliqué, qu’aucun effort ne doit être épargné pour conclure cette affaire. Il faut sauver les offres proposées. Il faut saisir les occasions de financement qui se présentent et en profiter. Nous n'avons pas le loisir et les occasions".
"Le Premier ministre a demandé une amélioration du contrat avec EDF, mais il ne faut pas aussi perdre de vue le facteur temps”, a souligné M. Nahas. Pour lui, la réunion était "importante" en terme de contenu. "La solution est possible et le Liban doit prendre des décisions", a-t-il insisté.
Or c’est cette volonté de règlement qui n’est pas sûre, notamment au sein de l'équipe qui dirige le ministère de l'Énergie, c'est-à-dire le Courant patriotique libre. Selon des sources bien informées, le CPL ne veut pas lâcher ce ministère, devenu pourtant synonyme de son échec et exige de garder l'Énergie s’il faut surtout que Najib Mikati soit reconduit à la tête du gouvernement.
Pour résumer, un début de règlement de la crise de l’électricité n’est pas pour bientôt surtout si la formation d’un nouveau gouvernement est compromise à cause des tiraillements et des appétits politiques habituels. Toute l’activité actuelle qui s’articule autour de contacts et de visites à l’étranger est certes importante puisqu’elle prépare le terrain à une éventuelle intervention étrangère pour soutenir le Liban dans son processus de redressement du secteur de l’énergie. Mais cette assistance a un prix : les réformes.
Ici Beyrouth a fait rapidement le point avec le ministre de l’Énergie Walid Fayad, après les rumeurs sur un arrêt total de la centrale de Deir Ammar. Selon lui, la structure fonctionne mais au ralenti. "Elle est opérationnelle, mais avec une capacité restreinte parce que les quantités de fuel sont toujours limitées. Celles-ci nous suffisaient pour quatre heures de courant par jour parce que nous recevions 60.000 tonnes de gazole contre 40.000 tonnes seulement aujourd’hui. Le prix de ce carburant a augmenté plus rapidement que celui du Heavy Fuel Oil que nous prenons en quantité fixe de l’Irak, soit entre 75.000 et 80.000 tonnes. Mais lorsque nous traitons cette quantité selon le processus mis en place, elles ne nous font aujourd’hui pas plus de 40.000 tonnes. Or celles-ci permettent d’assurer moins d’heures de courant. Cela donne environ deux heures et demi par jour au lieu de quatre heures”, a expliqué le ministre.
Ce problème est appelé à durer dans le temps d’autant que le projet d’acheminer du gaz et de l’électricité d’Égypte et de Jordanie est jusqu’à nouvel ordre bloqué. On sait d’ailleurs pourquoi. Les États-Unis, principaux bailleurs de fonds de la Banque mondiale qui le finance, s’y sont opposés. Pour eux, comme pour les autres membres du Groupe international de soutien au Liban (GIS), il n’est pas question de renflouer une classe au pouvoir réfractaire aux réformes, mais qui ne se gêne pas de solliciter en permanence l’aide de la communauté internationale pour sortir de la crise dans laquelle ses politiques ont plongé le pays. Mais dans le même temps, ils ne laisseront pas le Liban sombrer dans le noir.
Quoi qu’il en soit, les formalités liées à la concrétisation de ce projet se poursuivent. M. Fayad a indiqué que l’institution internationale a demandé à voir les contrats finalisés avec l’Égypte et que ceux qui avaient été conclus avec la Jordanie lui ont déjà été envoyés. «Nous allons terminer les contrats avec l’Égypte cette semaine. Une équipe du Liban se rendra au Caire à cet effet. Cette visite sera suivie d'une rencontre avec l’équipe syrienne dans le courant de la semaine aussi», a confié le ministre. La visite à Damas s’explique par le fait que le carburant et l’électricité doivent passer par ce pays.
«Tout le dossier sera ensuite envoyé aux États-Unis et à la Banque mondiale. Aux États-Unis pour s’assurer qu’il n’y aura aucune sanction sur base du Ceasar Act. Et à la Banque mondiale pour le financement. La balle est désormais dans leur camp pour débloquer le financement promis au pays», a poursuivi Walid Fayad.
Mais le Liban sait très bien que la clé d’un déblocage se trouve en réalité chez lui et qu’elle passe impérativement par des réformes qui sont à l’antipode des politiques ratées ancrées au ministère de l’Énergie auquel le courant du président Michel Aoun s’accroche.
Et le ministre l’a reconnu lui-même. Il a ainsi affirmé mercredi à l'agence Reuters que la Banque mondiale conditionne le financement du plan "à une sorte d'engagement politique". Le ministre a averti que le rationnement risque de s’aggraver si le plan qu’il a proposé pour le développement du secteur de l’électricité n'est pas avalisé, surtout en été, saison pendant laquelle la demande en courant augmente fortement.
Réunion avec EDF
Lundi, le chef du gouvernement sortant Nagib Mikati a tenu au Sérail une réunion consacrée au dossier de l’électricité avec Walid Fayad, le directeur général des Adjudications Jean Alliyé, et une délégation d'Électricité de France (EDF), composé du représentant de l'entreprise Alain Rainier et des représentants de l'entreprise au Liban, Tony Amatoury et Antoine Boutros. Le conseiller du président Mikati, l'ancien ministre Nicolas Nahas, y a également participé. Ils ont discuté de la façon d'accélérer l'accord avec Électricité de France pour fixer les conditions nécessaires à la construction de centrales électriques à Deir Ammar et à Zahrani. Il a été convenu de revoir les coûts et les délais de chaque étape afin que l'appel d'offres public puisse être lancé dans les meilleurs délais. En effet, EDF, sur demande du gouvernement libanais va établir un appel d'offres et un cahier de charge pour la construction de centrales à Zahrani et à Deir Ammar d’une capacité de 850 mégawatts pour chacune, avec la mise à niveau des lignes de transmission.
Selon Nicolas Nahas, contacté par Ici Beyrouth, "EDF a fait savoir au Liban qu’elle était prête à lui proposer davantage de facilités pour essayer de mener les choses dans le bon sens". "Le chef du gouvernement a insisté devant le ministre de l’Énergie, a-t-il expliqué, qu’aucun effort ne doit être épargné pour conclure cette affaire. Il faut sauver les offres proposées. Il faut saisir les occasions de financement qui se présentent et en profiter. Nous n'avons pas le loisir et les occasions".
"Le Premier ministre a demandé une amélioration du contrat avec EDF, mais il ne faut pas aussi perdre de vue le facteur temps”, a souligné M. Nahas. Pour lui, la réunion était "importante" en terme de contenu. "La solution est possible et le Liban doit prendre des décisions", a-t-il insisté.
Or c’est cette volonté de règlement qui n’est pas sûre, notamment au sein de l'équipe qui dirige le ministère de l'Énergie, c'est-à-dire le Courant patriotique libre. Selon des sources bien informées, le CPL ne veut pas lâcher ce ministère, devenu pourtant synonyme de son échec et exige de garder l'Énergie s’il faut surtout que Najib Mikati soit reconduit à la tête du gouvernement.
Pour résumer, un début de règlement de la crise de l’électricité n’est pas pour bientôt surtout si la formation d’un nouveau gouvernement est compromise à cause des tiraillements et des appétits politiques habituels. Toute l’activité actuelle qui s’articule autour de contacts et de visites à l’étranger est certes importante puisqu’elle prépare le terrain à une éventuelle intervention étrangère pour soutenir le Liban dans son processus de redressement du secteur de l’énergie. Mais cette assistance a un prix : les réformes.
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