©Le secrétaire général de l'OCDE, Mathias Cormann, a estimé que le monde connaîtra une croissance de 3% en 2022, un niveau bien plus faible que la précédente prévision de 4,5% publiée en décembre dernier. (AFP)
Selon l'OCDE, le monde paie un prix lourd à la guerre russe en Ukraine, qui a résulté en un recul net de la croissance et une flambée de l'inflation. Le PIB mondial devrait ainsi être en hausse de 3% cette année au lieu des 4.5% initialement prévus, tandis que l'inflation atteindra les 8.5% au sein des pays membres de l'OCDE, soit le plus haut taux depuis 1988. L'institution a de même alerté par rapport à l'éventualité d'une crise humanitaire amplifiée par l'inflation actuelle.
L'économie mondiale s'enfonce un peu plus avec la guerre en Ukraine et risque de creuser plus bas encore, alerte l'OCDE dans ses dernières prévisions, qui tablent sur un net recul de la croissance mondiale et une flambée de l'inflation cette année.
"Une crise humanitaire se déroule sous nos yeux, laissant des milliers de personnes décédées, forçant des millions de réfugiés à fuir leur foyer et menaçant une reprise économique qui était en chemin après deux années de pandémie", s'alarme la numéro deux et cheffe économiste de l'OCDE, Laurence Boone, dans un texte en préambule de ces prévisions intitulé "le prix de la guerre".
L'Organisation de coopération et de développement économique, basée à Paris et qui regroupe 38 pays développés, s'était refusée en mars à publier des prévisions détaillées, devant la grande incertitude que créait l'invasion russe en Ukraine trois semaines plus tôt.
Tout juste avait-elle calculé que la guerre coûterait plus d'un point de croissance mondiale et 2,5 points d'inflation sur un an.
Elle entrevoit désormais un PIB mondial en hausse de 3% en 2022, un niveau bien plus faible que la précédente prévision de 4,5% publiée en décembre dernier. "Le monde paiera un lourd prix à la guerre russe contre l'Ukraine", avertit Laurence Boone, précisant au cours d'une conférence de presse mercredi que "ce recul est une conséquence directe de la guerre".
Avant l'OCDE, la plupart des grandes organisations économiques ont rabaissé leurs prévisions : la Banque mondiale a évoqué mardi une croissance à 2,9% pour cette année et le Fonds monétaire international avait en avril ramené sa prévision à 3,6%.
La facture de la guerre va fortement varier selon les régions : la zone euro devrait afficher un maigre 2,6% contre 4,3% prévus en décembre, avec un plongeon pour l'Allemagne à 1,9% (-2,2 points) et la France à 2,4% (-1,8 point).
Les États-Unis devraient croître de 2,5% (contre 3,7% en décembre) et la Chine de 4,4% (contre 5,1%). Le Royaume-Uni affiche 3,6% (-1,1 point) mais cale complètement à 0% pour 2023 contre 2,1% anticipé auparavant, en raison d'une "demande déprimée" selon l'OCDE et de fortes pressions inflationnistes.
Objet de nombreuses sanctions économiques des occidentaux, la Russie devrait subir une récession de 10%.
L'inflation va continuer à flamber
Des membres et ministres de l'OCDE posent pour une photo lors d'une réunion ministérielle à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à Paris le 9 juin 2022. (AFP)
L'inflation, elle, va continuer à flamber. Montrée du doigt depuis des mois comme un des boulets de la reprise, elle est citée plus de 800 fois dans le rapport de 229 pages de l'OCDE.
Fait rare, l'institution a doublé son anticipation d'inflation au sein des pays membres de l'organisation à 8,5% cette année, ce qui en ferait un plus haut annuel depuis 1988. Sans la Turquie toutefois, elle est plus proche de 6%.
Jugée encore "temporaire" en septembre 2021 par l'OCDE, l'inflation s'est nettement accélérée avec la persistance des blocages dans les chaînes d'approvisionnement et la flambée des prix énergétiques, alimentaires et des métaux après l'éclatement de la guerre.
Elle a engendré un plongeon de la confiance des ménages au sein des pays membres encore plus bas que lors des confinements du printemps 2020, montre l'OCDE. Cette inflation "érode le revenu disponible des ménages (...) et ralentit la consommation", résume Laurence Boone.
Au sein des régions fragiles, "la guerre envoie des ondes de choc partout en Afrique et au Moyen-Orient", a également dit Mme Boone, des régions menacées par les prix et pénuries alimentaires tant au Liban qu'en Égypte ou en Tunisie où les ménages dépensent jusqu'à 40% de leurs revenus en nourriture et en énergie selon elle.
Une grande incertitude sur le futur
Pour les États qui le peuvent, l'OCDE conseille la distribution d'aides "temporaires, opportunes et bien ciblées" à destination des ménages et entreprises vulnérables, et une meilleure coopération internationale pour les États fragiles.
L'organisation table sur un apaisement des pressions inflationnistes l'an prochain, mais prévient que rien n'est certain vu le contexte : "les pressions inflationnistes pourraient se révéler plus fortes qu'anticipé", "l'incertitude entourant ces prévisions est grande".
Elle met en avant les hypothèses d'un arrêt brutal des exportations russes de gaz en Europe, d'une hausse encore plus élevée des prix de l'énergie ou de perturbations continues sur les chaînes de distribution. Une fuite en avant de l'inflation pourrait entraîner des hausses brutales de taux d'intérêt des banques centrales, craint-elle aussi.
De là à anticiper une récession mondiale ? La directrice générale du FMI Kristalina Georgieva a écarté cette hypothèse lors du forum de Davos fin mai. Le rapport de l'OCDE cite le risque de "récession" que fait peser pour l'Europe en 2023 de potentiels chocs dans les approvisionnements en énergie russe.
Avec AFP
L'économie mondiale s'enfonce un peu plus avec la guerre en Ukraine et risque de creuser plus bas encore, alerte l'OCDE dans ses dernières prévisions, qui tablent sur un net recul de la croissance mondiale et une flambée de l'inflation cette année.
"Une crise humanitaire se déroule sous nos yeux, laissant des milliers de personnes décédées, forçant des millions de réfugiés à fuir leur foyer et menaçant une reprise économique qui était en chemin après deux années de pandémie", s'alarme la numéro deux et cheffe économiste de l'OCDE, Laurence Boone, dans un texte en préambule de ces prévisions intitulé "le prix de la guerre".
L'Organisation de coopération et de développement économique, basée à Paris et qui regroupe 38 pays développés, s'était refusée en mars à publier des prévisions détaillées, devant la grande incertitude que créait l'invasion russe en Ukraine trois semaines plus tôt.
Tout juste avait-elle calculé que la guerre coûterait plus d'un point de croissance mondiale et 2,5 points d'inflation sur un an.
Elle entrevoit désormais un PIB mondial en hausse de 3% en 2022, un niveau bien plus faible que la précédente prévision de 4,5% publiée en décembre dernier. "Le monde paiera un lourd prix à la guerre russe contre l'Ukraine", avertit Laurence Boone, précisant au cours d'une conférence de presse mercredi que "ce recul est une conséquence directe de la guerre".
Avant l'OCDE, la plupart des grandes organisations économiques ont rabaissé leurs prévisions : la Banque mondiale a évoqué mardi une croissance à 2,9% pour cette année et le Fonds monétaire international avait en avril ramené sa prévision à 3,6%.
La facture de la guerre va fortement varier selon les régions : la zone euro devrait afficher un maigre 2,6% contre 4,3% prévus en décembre, avec un plongeon pour l'Allemagne à 1,9% (-2,2 points) et la France à 2,4% (-1,8 point).
Les États-Unis devraient croître de 2,5% (contre 3,7% en décembre) et la Chine de 4,4% (contre 5,1%). Le Royaume-Uni affiche 3,6% (-1,1 point) mais cale complètement à 0% pour 2023 contre 2,1% anticipé auparavant, en raison d'une "demande déprimée" selon l'OCDE et de fortes pressions inflationnistes.
Objet de nombreuses sanctions économiques des occidentaux, la Russie devrait subir une récession de 10%.
L'inflation va continuer à flamber
Des membres et ministres de l'OCDE posent pour une photo lors d'une réunion ministérielle à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à Paris le 9 juin 2022. (AFP)
L'inflation, elle, va continuer à flamber. Montrée du doigt depuis des mois comme un des boulets de la reprise, elle est citée plus de 800 fois dans le rapport de 229 pages de l'OCDE.
Fait rare, l'institution a doublé son anticipation d'inflation au sein des pays membres de l'organisation à 8,5% cette année, ce qui en ferait un plus haut annuel depuis 1988. Sans la Turquie toutefois, elle est plus proche de 6%.
Jugée encore "temporaire" en septembre 2021 par l'OCDE, l'inflation s'est nettement accélérée avec la persistance des blocages dans les chaînes d'approvisionnement et la flambée des prix énergétiques, alimentaires et des métaux après l'éclatement de la guerre.
Elle a engendré un plongeon de la confiance des ménages au sein des pays membres encore plus bas que lors des confinements du printemps 2020, montre l'OCDE. Cette inflation "érode le revenu disponible des ménages (...) et ralentit la consommation", résume Laurence Boone.
Au sein des régions fragiles, "la guerre envoie des ondes de choc partout en Afrique et au Moyen-Orient", a également dit Mme Boone, des régions menacées par les prix et pénuries alimentaires tant au Liban qu'en Égypte ou en Tunisie où les ménages dépensent jusqu'à 40% de leurs revenus en nourriture et en énergie selon elle.
Une grande incertitude sur le futur
Pour les États qui le peuvent, l'OCDE conseille la distribution d'aides "temporaires, opportunes et bien ciblées" à destination des ménages et entreprises vulnérables, et une meilleure coopération internationale pour les États fragiles.
L'organisation table sur un apaisement des pressions inflationnistes l'an prochain, mais prévient que rien n'est certain vu le contexte : "les pressions inflationnistes pourraient se révéler plus fortes qu'anticipé", "l'incertitude entourant ces prévisions est grande".
Elle met en avant les hypothèses d'un arrêt brutal des exportations russes de gaz en Europe, d'une hausse encore plus élevée des prix de l'énergie ou de perturbations continues sur les chaînes de distribution. Une fuite en avant de l'inflation pourrait entraîner des hausses brutales de taux d'intérêt des banques centrales, craint-elle aussi.
De là à anticiper une récession mondiale ? La directrice générale du FMI Kristalina Georgieva a écarté cette hypothèse lors du forum de Davos fin mai. Le rapport de l'OCDE cite le risque de "récession" que fait peser pour l'Europe en 2023 de potentiels chocs dans les approvisionnements en énergie russe.
Avec AFP
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